Évacuation de Gaza

15 Août 2005

 

      Le 15 Août, Israël évacue la bande de Gaza. Sans enthousiasme de part et d'autre. C'est une opération chirurgicale douloureuse qui ne guérira pas le malade. Sharon, comme De Gaulle en son temps «se débarasse » d'une source de gangrène qu'il ne peut pas éviter. En Palestine comme en Israël, le prochain conflit sera interne, entre les partisans d'une société d'ouverture et ceux d'une société ne laissant pas de place aux "infidèles".

      
Pour réagir :

 

" " Non, la bande de Gaza, n'est pas une bande de voleurs, c'est une bande de terre, qui était aux temps antique le coeur du pays des Philistins. Ils sont  arrivés dans la région peu de temps avant les hébreux, et venaient peut-être de Troie en Asie Mineur. Les Philistins et les hébreux se sont disputés le pays pendant longtemps.  Sansom eut un jour l'idée saugrenue de se marier avec la belle Dalila qui était une princesse philistine, et mal lui en prit.

       Lorsque les Romains ont vaincu les hébreux quelques siècles plus tard, ils ont appelé Palestine ce qui fut le royaume de Juda et d'Israël.  
      
Les habitants arabophones de la région se qualifient de Palestiniens, et ce terme est historiquement vrai pour les habitants de Gaza qui habitent l'ancienne Philistie. Bien entendu les arabes de Gaza, ne descendent généralement pas des philistins, ni des arabes d'ailleurs, comme les juifs, ils sont le fruit de brassages ethniques, ils descendent des innombrables conquérants, et des familles venues au cours des siècles pour se réfugier,  pour fuir la misère, ou chercher fortune dans un pays qui était censé ruisseler de lait et de miel. 

 

 

      

       En 1947, lorsque l'ONU a partagée la Palestine Britannique, elle prévoyait un état arabe, un état juif, et une zone internationale pour Jérusalem. L'état arabe devait comporter les zones en vert foncé et en jaune. Les arabes ayant perdu la guerre qu'ils avaient provoqué pour éviter le partage n'ont réussi à conserver que la zone jaune sur la carte.

      La guerre a provoqué un afflux de réfugiés, chassés par les combats, les israéliens ou la panique, l'histoire arbitrera. Cet afflux a fait de cette bande un territoire particulièrement peuplé, et la croissance démographique complètement folle, avec un  tau de natalité parmi les plus fort du monde l'a rendu sur peuplé.

      En 1956, suite à la guerre de Suez, Israël conquiers Gaza, les pressions américano-soviétiques l'obligent à se retirer.
    
En 1967, après la guerre des six jours, Israël  reprend  le territoire.
      Depuis cette date, la bande de Gaza qui n'a jamais été annexée  officiellement est sous contrôle israélien. 
  

 
Les implantations Israéliennes  à Gaza

          

        

 Pourquoi s'est on implanté à Gaza ?   

a) Par ce que toute la Palestine fait partie de la terre d'Israël promise aux temps biblique, on ne voit pas pourquoi une partie de cette terre serait interdite aux juifs.

b) Par ce qu'il existait dans la bande de Gaza des terres en friches susceptibles de produire et laissées inculte par les arabes .

c) Pour contrôler une population jugée dangereuse
     
Coincée entre l'Égypte et Israël, la région a toujours été pauvre, on y trouve les camps de réfugiés les plus vieux du monde, et la population a toujours été travaillée par des mouvements irrédentistes. Une présence israélienne permettait de la contrôler.

d) Pour contrôler la frontière :  Les armes destinées aux terroristes viennent des pays voisins, en particulier d'         Égypte. En plaçant des villages juifs la frontière égyptienne, on coupe les terroristes de leurs bases arrière.

 Ce qu'on reproche aux implantations de Gaza 

   Le principe : 
 La Palestine est une terre arabe, des villages juifs n'y ont pas leur place. Les français accepteraient-ils que des anglais, ou des hollandais installent des villages prospères dans des zones incultes du Larzac ?

   La Terre. 1,325 millions de Palestiniens vivent dans la bande de Gaza, néanmoins 42% du territoire et sous  contrôle de l’armée israélienne en raison des aux 8 000 colons israéliens.  (ces 42% recouvrent aussi les zones sous contrôle militaire : bases, routes de contournement et quelques zones rurales inhabitées). Dans la bande de Gaza, un colons israélien a accès à 699 fois plus de terre qu’un Palestinien qui vit dans un camps de réfugiés.

