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Mivy décoiffe,
car il a été conçu par un chauve !

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L'autre comme toi-même


Vendredi, 12-Jui-2015
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Le héros de la Genèse n'est jamais unique, c'est l'autre qui lui permet d'être lui même.
Il est ordonné d'aimer son prochain, c'est la seule façon de se rapprocher de Dieu
Mais comment traiter de prochain l'étranger, lui qui est si loin par définition ? et comment pardonner à son ennemi ?  Ne dit on pas que celui qui fait le mouton, le loup le mange ?
 

L'association Théodore de Bèze, du nom d'un humaniste et théologien protestant né à Vézelay en 1515, organise tous les ans à Vezelay dans l'Yonne une rencontre inter religieuse dans un cadre magnifique, au pied d'une des plus grande basilique de France. J'ai été contacté  pour représenter le point de vue du judaïsme sur le thème de l'année "L'autre comme toi même", cela m'a donné l'occasion de  réfléchir et de bâtir une synthèse des écrits d'auteurs très différents les uns des autres, tant par leurs idées que par l'époque où ils vivaient, et où ils vivent. Vous trouverez en fin d'article une bibliographie rappelant les auteurs dont je me suis très largement inspiré. Je les en remercie.

Première partie
L'AUTRE PERMET AU HEROS DE LA GENESE D'ETRE LUI-MÊME

L'autre comme toi même, nous ne pouvons pas vivre sans l'autre, ni avec l'autre, et c'est cela notre problème.

Le premier autre, est la femme :

Si nous lisons la bible, dès le début, l'homme ne peut pas vivre sans l'autre, ne lisons nous pas : (Gen 2-18)
וַיֹּאמֶר יְהוָה אֱלֹהִים, לֹא-טוֹב הֱיוֹת הָאָדָם לְבַדּוֹ; אֶעֱשֶׂה-לּוֹ עֵזֶר, כְּנֶגְדּוֹ.

Et il dit le Seigneur Dieu, il n'est pas bon que l'homme soit seul, je lui ferai une aide contre lui

Rabbi Eliazar et Rachi précisent, s'il le mérite, ce sera une aide, sinon, elle sera contre lui (Yebamot 63A) .

Mais un grand maître hassidique, Rabbi Yossef Modékhaï Leiner (1814-1878 auteur du Méi hachiloa'h, disciple du Rabbi de Kotzk) propose une toute autre lecture. Pour lui, les deux termes «une aide » et « contre lui » doivent être lus ensemble : « le rôle de l'épouse c'est d'aider son mari en lui apportant la contradiction. Elle Adaml'aide à progresser du fait même qu'elle est contre-lui, comme Rabbi Yo'hanan et Rech Lakich ! (1) ».

De toute manière, elle l'aide, elle sait ce dont il a besoin, elle lui offre, le réconforte, l'encourage, et si cela est nécessaire s'oppose à lui. C'est alors sa manière de l'aider tandis qu'il prend de plus en plus conscience de lui même, et devient celui qu'il est vraiment (Raphaël Cohen)

Rabbi Samson Raphaël Hirsch (1808-1888, père de la néo-orthodoxie allemande) fait remarquer qu'en hébreu, une même racine signifie à la fois « identique, semblable » et « inexistant » (chavé signifiant « égal » et chav signifiant « vain ») : « de manière surprenante, écrit-il (Cf. son commentaire sur Exode 20,7), la langue hébraïque associe les notions de ressemblance et d'égalité aux notions de vanité et de non-être (...) Le signe caractéristique fondamental d'une véritable existence semble être la singularité, la particularité. Tout ce qui est réel est exclusivement individuel ».

 

 

Le second autre c'est Abel

Et cela ne se passe pas mieux...

וְהָאָדָם, יָדַע אֶת-חַוָּה אִשְׁתּוֹ; וַתַּהַר, וַתֵּלֶד אֶת-קַיִן, וַתֹּאמֶר, קָנִיתִי אִישׁ אֶת-יְהוָה. וַתֹּסֶף לָלֶדֶת, אֶת-אָחִיו אֶת-הָבֶל

Et Adam connu Eve sa femme, elle conçu et accoucha de Caïn, et elle dit, "J'ai acquis un homme avec HM." Ensuite, elle enfant son frère, Abel.

On voit l'origine de l'inégalité. Pour Caïn, trois personnes sont mis en cause, le père, la mère, et le Seigneur, puis on précise que c'est un contrat entre la femme et l'Éternel qui permis ce miracle, alors on explique son nom "Cain". Par Abel, rien seule Eve est en cause, et son nom signifie : Vapeur, buée...  tout un programme  !

