Le Salon du Livre

(Mise à jour 4-mar-09 )

Cette année Israël était l'invité d'honneur du salon du livre. Ce salon est un ravissement pour l'esprit, une rencontre extraordinaire entre les rêves et les réflexions du monde entier sur tous les sujets. Il était donc normal que les esprits médiocres le boycottent.

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En 2008, Israël aura 60 ans, et pour fêter l'événement, la France a décidé d'inviter les écrivains israéliens au salon du Livre, en vedettes américaines. Le bruit autour d'un certain boycott m'a incité à y aller, et ce fut un ravissement, merci aux boycotteurs, sans eux je serais plus pauvre.

Nous sommes entré par le côté des Bandes dessinées, et c'est tout un symbole, ce sont les BD, et Tintin en particulier qui m'ont donné le goût de la lecture.

Une bande d'urluberlus sortis des mangas nous a souhaité la bienvenu, avec un débouche WC très utile, pour contrer l'obstruction des boycotteurs.

 

Nous avons eu le plaisir de voir une conférence, où la foule ne se pressait pas le matin.

Philippe Geluck en personne, accompagné de son chat, expliquait combien son animal fétiche avait évolué, mais c'est la loi du genre. Même s'il était sur l'espace Bande Dessiné, lui fait des «Cartoons», il raconte des histoires en trois dessins, l'introduction, le développement, et la conclusion. Il existe beaucoup de caricaturistes, et de dessinateurs de BD, mais les Cartoonistes sont très rares, il n'en connaît que deux : Sempé et un autre dessinateur dont je n'ai pas retenu le nom et qui publie dans le point.

Agé de 54 ans, il avoue s'amuser comme un gamin chaque fois qu'il se met devant sa planche à dessin, si l'auteur de s'amuse pas, il doit changer de métier.

A ce moment, l'orateur remarque un jeune homme qui le photographie avec application, «Pour quel journal travaillez vous ? » , lui demande Geluck ? « Pour Danser magazine» répond-il, «Voulez vous que je vous fasse des entrechats ? » proposa alors Geluck ! mais aussitôt, il retira sa proposition, et avoua honteusement, ne pas savoir danser !

Je préfère Bosc à Rubens, en effet, même si le dessin est moins travaillé, je vibre davantage, et l'essentiel est de transmettre des idées. Je ne vois pas pourquoi je passerais des jours et des nuits à m'escrimer, alors que je peux communiquer efficacement tout simplement.

Le chat ne parle pas de politique, donc il plait à tous et n'appartient à aucun parti... toutefois, le chat est politique, par exemple quand il dit, " Les gens qui déforestent l'Amazonie font un effort pour l'environnement, ils mettent de l'essence sans plomb dans les tronçonneuses ! " il tient un discours subversif. Le Chat doit être le chat de tous les lecteurs, quelques soient leurs préférences politiques.

Les Belges ont du plaisir à être pris pour des imbéciles par des cons, continua t-il avant de se laisser aller à clamer sa belgitude, son amour pour son pays qui est au coeur de l'Europe, au carrefour des cultures germaniques et latines et qui aurait tout pour lui, s'il cessait de se diviser bêtement sur la pression d'extrêmistes qui n'ont pas compris que la richesse vient de la diversité.

 

Nous sommes allé ensuite, sur le stand de la Suisse, où Herbert Herz dédicaçait son livre,

une livre sur la résistance, qui a nourri les réflexion de Mivy.

Et c'est sur le stand de la Suisse que nous avons vu qu'il y avait une conférence sur Gaza.

Nous aurions bien assisté à la conférence d'Amos Oz sur le stand d'Israël, mais c'était mission impossible, il y avait trois rangées de spectateurs debout derrière les derniers rangs, et souhaitant ménager nos jambes et notre fatigue, nous avons préféré écouter une conférence plus calme, et comme vous pouvez le deviner, c'est du côté de Gaza que nous l'avons trouvée.
Après avoir traversé au pas de sénateur des stands avec de magnifiques livres pour enfants, puis des enluminures à vous faire rêver, nous avons trouvé un ascenseur pour monter au premier étage.
Et là dans une salle au calme, nous avons entendu un archéologue, parler tranquillement à une dizaine de personnes les yeux grands ouverts de rêves. Entre terre et mer, Gaza suscita six mille ans de convoitises. Pharaons, Philistins, Juifs, Perses, Romains, Bysantins, Omeyades, Abbassides, Croisés, Mamelouks, Ottomans, Anglais y dominèrent. La grande mosquée est la cathédrale des croisés transformée.

On y a trouvé des mosaïques superbes, et la ville de Genève prépare une série d'ouvrages dont le premier tome vient de sortir. Une exposition au musée de Genève a eu un grand succès. Gaza à la croisée des civilisations. Les suisses projettent de construire un musée à Gaza, qui a obtenu l'aval des autorités palestiniennes et israéliennes, mais aujourd'hui c'est le Hamas qui contrôle le terrain. En eux ans, les archéologues ont vu bien des destructions, en particulier le Hamas bétonne, contruit sans se soucier de l'archéologie, surtout si elle n'est pas musulmane. Alors, on stock à Genève en attendant le jours béni où il sera possible d'exposer tous ces chefs d'oeuvres dans le futur musée de Gaza.