    LEau. Le gouvernement israélien absorberait 88% des ressources renouvelables en eau des Territoires Palestiniens, ceci pour sa consommation propre ou pour celle des colonies.  Alors que les colons continuent de creuser des puits agricoles à volonté, les autorités israéliennes interdisent aux Palestiniens d’en creuser de nouveaux. Ainsi, la consommation annuelle en eau est de 1 000 mètres cubes par colon dans la bande de Gaza, comparé à 172 mètres cubes pour un Palestinien.  Grâce aux subventions accordées par le gouvernement, les colons pairaient l'eau quatre fois moins cher que les Palestiniens, en dépit des énormes disparités de revenus.

   L'occupation : L'hostilité des populations à la présence de civils israéliens s'est traduite par des mesures de protection augmentant avec l'hostilité. Les attentats entrainent la méfiance, des restrictions à la liberté de circulation, la création de "No Man's land, et beaucoup de nuisances y compris sonores : Le bruit des chars, des avions, la présence de soldats crée une ambiance lourde et difficilement supportable, qui elle même incite à la violence.
Les relations occupants-occupés sont malsaines => Il faut sortir du cycle "pression-repression", tel qu'il est décrit dans l'excellent film "Le choristes".

 Pourquoi Israël va évacuer  Gaza 

        Parce qu'Israël veut rester un état juif et démocratique.
        
Par une politique d'ouverture démocratique et sociale, Israël pourrait chercher à séduire les palestiniens, et les intégrer à un état d'Israël qui leur laisserait une place entière de citoyen. Les arabes seraient rapidement majoritaire dans le pays pour des raisons démographique. Ils pourraient alors imposer la langue arabe, la fin du sionisme, le retour des réfugiés etc... si bien qu'Israël serait un pays arabe de plus qui pourrait éventuellement décider de s'appeler Palestine.
      Si Israël restait et refusait de donner les mêmes droits aux arabes et aux juifs, il ne serait pas démocratique, il entrerait insensiblement dans un système d'apartheid où il perdrait son âme dans un cycle infernal de pression-répression.

     Par ce que les risques sécuritaires sont mineurs : 
La bande de Gaza est entourée par une frontière hermétique, et par un bord de mer également surveillé. Des accords avec l'Egypte permettront d'empêcher l'arrivée d'armes pour le Hamas ou le Djihad. L'Égypte elle même visée par les terroristes est intéressée personnellement à éviter ce genre de trafic.

       Parce que Gaza n'est pas tenable à long terme :  
De tous les territoires occupés depuis 1967, Gaza est la zone ayant le moins d'intérêt.
- L'écart démographique est tel qu'obtenir une forte minorité juive y est invraisemblable. 
- Il n'y a pas, ou très peu de symboles de l'histoire juive à Gaza, en évacuant on n'abandonne pas les lieux des racines historiques du peuple juif. 
- Le coût diplomatique, humain, psychologique et financier de la sécurité y est devenu difficilement supportable surtout depuis l'intifada. 

     Pour donner un "bon" signal 
Tous les projets de paix, feuille de route, accord Ayalon Nusseibe, accords de Genève, discussions de Taba etc... prévoient l'évacuation de Gaza.
Israël fait unilatéralement un pas dans la bonne direction, pas qui plaira aux diplomaties occidentales et aux modérés du monde arabe. 
Cette évacuation, comme celle du Sinaï montre qu'Israël n'est pas expansionniste par nature, mais par opportunité, et qu'elle est assez forte pour prendre des initiatives. 
Cela rassure les occidentaux, et se traduit par une nouvelle confiance se manifestant en investissements. Le désengagement est rentable. 

Pourquoi Sharon a-il choisi cette période ? 

Par ce que l' intifada a échouée.
     L' intifada des mosquée a été décidée pour saper les bases de la société israélienne. Par une stratégie terroriste, il fallait apeurer et écoeurer les israéliens pour les encourager à quitter le pays. 
    Le résultat a été contraire, non seulement personne n'est parti d'Israël, mais l'immigration sioniste a augmenté.
    Sur le plan international la position d'Israël est meilleure qu'avant l'intifada (poste au conseil de sécurité, ce qui ne s'était jamais vu, multiplication des contacts formels ou informels avec le gouvernements arabes)
    Par contre la Palestine est sortie ruinée : Fin de tout investissement, fin des revenus de ceux qui travaillaient en Israël, mur de séparation et fin des trafics divers. La chute du revenu par habitant est dramatique.
Israël est en position de force. 