Plus tard les choses s'aggravent, Caïn culive la terre Adama, du nom de son père Adam, et Abel garde les troupeaux, garder vient de la racine "voir", il regarde, c'est peu fatiguant, c'est le job qu'on confie aux enfants. Puis Caïn invente la religion, il décide d'offrir un sacrifice, alors le petit veut faire comme le grand frère.
Et alors, c'est la catastrophe, non seulement l'Eternel a accepté le sacrifice du petit frère, mais il n'a même pas regardé celui de l'aîné !  alors il a perdu la face

וַיִּחַר לְקַיִן מְאֹד, וַיִּפְּלוּ פָּנָיו.

Le Seigneur a essayé de le consoler, en lui faisant remarquer que tout dépendait de lui, mais la déception a été trop forte alors le drame se produit :

וַיֹּאמֶר קַיִן, אֶל-הֶבֶל אָחִיו; וַיְהִי בִּהְיוֹתָם בַּשָּׂדֶה, וַיָּקָם קַיִן אֶל-הֶבֶל אָחִיו וַיַּהַרְגֵהוּ.

Caïn a parlé à Abel...  et Abel n'a pas répondu. Alors face à l'absence de dialogue, Caïn a frappé.
       
Nous assistons à un premier crime, et la justice n'est pas facile à rendre :

Cain  avait perdu la face.  Abel n'a pas écouté son frère

La faute d'Abel a été ne pas répondre à Caïn, et l'absence de dialogue génère la violence, et c'est vrai dans les relations que nous avons entre nous, est c'est vrai dans les relations internationales.
La colère vient régulièrement de la difficulté à s'exprimer.
La parole est un anti dote contre la violence, mais la parole a besoin d'être entendue, Abel n'a pas voulu entendre, et c'est son erreur, il l'a payé de sa vie.

L'attitude vis à vis de l'autre : Noé et Abraham

Noé était un juste dans sa génération, il allait selon Dieu (Noah iche Tsadik tamide, haya bi dorotav, et' Haélohim Hitalekh Noah, venoah matza hen beéné hachem)=> 

נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה, בְּדֹרֹתָיו:  אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ ח וְנֹחַ, מָצָא חֵן בְּעNנֵי יְהוָה.

Noé est tsadik, le texte explique : "avec elohim marchait Noé" mais "il a trouvé grâce aux yeux d'Adon "

Noé est tsadik par rapport à elohim, mais trouve grâce aux yeux du Seigneur ( hachem). Cela signifie que Noé est tsadik par rapport à l'ordre d'une vérité morale d'après les lois de la création (elohim est le nom de Dieu comme créateur du monde).
En revanche, relativement au projet de Dieu pour l'histoire humaine (c'est dans l'histoire humaine que le nom hachem se révèle), Noé a trouvé grâce.
Noé marche avec Dieu, il est conforme à la révélation déjà acquise, alors que Abraham marche devant Dieu, est une sorte d'éclaireur qui ouvre la route par où la révélation pourra passer. Il y a entre eux une différence d'envergure radicale.

La différence est que Noé ne se préoccupe pas d'autrui, rien dans la thora ne signale qu'il aurait eu la moindre pitié pour les créatures qui allaient disparaître, alors qu'au contraitre Abraham devant le désastre annoncé de Sodom a plaidé pour sauver la ville au nom des justes qui s'y trouvaient.

Abraham au contraire avait une tente, avec une ouverture aux quatre coins cardinaux  pour accueillir l'hôte de passage, et lui transmettre la parole de Dieu. Il n'était pas replié sur sa famille et sa communauté.

Dov Maimon pense à cette différence d'accueil, que préférons nous vivant dans un monde où les gens se conduisent mal ?  ?   Comme Noé monter dans l'Arche, éventuellemenet l'avion d'EL AL pour Israël, ou nous enfermer dans une Yeshiva et ne fréquenter que les 'Hassid ? ?    ou alors comme Abraham, s'ouvrir à tous les vents et tenter d'améliorer le monde en montrant l'exemple ?  ?

Les frères terribles, Isaac et Ismaël -

Pour l'israélien actuel, l'autre, c'est Ismaël, l'islam, or Ismaël est né avant Isaac, comme Caïn, il n'a pas accepté le petit frère, et il a rit.

וַתֵּרֶא שָׂרָה אֶת-בֶּן-הָגָר הַמִּצְרִית, אֲשֶׁר-יָלְדָה לְאַבְרָהָם--מְצַחֵק.