Au moment des questions, un gros monsieur bronsé et moustachu qui était au fond de la salle, s'est présenté comme journaliste palestinien. « Vous n'avez pas parlé des destructions occasionées par l'occupant à Gaza et en Cisjordanie ! » s'exclama t-il, et l'orateur qui n'avait rien constaté de tel, a expliqué que la guerre n'était jamais bonne pour sauvegarder les trésors archéologiques, les militaires, comme les promoteurs ayant généralement d'autres priorités !
Mivy aurait bien soulevé le problèmes des destructions volontaires d'antiquités juives sur le mont du temple, ou demandé si le Hamas était heureux de voir que Gaza n'a pas toujours été musulmane et intégriste, mais on était en suisse, en terrain neutre, calme, pacifique, et j'appréciais l'ambiance.

 

Redescendu d'un étage, en contournant les grands éditeurs, j'ai rêvé devant le stand du Brésil, de la Corée, du Québec, ou de l'Egypte. Puis arrivé chez France Télévision, j'ai vu un grand forum qui s'annonçait, avec un débat qui semble éternel sur le Proche Orient, avec des orateurs avocats d'Israël ou de la Palestine. Mais pas question de s'approcher la foule était trop compacte.

A côté, un monsieur rondouillard, sympathique parlait avec passion de son livre, «L'Homme qui voulait voir Mahona », Il s'agissait de l'enregistrement d'une émission en directe, et on voyait l'ingénieur du son s'activer dans sa cage transparente. En connivence avec la journaliste, il parsemait les propos d'intermédes musicaux, hélas trop courts. Henri Gougaud nous a emené peu après Christophe Colomb, à la rencontre de Cabeza de Vaca, 1528. Une petite flotte de caravelles aborde les côtes inconnues de la Floride. Trois hommes survivent à l'expédition, anéantie par les naufrages, les épidémies et les flèches indiennes. Nunez Cabeza de Vaca, l'un d'eux, noble andalou, découvre, au lieu de l'Eldorado promis, des villages faméliques peuplés de primitifs candides, malades, profondément religieux.
Au nom du Christ, ses compatriotes se livraient à des massacres. Au nom de Mahona, divinité de ces peuples, le conquistador apporte la paix, la guérison et l'amour.

Henri Gougaud a été effayé par l'histoire humaine, comment tant de massacres ont-ils été possibles ? Si la maladie a été la principale cause de la presque extermination des indiens, la maltraitance et la cupidité ont été terribles. Il y a eu énormément de métis, car les espagnoles violaient les femmes, afin d'avoir de vendre plus cher les esclaves enceintes. Pourtant, ce n'était pas uniquement pour l'or que les conquérants sont partis à la conquête des Amériques, on leur avait dit qu'ils trouveraient là bas le Paradis.

Quittant avec regret la Floride, nous avons retraversé le stand d'Israël, où la foule compulsait avidement les très nombreux ouvrages en français exposés.

Et nous avons trouvé des places dans une conférence sur le stand d'Israël, il s'agissait de quelques dames accompagnées de leur interprêtes qui parlaient de leurs romans.

J'ai alors pu suivre les affres psychologiques de deux femmes homosexuelles qui s'aimaient, puis les problèmes des descendants d'une grand mère traumatisée par son enfance pendant la guerre. Sans mettre en doute le grand talent des auteurs, les exposés ne nous ont pas semblé passionnés, aussi, avons nous repris notre pas de sénateur, en direction d'autres découvertes, quand les haut parleurs ont annoncé un problème technique. Puis lentement de problème s'est averré être une alerte à la bombe, et nous avons été évacué avec tous les visiteurs et exposants du salon.

Rester au froid sous la pluie pendant une période indéterminée nous a semblé trop lourd, alors, mon épouse et moi même, nous sommes rentré à la maison en ruminant des idées sombres.

Cette évacuation m'a rappelé les appels au boycott, pour protester contre la politique d'Israël.

Ce prétexte est faux, les antisionistes veulent la mort d'Israël, et non son changement de politique. Le boycott de ses intellectuels les plus éclairés lors du salon du livre de Paris, ou celui du film "La visite de la fanfare" par l'Égypte sont des exemples. Les nazis disaient, "Qu'importe ce que pensent les juifs, la tare est dans la race", je crois que la tyranie intellectuelle qui domine le monde islamique pense la même chose de ceux qu'ils qualifient de "sionistes" sans en connaître le sens.

 

Quel bilan pour ce salon ?

 

Le bilan du salon est mitigé pour les organisateurs, et les articles de presse divergent selon la sensibilité des divers organes.

Pour «Le monde», régulièremement malveillant envers Israël, ce salon a donné lieu à une baisse de fréquentation de 8 %, et de chiffre d'affaires de 20 %, mais aussi un record de vols. En particulier lors de l'évacuation du à la fausse alerte à la bombe. Toutefois pour la librairie Gibert, qui tient le salon d'honneur, les ventes ont pulvérisé tous les reccords. 22000 livres vendus contre 17000 pour l'Indes l'an passé.

Livres Hebdo plus neutre constate cette baisse de fréquentation, mais l'attribue d'une part aux mesures de sécurité, et d'autre part à l'alerte à la bombe en pleine heure de pointe qui a découragé les visiteurs du dimanche.

Libération qui titre comme tout le monde sur la baisse de fréquentation partage le point de vue de Livres Hebdo, et indique que les appels au boycott ont eu peu d'influence sur la baisse.

Le journal événement plus sympa, signale en plus qu'Anna Galvalda, a totalisé quelque 15 heures de dédicaces, dont une sur le parking, et parle de l'ambassadeur d'Israël qui a présenté son successeur mexicain, Carlos de Icaza «Nous vous offrirons le meilleur de nos lettres et de nos esprits.» a-t-il promis.

L'an prochain Mivy ira goûter aux richesses latinos !

 

Michel Lévy