Par ce qu' Abou Mazen  est arrivé au pouvoir :  
        Tous les dirigeants israéliens avaient fini par être convaincu qu'Arafat avait toujours tenu un double langage, et qu'il était inutile de signer avec partenaire qui de toute façon ne respecterait pas sa parole.
       L'arrivée d'Abou Mazen, nationaliste opportuniste, laisse entrevoir la possibilité d'une autorité palestinienne... avec une véritable autorité capable d'unifier les forces de sécurité pour permettre au gouvernement de gouverner en soumettant, ou en incorporant les milices.
      Donner Gaza à Abou Mazen est un excellent moyen pour tester ses capacités à se faire obéir, et pour mesurer son engagement à créer un état palestinien viable au côté d'Israël. 

Ces deux points  ont incité Ariel Sharon a sortir de l'immobilisme et à tenter quelque chose pour atténuer le conflit israélo-arabe, redonner du souffle à l'économie du pays, et éviter des drames supplémentaires. 

 
   Cette évacuation ne soulève aucun enthousiasme chez les palestiniens. 

Par ce qu'il ne s'agit pas de l'évacuation négociée de l'ensemble des territoires occupés en 1967 
Les arabes pensent que Sharon évacue Gaza pour mieux conserver la Cisjordanie. C'est en partie vrai, le débat sur la future frontière entre la Palestine et Israël promet d'être âpre !

L'isolement sécuritaire de Gaza risque d'en faire un bantoustan. 
Israël et l'Égypte contrôleront les allées et venue, et le pays sera entièrement fermé. Si la zone est jugée dangereuse par Israël, l'ancien occupant aura la possibilité de l'étrangler. 
La confiance étant nulle, les palestiniens se voient mal bâtir dans une cour de récréation surveillée par leur ennemi. 

Les négociations prévoient de désenclaver la bande, par route et voie ferrée en allant vers la Cisjordanie sans être soumis au contrôle des check point israéliens,  la construction d'un port en eau profonde à Gaza, et  la réactivation de l'aéroport. Mais ceci ne sera possible que si Israël ne se sent pas menacé.

J'ai eu du mal à trouver sur Internet des documents de source arabe, exprimant clairement un point de vue positif. L'obstacle de la langue, et les luttes pour le pouvoir au sein de la société palestinienne expliquent probablement ce manque.

Pour le Hamas, la décision israélienne s'explique exclusivement par leur action militaire, elle doit donc continuer jusqu'à la «libération» totale de la Palestine. 
«Si notre peuple et le Hamas ont réussi à réaliser le retrait, pourquoi laisserons-nous donc la résistance, le seul moyen pour obliger l’ennemi sioniste à se retirer ? »  Dr Moussa Abou Marzouq, leader éminent dans le mouvement de la résistance islamique "Hamas". (Voir interview complète en cliquant sur l'image de la marge) 
Nous pouvons en déduire que le Hamas fera le nécessaire pour que la guerre continue avec son lot de malheur pour le peuple qu'il prétend servir.


Il est évident que les dirigeants palestiniens ne pourront pas supporter une telle attitude qui va à l'encontre de leur option nationale.  La bataille aurait déjà commencée à Gaza, elle se manifeste par des prises d'otage d'occidentaux, ce qui entraine un début d'exode des ONG qui venaient en aide aux Palestiniens..

La peur des extrémistes arabes est telle que les habitants du village de Dahaniyé, des bédouins palestiniens ont demandé à être évacués avec les israéliens, car, beaucoup d'entre eux ont accepté des emplois agricoles dans les implantations, ils risquent d'être considérés comme des traîtres et lynchés par la foule.    

T
outefois, Abou Mazen affirme régulièrement sa volonté de prouver au monde que les Palestiniens sont capables de se gérer et sont dignes d'avoir leur état.
Il a décidé de s'installer à Gaza le 25 juillet, et il oeuvre auprès des américains, pour qu'ils fassent pression sur Israël afin qu'on puisse entrer et sortir de Gaza sans avoir à demander l'autorisation à l'ancien occupant => Port en eau profonde, aéroport, route "libre" allant de la Cisjordanie à Gaza.  Pour y arriver, il devra impérativement contenir le Hamas, et l'empêcher de continuer sa guerre.
 