Et Sara vit le fils d'Agar l'égyptienne qui avait été enfanté à Abraham, rire.

Ismaël Rit alors qu'Isaac riera. Le premier sens bien sûr est la moquerie, vu l'âge des parents, Ismaël a pu avoir des doutes sur la paternité, mais les rabbins disent, qu'il était impatient, il voulait rire de suite sans attendre, et les principales fautes d'Israël sont justement dues  l'impatience, comme ce fut le cas du veau d'or.
Sara ne voulait pas que l'héritage de la promesse divine revienne à celui qui est impatient, qui considère que le monde est bien comme il est, il faut d'abord le terminer avant de pouvoir en profiter, il fallait chasser celui qui donnait le mauvais exemple.

Ce rire est égyptien, ici, Ismaël n'est pas lui même, il l'a été lors de sa naissance, de sa circoncision, lorsque Dieu l'a béni en lui promettant une nombreuse descendance, et lors de la mort d'Abraham, où il est revenu se recueillir avec tous ses enfants.

Ce qui uni Isaac et Ismaël, c'est la foi en un Dieu Unique,

«Le modèle laïque est inopérant avec les religieux,
Je préfère organiser des rencontres et des visites croisées, à l'écart des caméras - nous emmenons des cheikhs dans les synagogues et des rabbins dans les mosquées.
Dans cette région du monde, il n'y a pas d'autre issue que de rester profondément soi-même, en apprenant à accepter l'autre dans son altérité.
Car le problème n'est pas dans nos identités particulières.
Il vient de ce qu'elles sont vécues sur un mode exclusif.
» dit  Dov Maimon

  Ysmaël, veut dire «Dieu m'a entendu», et Ismaël a entendu Dieu aussi et est venu en paix, à Hebron, puisse ce retour revenir bien vite, et alors Isaac et Ysmaël pourront se réjouir.

Jacob et Esaü

Dans la tradition rabbinique, les deux frères jumeaux se sont battus pour le droit d'aînesse, il ne s'agissait pas de la propriété des terres familiales, mais de l'héritage d'Abraham, héritage spirituel de la prêtrise.

Esaü représente l'homme des champs, le chasseur, la force et la violence, il a deux noms, Edom, le rouge car il était velu et rouquin, et évoque le sang. Par contre Jacob qui s'appelera aussi Israël est l'homme des tentes chéri de sa maman. Un intellectuel.
Pour la chasse, il faut ruser, pour l'étude être honnête. 
« Il n'y a que deux sortes de relations entre l'homme et son prochain, la logique ou la guerre. » (Paul Valéry)

On a identifié dès le début du Talmud Rome avec Edom, ainsi l'autre, l'ennemi, le conquérant violent, celui qui a été capable de crucifier des dizaines de milliers de juifs en répression, celui qui construit des villes extraordinaires, le tout puissant est le frère de l'homme des tentes dont le refuge est dans la thora.
       Toutefois, il ne faut pas garder rancune, ni avoir peur : 

ח לֹא-תְתַעֵב אֲדֹמִי, כִּי אָחִיךָ הוּא; לֹא-תְתַעֵב מִצְרִי, כִּי-גֵר הָיִיתָ בְאַרְצוֹ.

8 N'aie pas en horreur le peuple d'Edom, car il est ton frère; n'aie pas en horreur l'Egyptien, car tu as séjourné dans son pays.  (Deut 23-8)

Amalec est le fils d'Esaü, par ce que les guerriers d'Amalec ont attaqué les enfants d'Israël, on peut lire dans l'exode :

14 L'Éternel dit à Moïse: "Consigne ceci, comme souvenir, dans le Livre et inculque-le à Josué: 'que je veux effacer la trace d'Amalec de dessous les cieux.' " 15 Moïse érigea un autel, qu'il nomma: "Dieu est ma bannière." 16 Et il dit: "Puisque sa main s'attaque au trône de l'Éternel, guerre à Amalec de par l'Éternel, de siècle en siècle!"

La guerre à Amalec est éternelle, et la tradition veut qu'Haman, le méchant de la fête de Pourim, soit descendant d'Amalek, ainsi d'ailleurs, plus proche de nous qu'Hitler.

