“Celui qui se connaît lui-même et les
autres
Reconnaîtra aussi ceci :
L’Orient et l’Occident
Ne peuvent plus être séparés.”
Göthe, le Divan occidental-oriental, 1819. "
L’initiative de créer le Diwan
occidental-oriental trouve son envoi dans le désir de contribuer
à la transmission de la psychanalyse dans le monde arabe.
Elle intervient au moment où cette transmission commence à
devenir effective à travers la constitution de sociétés
et la formation de groupes dans plusieurs pays de cette région,
en dépit de la crise très grave qu’elle vit. En tant que
psychanalystes vivant et travaillant en France, il nous a semblé
que cette émergence nous concernait à plus d’un titre,
et qu’elle ouvrait un horizon qui appelle notre responsabilité
sur le plan politique, éthique et psychanalytique.
La réunion du 29
avril 2006 a tenté d’examiner de quelle manière
il était envisageable de répondre de cet appel et d’interroger
les conditions de possibilités d’une mise en ¦uvre qui
tienne compte du contexte actuel et des surdéterminations historiques
et idéologiques qui marquent les rapports entre l’Europe et l’Orient.
Si la création en France d’un
lieu de travail et de soutien autour de la question de la transmission
de la psychanalyse dans le monde arabe représente un enjeu certain,
les débats ont montré qu’une telle perspective ne saurait
se réduire à une rencontre juxtaposant « la chose
arabe » et « la cause psychanalytique » sous le mode
de l’exportation néocoloniale, mais qu’elle nous place au c¦ur
des problèmes les plus cruciaux qui marquent la civilisation
contemporaine, auxquels la psychanalyse est appelée à
se porter d’une manière qui concerne son propre avenir.
En effet, le franchissement d’une nouvelle frontière géoculturelle,
pour la psychanalyse, ne peut se complaire dans la mission d’apporter
la bonne nouvelle, ni se laisser confondre avec le mouvement d’occidentalisation
du monde et de standardisation du semblable, dans l’exacte mesure où
les discours et les actes hégémoniques qui soutiennent
de telles visées sont les mêmes qui rétrécissent
l’espace de la psychanalyse dans les lieux de son implantation historique.
Dès lors, notre initiative ne
va pas sans affirmer ces exigences :
è
Celle de l’exposition à l’altérité,
où le discours psychanalytique refuse les modes d’objectivation
et de transparence de l’autre, destiné à le convertir
à la Weltanschauung de l’époque. Il récuse la conception
industrielle de la culture et soutient un rapport d’éclairement
de la civilisation à travers la diversité de ses lieux-dits
et l’universalité du crédit fait à la parole. Il
ne saurait donc prendre parti dans le conflit radical sur la légitimité
et la vérité qui opposent les références
ancestrales déguisées. La méconnaissance de la
dette des cultures, les unes vis-à-vis des autres, est le pourvoyeur
du « choc des civilisations », qui n’est que le choc des
ignorances. À ce compte, les repères de l’expérience,
de la méthode et de la théorie psychanalytiques acceptent
l’épreuve des langues et des différents montages symboliques.
La théorie structurale de l’Autre ne va pas sans l’exploration
de la diversité de ses figures historiques et anthropologiques,
seul accès possible aux significations sociales inconscientes.
è
Celle du caractère subversif de l’inconscient,
dans la mesure où il remet en question des notions comme l’autorité,
la croyance, l’idéalisation, l’identification, la place de la
religion dans l’existence humaine, et que cette vertu subversive est
valide partout, aussi bien en Occident qu’en Orient. Aussi, la démarche
psychanalytique se doit-elle de chercher des convergences avec ce qui
au présent et au passé des cultures maintient vivant le
désir d’émancipation autour de la dimension de l’insu
et du noyau humain qui ne se laisse pas circonvenir par les savoirs
et les pouvoirs de la conscience, par la maîtrise cognitive.
è Celle
de l’extension de la psychanalyse qui n’est pas dissociable d’une
relance de la psychanalyse en extension, aux fronts les plus brûlants
du remaniement actuel de la relation d’identité/altérité.
Il y a longtemps que l’Occident et l’Orient ne sont plus des notions
géographiques. Ce qu’on appelle “mondialisation” aujourd’hui
n’est que la dernière phase accélérée d’un
processus fort ancien qui, en transposant la modernité sur l’ensemble
de la planète, a fait naître des modernités bouleversant
les systèmes généalogiques, les logiques de la
représentation et de l’image et, par conséquent, a disloqué
les fictions qui gouvernaient les rapports à l’espèce,
aux genres, aux sexes, aux confessions. La diffusion du concept d’État
et de ses appareils a produit une homogénéisation du politique
sans pareil, en concordance avec les découpages technoscientifiques
et économiques de l’organisation humaine. C’est sur les ruines
du futur que se déclarent partout les passions et les guerres
de l’identité sous toutes ses formes. Le marché de la
souffrance spirituelle est à ce titre globalisé.
è
Celle d’une démarche qui met en
devenir les questions cruciales pour la psychanalyse, sur le plan de
la formation, de la pratique et de l’élaboration théorique
plurielle.
La création d’un lieu de pensée en référence
à l’¦uvre de G¦the, qui se fit poétiquement
Andalou pour éprouver, à la fois, le décentrement
et la solidarité des cultures, nous paraît désigner
symboliquement une tâche pour la psychanalyse, dont la transmission
ne peut se limiter à celle d’un héritage, mais ouvrir
à l’accompagnement d’un retournement du monde, dans ses effets
incalculables sur le sujet de l’inconscient.