Ce n'est pas gagné d'avance ! 

 

 

 

 

 

 


La voix des opprimés

 

Par contre, en Judée Samarie c'est la révolte

      Le plan de retrait fait l'objet d'une opposition totale, puissante et organisée dans les milieux israéliens religieux ou (et) nationalistes. La raison principale, et non dite est la peur d'une évacuation des villes et villages de Judée-Samarie (Cisjordanie). 
        
Gaza est un précédant redoutable et redouté, personne ne pense que l'évacuation s'arrêtera là. Si vous regardez la carte de la barrière-mur de séparation, vous verrez qu'elle tend à se rapprocher de la frontière de 1967, il y aura des négociations, mais l'évacuation est ressentie comme une menace personnelle pour plus de 200 000 israéliens, et on ne peut pas leur donner tort.

Les opposants au retrait critiquent le fond et la forme : 
è  On ne livre pas la terre d'Israël aux ennemis
è Un transfert unilatéral ne promet rien de bon. 
è  Sharon n'a pas été élu pour mener cette politique : ses électeurs la réprouvent.

a) On ne livre pas la terre d'Israël aux ennemis : 

La bande de Gaza serait effectivement "Terre d'Israël", nous avons vu qu'historiquement ce n'est pas tout à fait vrai. 

Les Palestiniens seraient nos ennemis. 
C'est vrai pour certains mouvements idéologiques, dont le Hamas, qui affirme :

CPI : Le dialogue même avec l’adversaire : l’Entité Sioniste "Israël" ?
Marzouq : Mais, « Israël » n’est pas un adversaire, il est un ennemi.»


Mais c'est moins évident pour l'Autorité Palestinienne qui est avant tout opportuniste.

Cela donne une vision très pessimiste de l'histoire.
 Israël n'a aucune chance de séduire une majorité de palestiniens, et d'aller vers la paix car toutes ses initiatives renforcent la volonté de lutte des terroristes. Pour les adversaires au retrait, l'autorité palestinienne est jugée, soit complice, soit soumise aux irrédentistes.  
C'est d'abord aux Palestiniens à prouver qu'ils veulent vivre en paix.

Afin d'éviter aux palestiniens le sentiment d'occupation, un accord a été passé avec l'Égypte qui contrôlerait la frontière sud de la bande. L'Égypte aurait donc des forces armées dans le Sinaï ce qui n'était pas prévu dans les accords lors de l'évacuation de la péninsule par Israël en 1975. Ce retour de forces égyptienne est considéré comme un danger supplémentaire inacceptable. Les opposants n'ont aucune confiance aux égyptiens, qui selon exu laisseront passer toutes les armes possibles.

L'opposition au retrait appuyé si fortement par des mouvements religieux, qu'elle ne semble plus nationaliste mais religieuse.
Par exemple, les positions du mouvement 'Habad plus connu sous le nom de Loubavitch, et du conseil des rabbins de Judée-Samarie (Yesha) dépassent de loin un point de vue «pastoral».

«Le conseil des rabbins de Yésha a adressé un message aux services de sécurité à l’approche de la date fixée pour le démantèlement des localités juives. Les rabbins leur ont conseillé de s’inspirer du comportement des officiers du roi David "qui avaient refusé d’obéir à des ordres qu’ils considéraient comme immoraux". Ils ont ajouté : «Un soldat de l’armée régulière qui participera à l’une des opérations d’évacuation sera associé à une transgression». (Source Arouts 7 15 juillet)
****
Manifestations anti-retrait : lors de la manifestation d'hier (mercredi 10 août 2005) devant le Mur des Lamentations à Jérusalem, étaient présents des personnalités religieuses de très grande importance, comme les rabbins Shapira, Aviner et Obadia Yossef, manifestation à laquelle ont participé
entre 40.000 et 80.000 personnes (selon les estimations). 9-08-2005
L'événement est le nouveau psaq dine (décision rabbinique) foudroyant de l'ancien Grand rabbin d'Israël Avraham Chapira dans la revue de la Yeshiva Mercaz ha Rav et répétée aux manifestants :
- interdit selon la Torah de céder de la terre d'Israël à des non Juifs. Et aux Juifs d'obéir à de tels ordres.
- interdit selon la Torah de contraindre des Juifs à quitter cette terre et de la leur prendre et de prendre leurs biens.
- interdit à tout Juif de collaborer directement ou indirectement à cette tâche.
- malheur en ce monde et dans le monde à venir à tout Juif qui participerait à cela.

