L'Alya, une question

26/08/2004

mise à jour : mardi, 16-mai-06

Pour réagir :

 
Pour naviguer  
Appuyez sur le nez

    Le climat malsain qui entoure la communauté juive provoque le regroupement de ceux qui ont une sensibilité religieuse autour de l'école juive qui a de plus en plus de succès.  Les vacances en Israël, la présence de famille attire de plus en plus. Au delà de la polémique provoquée par des discours parfois imprudents, le sionisme gagne tous les jours du terrain, et le gouvernement français commence à s'en inquiéter. La France doit aussi rester attractive.  

 

 

Le sionisme appelle au rassemblement des juifs du monde entier en Israël, l'Alya veut dire la montée, c'est l'aboutissement de la démarche sioniste. Le discours provocateur d'Ariel Sharon appelant les «juifs de France» à fuir une menace antisémite  («En France, il se répand un antisémitisme déchaîné. (...) Le fait que 10% de la population française soit constituée de musulmans fournit un terreau à une nouvelle forme d' antisémitisme.» a entraîné une réponse offusquée de Jacques Chirac qui rappelle que les «français d'origine Juive» ont toujours été protégé par l'État. Les explications embarrassées d'Ariel Sharon ont mis en évidence une divergence "culturelle", l'idée sioniste n'est pas soluble dans la république.  

Les divers définition du sionisme :    

    «Le sionisme est le mouvement pour la fondation d'une "patrie juive" (voir judaïsme), qui s' est développé pendant la deuxième moitié du XIX siècle parmi les juifs d' Europe centrale et d' Europe de l' Est. On peut considérer le sionisme comme le nationalisme juif.»   Wikipedia

     Ou bien : «Il s' agit d'une mouvement d’ampleur mondiale dont l’objet fut le retour des Juifs dans leur ancienne patrie. Le sionisme politique se donna plus précisément pour but la constitution d’un Etat juif en Palestine. Son objet figure dans le programme de Bâle : 
«Le sionisme s’efforce d’obtenir pour le peuple juif en Palestine un foyer reconnu publiquement et garanti juridiquement [ öffentlich-rechtlich ]
.». Selon une étude bien documentée réalisée par les élèves de l'École Normale Supérieur. 

      Ou encore : «Le sionisme est le mouvement de restauration de l' autodétermination du peuple juif dans sa patrie et la reprise de la souveraineté juive dans le Pays d'Israël.» Pour l' ambassade d'Israël au Enjeux.
  «   sionisme : mouvement politique œuvrant à la création d'un État en Palestine réunissant tous les Juifs de la Diaspora.»  Encarta

     Enfin pour Jacques Tarnero : « Politiquement, c'est le mouvement d'émancipation nationale du peuple juif. Historiquement, c'est le mouvement né en Europe au 19e s., constitutif de l'État d'Israël.   Idéologiquement c'est le mouvement de pensée qui veut rassembler les Juifs dispersés dans leur patrie historique

 

 

Mais existe-t-il un peuple juif ?

Selon le dictionnaire Hachette un peuple est un ensemble d'êtres humains vivant sur le même territoire ou ayant en commun une culture, des moeurs, un système de gouvernement. Il site comme exemple les peuples du Sud-Est asiatique et le peuple juif.

 Si on se réfère au passé, cela ne fait aucun doute, les églises (chrétiennes ou musulmanes) ayant empêché par tous les moyens les mélanges et les rapprochements, les juifs formaient un peuple minoritaires très nettement distinct des autres habitants voisins.
Mon ancêtre Léopold Lévy, qui vivait sous Louis XVI à Uffoltz était le préposé, en quelque sorte le gouverneur des juifs, ces derniers parlaient leur propre dialecte, l'alsacien (ou l'arabe en Algérie), mâtiné d'expressions en hébreux à la prononciation déformée, écrivaient en caractère hébraïques, et vivaient selon leur rythme de vie avec leurs fêtes et leur cuisine. Ils connaissaient, leurs voisins, parfois s'estimaient mais ne se mélangeaient pas. Chaque fois que la situation devenait trop mauvaise, la populace s'en prenaient d'abord aux juifs ... on a vu des émeutes anti juives en Alsace, en 1789, 1830, 1848 etc...  En Algérie, le décret Crémieux en leur accordant la citoyenneté, leur a retiré toute autonomie juridique : avant, les rabbins étaient juges du premier degré, et tout le pouvoir civil était entre leurs mains. "La nation Juive" comme on l'appelait a disparu en même temps que les citoyens israélites français d'Algérie apparaissaient.