Paris,
le 30 septembre 2006.
Le Diwan occidental-oriental Une association
psychanalytique
Le Diwan occidental-oriental est une
association 1901 (en cours de déclaration), créée
par l’assemblée constituante du 30 septembre 2006, pour une période
de deux ans renouvelable si ses membres le décident, à
l’issue de cette période.
è Son siège est au 49, rue
du Faubourg Poissonnière, 75009 Paris.
è L’article 2 de ses statuts définit
son but ainsi : « Le but du Diwan occidental-oriental est de participer
à la transmission de la psychanalyse dans le monde arabe à
travers son hétérogénéité, de stimuler
la recherche psychanalytique sur les problèmes relatifs à
la civilisation contemporaine, et du sujet de l’inconscient dans ses
rapports au politique et à l’histoire, dans le contexte de la
mondialisation. »
è Le
conseil d’administration est composé de : Fethi
Benslama, Patrick Chemla, Alice Cherki, Fafia Djardem, Djohar Ghersi,
Amal Hachet, Mohamed Ham, Anne-Marie Hamad, Nazir Hamad, Salem Hamza,
Karima Lazali, Kathy Saada, Rajaa Stitou, Osama el-Ganouni, Gérard
Khoury, Christian Hoffmann, Alain Vanier, Georges Zimra.
è Le
bureau est composé de Fethi Benslama (président), Alice
Cherki (vice-présidente), Georges Zimra (vice-président),
Nazir Hamad (secrétaire général), Anne-Marie Hamad
(secrétaire générale adjointe), Djohar Ghersi (secrétaire
générale adjointe), Karima Lazali (secrétaire générale
adjointe), Kathy Saada (trésorière).
è Adhésion : peut devenir
membre de l’association, toute personne qui désire adhérer
et qui s’engage à concourir au but de l’association. Elle doit
rencontre un membre du Conseil d’Administration, lequel rapporte sa
candidature au bureau. C’est cette instance qui décide de l’acceptation
ou non.
è Activités : pour le moment
sont engagés :
- La mise en place d’un séminaire de l’association
dont le thème sera :
« Pourquoi la guerre ? »
Ce séminaire aura lieu à Paris, ainsi que dans d’autres
villes en France, là où les membres de Diwan souhaitent
l’organiser. Ont été proposés des séminaires
à Nice-Avignon (Mohamed Ham) et à Montpellier (Rajaa Stitou).
- Un colloque viendra ponctuer le travail du séminaire dans deux
ans.
- La mise en place des disputationes du Diwan : ce sont des rencontres
de travail avec des auteurs, à partir de la lecture d’un texte,
d’un article ou d’un livre.
- Tous les membres de l’association peuvent proposer des groupes de
travail, pour autant que leur objet corresponde au but de l’association,
en informant préalablement le bureau.
€ Contacts
Le Diwan Occidental Oriental, 49, rue du Faubourg-Poissonnière,
Paris 75009.
Mails des membres du bureau : benslama@paris7.jussieu.fr € cherki.a@wanadoo.fr
€ zimra.georges@noos.fr € nazir.hamad@noos.fr € Ann.hamad@noos.fr €
douedar.djouher@neuf.f € karima.lazali@libertysurf.fr € kasa@freesurf.fr
Le Diwan occidental oriental
Séminaire “Pourquoi la guerre ?”
En reprenant le titre sous lequel a été
publié, en 1932, l’échange de lettres entre Einstein et
Freud, le Diwan occidental oriental souhaite, pour son premier séminaire,
relancer le projet d’une psychanalyse en extension, en se portant vers
ce qui constitue, dans les actes et dans les discours, les violences
actuelles entre groupes, peuples, religions, civilisations.
Si certaines violences sont héritières
d’une longue généalogie, les remaniements contemporains
dans la relation d’identité/altérité, dans les
processus économiques, dans les procédés techniques,
nous obligent à tenir une interrogation aussi bien sur leurs
résurgences que sur leurs émergences, afin d’ouvrir de
nouvelles pistes de réflexion. Par exemple, ne faudrait-il pas
différencier les guerres que l’État-nation engendre de
celles que l’affaiblissement de l’État entraîne du fait
de la nouvelle phase de mondialisation, à travers la circulation
universelle de l’objet marchand qui ne connaît ni frontières
ni limites ? La visée d’une homogénéisation des
objets pour homogénéiser les hommes n’implique-t-elle
pas de nouvelles formes de destructivité ? Ainsi, dans l’état
actuel de déstabilisation du monde, des idées, des valeurs,
des fonctionnements établis ou reçus, l’une des tâches
de la psychanalyse est de contribuer au travail nécessaire d’éclairement
de la culture.
è Mardi 19 décembre 2006
: Georges Zimra
La horde, la foule, l’Etat, la guerre.
è Mardi 16 janvier 2007 : Fethi
Benslama
Guerre et identité.
è Mardi 13 février 2007 :
Nazir Hamad
La guerre comme une non-reconnaissance de la dette symbolique.
è Mardi 20 mars 2007 : Alice Cherki
Guerres sans nom.
è Mardi 15 mai 2007 : Oliver Douville
Enfants dans la guerre.
è Mardi 19 juin 2007 : Ghislaine
Glasson Deschaumes
À partir du film « Les femmes des douze frontières
», de Claudine Boris (co-produit par ARTE, Transeuropéenne,
Les films d’ici).
Le séminaire est ouvert. Il a lieu à La
Maison de L’Europe,
35, rue des Francs-Bourgeois, 75004 Paris
(de 20 h 45 à 23 h précises).
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