Le doyen des caballistes, le Rav Kadouri a ajouté un 'hérem (refus de contact) envers les Juifs qui accompliraient de telles choses.
La Cour suprême peste contre le Rav Aviner qui lui aussi a rappelé l'interdiction de ces pratiques horribles et l'interdiction de partir à la demande des autorités quelconques.
Le juge peste contre ce Rav, l'accusant de rebellion envers l'Etat.
Tous ces rabbins ont rappelé la non violence dans les réaction de défense.

Ce type de message est séditieux. 

Il est normal de s'opposer à une décision que l'on pense dangereuse ou contraire aux intérêts de la nation. 
On peut comprendre qu'un militaire refuse d'obéir à un ordre qu'il juge immoral. Mais la clause de conscience a ses limites. On ne demande pas aux soldats de massacrer des civils, mais d'être le bras armé d'un gouvernement  démocratique, qui souhaite gérer une situation complexe en fonction de sa vision à long terme de l'intérêt national. 
Ces rabbins se servent de la religion pour empêcher le gouvernement de gouverner. Ils jouent le rôle du Hamas vis à vis de l'autorité palestinienne. L'un promet une cohabitation paisible, et l'autre de continuer la lutte. Le gouvernement d'Israël promet un état palestinien, les rabbins jurent qu'il ne verra pas le jour.

Ils opposent la loi divine qu'ils prétendent incarner à  celle de la république.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

b) Un retrait ? peut-être, unilatéral non ! 

Ariel Sharon a pensé qu'Israël ne devait pas subir les décisions arabes, mais prévoir et agir.
Comme le Général de Gaulle avec l'Algérie, Sharon, est élu par la droite. Comme De Gaulle, il a décidé de se couper un doigt pour éviter la gangrène. 

  De Gaulle a "donné" l'Algérie au FLN, probablement le pire des partenaires possible, ces ex rebelles se sont montrés dès le début parjures (aucun respect pour les accords d'Evian), corrompus, totalitaires (arabisation forcée des kabyles),  et ont ouvert la porte toute grande aux islamistes et à toutes les forces anti-démocratiques.
     On peut penser que si De Gaulle n'avait pas lâché l'Algérie, vue les évolutions démographiques, ce serait la France qui serait devenue Algérienne, ou alors elle serait devenue un pays d'appartheid totalitaire. Pour que la France reste française et démocratique, de Gaulle a lâché l'Algérie.

Sharon se débarrasse de Gaza, unilatéralement, les palestiniens n'étaient pas demandeurs d'un retrait partiel. Si  tout se passe bien, une coopération économique pourra s'établir, et le territoire sortira de sa misère. Si non, Sharon pourra tout boucler et laisser les terroristes entre eux s'entre terroriser. 

Un exploitant agricole de Gaza tient ce discours :   
  ‘’     Nous employons de nombreux Palestiniens qui sont enchantés d’avoir du travail. Nous détenons des techniques avancées. Maintenant que les Palestiniens ont un gouvernement plus réaliste que celui du démon Arafat, il aurait été facile à nos dirigeants d’établir de concert avec eux un plan de désengagement sous caution internationale, étalé sur quelques années. Ceci, afin de permettre la mise en valeur de la région par la formation de cadres palestiniens capables de reprendre nos exploitations essentiellement agricoles qui, vous le savez, sont des modèles d’efficacité uniques au monde : il y a vingt-cinq ans, ici, c’était un désert.
       L’ État d’ Israël se serait engagé à former d’autres cadres aux métiers du tourisme afin de développer cette activité porteuse de richesse dans ce décor enchanteur. Nous aurions pu aussi créer avec et pour eux une industrie. Toutes ces initiatives génératrices d’emplois nous auraient permis de nous réinstaller derrière la Ligne verte tout en gardant contact avec nos remplaçants, ce qui aurait généré des échanges commerciaux et autres, seuls garants d’une paix durable.
       J’anticipe votre question : en cinq ans seulement, tout cela aurait été possible’’  extrait d'un éditorial de Guy Senbel pour Guyssen (18/6/05)