 Le peuple juif est une création de la religion

     Le rituel religieux tient beaucoup à éviter les mélanges. Un exemple, pendant la prière d'Avdala, à la fin du Shabat, chaque chef de famille dit en présence des siens "qu'il remercie le Roi du monde, qui distingues le sacré du profane,  la lumière des ténèbres, Israël des autres nations, le septième jour des six jours ouvrables. Soit loué Éternel qui distingues le sacré du profane."   De même le respect des règles alimentaires interdit de fréquenter la table d'un non juif, (la réciproque est autorisé) quand à se glisser dans son lit, je ne vous dit pas. C'est totalement interdit.
      La Thora dit aussi que la loi du pays où nous vivons est la loi, et que l'obligation de fidélité au souverain n'est pas une option, et bien sûr le juif religieux a une obligation de bien se comporter envers tous.  

   Tous les religieux prient pour le retour des exilés à Jérusalem, comme les prophètes l'ont annoncé. Une petite minorité (Netoure Karta) par exemple) pense qu'il est sacrilège de forcer la main divine, et qu'un nouvel état juif doit être dirigé par le Messie quand il viendra, pour cela ils sont contre l'État d'Israël. Les autres voient dans l'apparition du nouveau pays un signe pré-messianique.

     Aujourd'hui dans les synagogue, le sionisme a gagné, le jour de l'indépendance d'Israël est fêté comme une fête religieuse, les congrès rabbiniques ont lieu à Jérusalem, et la Hatikva clôture la plupart des cérémonies familiales comme les mariages et les bar-mitzva. Le sionisme est de plus en plus étroitement mêlé au culte synagogal.

      En résumé le juif froum (religieux)  tient à s'isoler pour rester lui-même, et attend son retour à Sion. 

Màj du 15/5/2006

Un  livre est sortisur ce sujet

par Cécilia Gabizon
et Johan Weisz

 

Màj du 17/10/04...
Brève de Guysen
Les syndicats de journalistes de Radio France Internationale (RFI) ont dénoncé les propos tenus sur ''Radio Courtoisie'' par Alain Ménargues, directeur de l'Information de cette station, sur les Juifs et l'Etat d'Israël. Ils ont appelé le PDG de RFI à prendre ''les mesures qui s'imposent''. (Guysen.Israël.News)
Interrogé sur son livre ''Le Mur de Sharon'', M. Ménargues a déclaré le 12 octobre : ''j'ai été très choqué par le Mur, j'ai été voir des gens, des rabbins, des hommes politiques, si vous regardez le Lévitique dans la Torah, qu'est-ce-que c'est? La séparation du pur et de l'impur. Un Juif pour pouvoir prier doit être pur, tout ce qui vient contrarier cette pureté doit être séparé. Lisez le Lévitique, c'est écrit en toutes lettre''. Il avait déjà taxé Israël ''d'Etat raciste'' lors de la présentation de son livre le 6 octobre.

Mais à quel peuple appartient donc le juif laïque ?  

   Le citoyen laïque ne cherche pas à se distinguer, bien au contraire, si vous voyez les photos de ma famille au XIX ième siècle, sur ce site, vous remarquerez que dès 1850 la famille Job ne se distinguait pas vestimentairement parlant des autres lorrains d'origine chrétienne. En Algérie, avec cinquante ou cent ans d'écart, c'est la même chose, les juifs souhaitaient être considérés comme tout le monde, et ne voulaient pas se faire remarquer. Mon beau père, de souche nord-africaine, par exemple avait francisé son prénom et refusait d'écouter de la musique andalouse ( celle qui faisait les délices d'Enrico Macias).

Toutefois, même si le laïque n'hésite pas à se fondre dans la population ambiante dont il copie les moeurs, (et parfois réciproquement ! ) il reste attaché quelque part à Jérusalem. En effet, comme le montre cet extrait d'une Hagada Aschkenaze du XV ième siècle, le repas de Pâques se termine toujours par la phrase «Le Chana Abaa Biyeroushelaym, l'année prochaine à Jérusalem». On efface pas deux mille ans d'histoire et d'histoires  comme ça !

Aussi longtemps que la France et lsraël étaient alliés, en particulier lorsque la France cherchait à conserver l'Algérie, dans les milieux laïques, on parlait beaucoup d'Israël mais on y pensait jamais. On faisait des dons, on allait danser au bal de la Wizo (Woman Zionist Organisation) , on ne pensait sûrement pas à s'installer là bas. En 1962, l'exode des juifs d'Algérie s'est fait avant tout en direction de la France.