Cet homme a fondamentalement raison. Malheureusement, le pouvoir palestinien est très fragile Abou Mazen doit prouver rapidement qu'il obtient du concret.  Des promesses n'auraient rassuré personne, et n'auraient pas empêché la prise de pouvoir par des extrémistes impatients.
       Ce témoignage met en évidence que l'évacuation, comme la séparation (mur-barrière) est un divorce douloureux. Je préfère les unions heureuses, mais entre les palestiniens et les israéliens, on voudrait simplement éviter les coups.

c) Les manifestations de l'opposition 

L'opposition au retrait est minoritaire, selon tous les sondages, mais très motivée. Ceux qui l'approuvent le sont sans enthousiasme. Ils ne descendent pas dans la rue, eux.

La couleur orange a été à la mode, au plus grand bonheur de certains n'avaient pas prévu de vendre autant de chapeaux orange, de pulls orange etc...     Par contre dans les magasins chics de Tel Aviv, les tenues orange, tès tendance sont restées sur les rayons.
Les voitures de Judée Samarie se sont enrichies de drapeaux orange... et en réaction, les opposants ont mis des drapeaux bleus et blanc. 
Certains se sont teint les cheveux en orange, on a fabriqué des glaces spéciales, de la bonne couleur ! 

Des manifestations impressionnantes ont eu lieu,  dans les grandes villes, sur les routes, dans la bande de Gaza, puis autour du territoire quand il était fermé, devant le mur occidental. Des centaines de milliers de gens sont venus, en général en famille, avec des chants, et sans agressivité, comme le montre ce témoignage d'Elie Kling à Kfar Maïmon où à eu lieu un grand rassemblement "orange"

« Ce qui frappe tout d'abord dans ce qui parfois ressemblait à un Woodstock pour kippottés, c'est en effet ce que l'on appelle dans nos textes la Ahavat Israël, l'amour de l'Autre.
        Les dizaines de milliers de manifestants sont tellement loin de l'image que l'on cherche si souvent à donner d'eux ! L'hymne incontesté de ce rassemblement, c'était ce refrain que l'on entendait à chaque coin de rue et à chaque réunion provoquée par les organisateurs: "On aime Tsahal. On vous aime, vous, les soldats et les policiers!"

 
     « 
Je sais que parmi les 20 000 soldats qui ont transformé mon village en camp retranché comme si nous étions de dangereux terroristes, devait se trouver mon fils. 
     Et dire que certains ont osé envisager (et peut-être l'espéraient-ils?)  que j'élèverai ma voix ou ma main sur lui ou sur l'un de ses copains!
   Mais que ne sont-ils venus voir ce qui s'est passé ici, tous ces calomniateurs!
    Des assiéges distribuer des confiseries aux soldats! Des soldats déposer un réservoir d'eau aux assiégés ! 
   Ont-ils entendu les discussions engagées chaque nuit entre nous et nos enfants en uniforme derrière les grilles ? 
    De quelle violence parle-t-on ?   
    On n'arrête pas un mouvement de masse en confisquant le permis de conduire des chauffeurs d'autobus pour les empêcher d'avancer. 
    Ni en plaçant des dizaines de milliers de policiers tout autour du village où ils se sont rassemblés pacifiquement pour mieux les accuser ensuite de dégarnir les forces de l'ordre dans le reste du pays! 
    Ni en utilisant l'armée contre des civils, comme si nous étions devenus un état totalitaire, 
    Ni en nous empêchant de tendre la main à nos frères, les héroïques pionniers du Goush Katif. 
   Ni en utilisant la provocation et la manipulation des médias! 
   La vague orange vient de marquer un point extrêmement important dans l'opinion publique israélienne.
»
  

On a vanté la jeunesse : 70 % des 15-17 ans seraient contre le retrait ! ceci s'explique facilement par la très forte natalité des milieux religieux, par l'enseignement qui leur est inculqué, et par le manque  de recul naturel chez les jeunes.  

     «  Il se passe maintenant un phénomène nouveau en Israël. Il semble que la génération vieillissante ne soit plus à même de porter avec indépendance et dignité son identité; ils sont terminés, comme la génération sortie d'Egypte et usée. 75% ou plus sont restés en Egypte, et les autres ont refusé l'identité de la Torah et de la terre, résidence du Très-haut. Ils meurent dans le désert malgré leur exploit de la sortie d'Egypte et du Sinaï. Ainsi d'une génération de vieux généraux. On avait vu cela aussi, la déchéance des ex-généraux glorieux dans d'autres pays. Passons. 

      Mais un nouveau phénomène se produit: sans avertissement, l'idéal explose chez les jeunes: la Torah et la terre et le peuple et sa construction et sa défense, ils en veulent. Et aucune des combines des anciens ne les impressionnent, ni la prison. Ce ne sont pas des délinquants ni des drogués, ni des endoctrinés, ils reprennent seulement le flambeau des générations malgré le mauvais exemple de leurs anciens dégradés. C'est un changement considérable dans la société israélienne dont il importe de prendre conscience. Impossible de prévoir son avenir mais il faut le percevoir.
Le Rav Mordékhaï Eliahou, l'ancien Grand Rabbin d'Israël s'adresse officiellement à cette génération et leur dit: "demandez une dispense d'accomplir la sale besogne d'expulser les Juifs et si on ne vous l'accorde pas, soyez prêts à aller en prison". A 58 jours de la réalisation, c'est une déclaration majeure pour toute cette génération http://www.nrg.co.il/online/1/ART/947/888.html Elle va faire du bruit dans le pays et au gouvernement.   (Bulletin Modia du 19/6/2005).

Contre le retrait, tous les arguments ont été utilisés, des plus rationnels (exposés plus haut), aux plus politiciens : 
Sharon a des soucis, car pour financer sa campagne électorale, son fils a été amené à faire des opérations que la loi réprouve, il est donc en délicatesse avec la justice. On a dit que le désengagement était une manœuvre de diversion. Un livre «
Boomerang»  prétend dévoiler les dessous du retrait, ce serait une façon d'échapper à la justice… 

On a utilisé tous les abus de langage possible, certains sont allés jusqu'à parler de déportation, jusqu'à comparer les expulsés de Gaza aux victimes de la Shoa, jusqu'à se déguiser en déporté. 

Des militants d'extrême droite affirment avoir organisé une "Pulsa Dinura" (cérémonie kabbaliste où l'on demande à Dieu de maudire une personne considérée comme pécheresse) réclamant la mort du Premier ministre Ariel Sharon. Cette cérémonie s'est tenue dans le cimetière antique de Rosh Pina et autorisée par certains rabbins. "C'était un appel aux anges de la destruction, pour qu'ils tuent Ariel Sharon", a déclaré à Ynet  Michaël Ben-Horin, l'un des participants.

Deux incidents plus grave se sont produits :

è  
Des routes ont été coupées paralysant le pays, pour les ouvrir, la police a été amené à arrêter les fautifs qui étaient parfois des enfants. Les enfants refusant de décliner leur identité se sont trouvés en prison. L'exploitation des enfants militants n'est donc plus une spécialité palestinienne !

è
   Une altercation à Gaza (à Moussaoui) entre des lanceurs de pierre palestiniens et des militants d'extrême droite venus soutenir les gens du Goush Katif,  s'est terminée par le quasi lynchage d'un arabe qui a échappé de peu à la mort. (Il faut aussi rappeler que pendant cette période le Djihad et  le Hamas ont commis plusieurs crime,  et que personne ne trouve cela scandaleux... ce qui est un scandale !)

è    
Pire, un déserteur fanatique a attaqué à Shfar'am (village druze et arabe de Galilée) un bus, a tué le chauffeur et trois passagers avant d'être arrêté et lynché par la foule.    On peut penser qu'il espérait  provoquer une insurrection arabe capable d'empêcher le désengagement en radicalisant l'opinion juive.

 è    Mais le plus grave est l'appel constant à la désobéissance et à la sédition, de ceux qui mettent leur lecture de la Thora au dessus des lois de la République. Cela engendre une radicalisation de l'opinion contre les religieux, et un risque de division au sein du peuple d'Israël, que personne ne souhaite au fond dans le pays.  


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

   Ces excès ont choqué la majorité silencieuse qui est de plus en plus nombreuse à souhaiter que le désengagement ait lieu dans l'ordre et le plus vite possible. On est pour le désengagement, par ce qu'on ne veut pas faire de cadeau à ceux qui sont contre !

 

A suivre.....