O n disait «Un sioniste est un juif qui demande de l'argent à un autre juif pour en envoyer un troisième juif en Israël.»

Il y avait une certaine solidarité, mais parfois un certain mépris... beaucoup doutaient de la viabilité du pays, ceux qui ne voulaient plus donner disaient, c'est un état-schnorer ! (mendiant en yddish) 

Les juifs laïques étaient et sont encore très souvent très sévères envers Israël dont la politique et les actions terrain ne sont pas toujours en conformité avec l'idéal humaniste qui les habite.   Partie intégrante de la Nation Française, ils considèrent le sionisme comme une assurance-accident. Au cas où...   on est loin de l'espoir messianique. 

Les juifs laïques appartiennent au peuple du pays où ils habitent...  jusqu'à preuve du contraire. 

 

 Aujourd'hui quelque chose est cassé 

 La mauvaise foi des dirigeants israélo-palestiniens qui ont signé les accords d'OSLO (ou ont succédé aux signataires)  a creusé un abîme de méfiance entre israéliens et arabes :

1-  Comment peut-on faire confiance à celui prétend vouloir nous laisser un état alors qu'il s'implante partout où il peut, capte notre eau, détruit ce qui bon lui semble, et  prétend faire la justice à notre place sans nous laisser les moyens d'exercer l'autonomie par lui promise ?  disent les palestiniens.

2-  Comment faire confiance à ceux qui profite de leur liberté pour détourner  les fonds du développement économique au profit au mieux de la corruption et au pire de groupes islamistes, radicaux et racistes ? ils confient l'éducation de leurs  enfants à des extrêmistes prônant notre destruction ! répondent les israéliens.  

En oubliant le point -2- 
      Les médias français probablement  poussés par la politique arabe du quai d'Orsay    relayent les médias arabes. Ils dénoncent à juste raison les excès israéliens, parfois en inventent, mais cachent l'autre face de la même vérité, ils  entraînent ainsi  l'opinion nationale vers un désamour pour  Israël.
Les juifs soutiennent ce qui apparaît insoutenable pour l'opinion publique. Comment aimer des "fascistes", des "racistes" qui soutiennent un criminel comme Sharon ? d'ailleurs ne sont ils pas les descendants de ceux qui ont trahi le prophète ou ont crucifié Jésus ?    

Naturellement, l'opinion la plus impliquée est l'opinion musulmane,  naturellement solidaire de leurs coreligionnaires palestiniens. En France elle manifeste souvent son hostilité par tous les moyens, et comme la jeunesse est la plus chaude, c'est dans les écoles où les jeunes maghrébins sont les plus nombreux que l'ambiance est la moins respirable pour les enfants de religion juive.    

Les écoles juives font un tabac ! , En 2002-2003, on comptait  plus de 256 établissements regroupant  plus de  30 000 élèves scolarisés dans des écoles juives en France,  et la croissance reste forte, elle  s'expliquerait davantage  par le souhait de se retrouver dans un espace protégé, voir dans un cocon familial, plutôt que par une volonté de recherche spirituelle.
      Les parents et les enfants cherchent à fuir un milieu jugé à tort  où à raison hostile, le militantisme pro-palestiniens de certains professeurs joint au racisme de beaucoup d'élèves chassent souvent les enfants juif de l'enseignement public qui parfois n'est plus le havre de paix, ni l'école citoyenne que nous avions connu.

 

 

 

 

Ces écoles sont quasiment toutes religieuses et sionistes .  Elles préparent psychologiquement les enfants à faire leur Alya, à s'installer en Israël. Comme les lycées français à l'étranger, on y acquiers une double culture, les écoles juives apprennent la religion d'Israël, la culture d' Israël, et l'amour d'Israël en plus des programmes de l'éducation nationale.  Logiquement, les enfants ramènent à la maison ce qu'ils apprennent à l'école, et le mouvement de retour à la tradition s'accélère. Les enfants transmettent aux parents, et les parents à la sortie de l'école se parlent entre eux et se co-influencent.    

Conséquences sur l'Alya : 

   Ce retour au cocon tribal provoque des phénomènes d'auto intoxication, chaque événement est grossi, commenté, multiplié.  Alors, danger pour danger, autant avoir un vrai risque plutôt qu'un malaise diffus. 
    La communauté juive militante est aujourd'hui dans sa grande majorité originaire d'Afrique du Nord. Beaucoup de familles passent des vacances en Israël, où ils retrouvent le climat méditerranéen qui fut le leur, ou celui de leurs parents. Ils se sentent chez eux. Cette année, les français étaient particulièrement nombreux (voir le lien sur le forum d'Israelfr.com)
Les rabbins disent que la période actuelle est pré-messianique, qu'il est plus que temps de prendre sa place en Israël.
     Alors beaucoup franchissent le pas, ils le font d'autant plus facilement qu'ils ont déjà de la famille sur place. Le départ d'un jeune accélère celui des parents, des frères et des cousins. 

    Donc à Paris le stress et la grisaille
A Netanya la plage, le soleil et la famille
En Israël la facilité pour pratiquer une religion très contraignante.

    Selon Olivier Rafowicz, délégué général «Alya» de l'Agence juive pour Israël  à Paris , on note une augmentation de 30% de l'immigration sur le premier semestre. Les motivations sont multiples. Sans nier la montée de l'antisémitisme et de l'insécurité, la transposition du conflit israélo-palestinien en France, la façon de traiter d'Israël dans les médias, le cadre de l'Agence juive tient à relativiser : «Il ne faut pas noircir le tableau : l'Alya des Juifs de France n'est pas une fuite. C'est une démarche positive, pour des raisons personnelles, identitaires ou religieuses. Il y a ceux qui veulent construire un avenir à leurs enfants, ceux qui souhaitent vivre leur foi, ceux qui vont rejoindre des parents (NDLR : selon une enquête du Fonds social juif unifié, les trois quarts des ménages juifs y comptent de la famille). Le point commun chez tous ces gens : l'amour d'Israël.»
 

    Le gouvernement de la République s'est inquiété récemment des transferts de fonds, les français ont acheté plus de 1000 logements neufs en Israël, dix fois plus que l'an passé...  or on sait que l'argent des trafic se reconvertissent facilement dans ce secteur. En fait il s'agit le plus souvent de biens de standings "moyen", servant de résidence secondaire pour ceux qui ont déjà de la famille là bas, ou bien encore de logements achetés par des parents pour leurs enfants. Nous pouvons en déduire que le flux n'est pas en train de se tarir. 

      J'ai assisté indirectement à la télévision, et directement à l'aéroport à des départs d'avions emplit de futurs immigrants de France vers Israël, ce qui m'a frappé, c'est l'aspect familial de ces départs, et surtout le pourcentage élevé de gens religieux. D'après les statistiques plus de la moitié se considèrent comme pratiquant, et près de la moitié des autres comme traditionalistes.  Or on constate une relation entre les idées religieuses et les idées nationalistes, cette immigration ne favorisera probablement pas les partisans du dialogue au Proche Orient. 

     En réfléchissant sur un problème, en triant les informations pour séparer l'essentiel  de l'accessoire, le sacré du profane, on se laisse entraîner vers l'inconnu. On ne sais pas, en commençant un article où nous mèneront  les investigations. Ce qui est passionnant dans l'actualité, c'est que nous vivons un roman dramatique, nous en sommes à la fois les acteurs et les spectateurs, mais la fin, la conclusion, nous ne la connaîtrons jamais. 

   Michel Lévy

Dialogue sur Israelfr.com sur l'invasion de touristes en Israël

Un Eté Français à Eilat

Les Juifs de France témoignant de plus en plus d’intérêt pour l’aliya, plusieurs villes israéliennes tentent de les attirer chez elles. Eilat en particulier, dont le principal attrait est la mer et le soleil, à défaut d’emplois

Edité de Haaretz, Par Kobi Ben Simhon 06/08/2004

 

 

Profil des 2000 immigrants originaires de France arrivés en 2004 en Israël selon les chiffres de l’Agence juive :
- Statut : couples et familles – 39 % ; célibataires – 61 %
· Convictions religieuses : orthodoxes – 67 % ; traditionalistes – 29 % ; conservateurs 1 % ; non religieux – 3 %
· Éducation : niveau primaire – 10 % ; niveau secondaire – 30 % ; bacheliers – 28 % ; diplômés d’université (licence, maîtrise, ingénieurs) – 32 %
· Professions et fonctions : étudiants – 44 % ; retraités – 16 % ; commerçants et hommes d’affaires – 13 % ; médecins – 8 % ; fonctionnaires – 8 % ; industries de pointe – 6 % ; ouvriers – 5 %
· Pays de naissance : France – 60 % ; Algérie – 10 % ; Maroc – 10 % ; Tunisie – 10 % ; autres pays – 10 %

 

Pour réagir :