Cependant, la guemara (Guittim 57 b ) raconte : Haman était un descendant de Agag, le roi d'Amalek (Esther 3 :1 ; Chemouel I, 15 :8) mais les petits fils d'Haman étudiaient la Torah à Bnei Brak - Bien que nous ayons l'obligation d'effacer les traces d'Amalek, nous sommes obligés de nous souvenir de ses mauvaises actions (comme un devoir de mémoire) - Une explication s'inspirant de la Guemara Kiddoushin 30b
« Si le "Yetser Hara cherche à te faire du mal, traîne le au Beth Hamidrach ».
En mettant le nom d'Amalek au coeur d'un passage de la Guemara, il est clair qu'il sera emmené au Beth Hamidrash et qu'alors il sera désarmé

C'est toujours d'actualité, il y en Israël des descendants de dignitaires nazis qui étudient la Thora dans des Yeshivoths.

Pour la Thora, quelque soit son hérédité, l'homme reste maître de son destin. En prémice des temps messianiques, on voit aujourd'hui l'Église reprendre les grands thèmes moraux de la Torah et se les approprier.

Nous voyons les champions de la matérialité, de la puissance retrouver Jacob dans sa tente et étudier avec lui. Alors et on comprend pourquoi Isaac tremble devant le spectacle :   "Les mains sont les mains d'Esaü, mais la voix est la voix de Jacob"

 
II - S'AIMER eT AIMER L'AUTRE

Ton prochain est une image de Dieu accessible

תלמוד בבלי מסכת בבא קמא דף ל עמוד א אמר רב יהודה האי מאן דבעי למהוי חסידא לקיים מילי דנזיקין, רבא אמר מילי דאבות, ואמרה לה מילי דברכות

Talmud de Babylone, Traité Baba Kama 30a   :
Celui qui veut devenir Hassid, qu'est-ce qu'il doit faire ?

  • Rav Yehouda répond : c'est celui qui respecte les lois du droit civil.
  • Rava dit : c'est celui qui respecte les Maximes des pères.
  • D'autres disent encore : c'est celui qui respecte [le traité] Berakhot

Le Maharal de Prague explique qu'il s'agit là de trois dimensions de piété.
Tout d'abord, avoir de parfaites relations avec les autres, ce qui se traduit dans la vie de tous les jours par un souci permanent de ne jamais causer du tort à autrui.
Puis, avoir soi-même de parfaites vertus. C'est le respect du Pirké Avoth.
Et enfin, avoir une parfaite relation avec Dieu, représentée par le respect du traité de Berakhoth.
Ainsi, celui qui se garde à tout prix de porter préjudice aux autres est considéré comme un véritable pieux, un'hassid.

Prendre garde de ne pas causer de dommages à son prochain n'est pas pour le judaïsme un simple moyen de faire régner l'ordre dans la société, mais c'est aussi et surtout un moyen de se rapprocher de Dieu.

Traité Yoma Ch.8 mishna 9 עבירות שבין אדם למקום יום הכפורים מכפר עברות שבין אדם לחברו אין יום הכפורים מכפר עד שירצה את חברו  

"Les fautes de l'homme envers Dieu  sont pardonnées par le Jour du Pardon ; les fautes de l'homme envers autrui  ne lui sont pas pardonnées par le Jour du Pardon, à moins que, au préalable, il n'ait apaisé autrui…"

Mes fautes à l'égard de Dieu se pardonnent sans que je dépende de sa bonne volonté ! Dieu est l'autre par excellence, l'autre en tant qu'autre, l'absolument autre - et cependant mon arrangement avec Dieu ne dépend que de moi.
       L'instrument du pardon est entre mes mains. Par contre, le prochain, mon frère, l'homme, infiniment moins autre que l'absolument autre, est en un certain sens, plus autre que Dieu : pour obtenir son pardon le jour de Kippour, je dois au préalable obtenir qu'il s'apaise.

Dans le judaïsme le plus important pour le Juif n'est pas de pardonner ou non, mais de réussir à se faire pardonner

La tradition veut qu'il faut faire au moins trois tentatives pour s'excuser, pour réparer le préjudice causé, et si l'offensé refuse d'écouter, c'est lui qui devient coupable.

Traité Yoma 87a  « Rav eut affaire (un conflit) avec un égorgeur de bétail. Celui-ci ne vint pas chez lui à la veille de Kippour. (pour faire la paix).
Alors Rav dit : "J'irai moi vers lui pour l'apaiser".
En route Rav Houna le rencontra. Il lui demanda : "où va le maître ?"
Il répondit : "je vais me réconcilier avec untel".
Rav Houna lui répondit : "Père (formule de politesse) va assassiner quelqu'un".

Le boucher était assis et martelait une tête de bétail, il leva les yeux et vit Rav.
Le boucher cria : "va-t-en ! Père, je n'ai rien de commun avec toi"
Alors qu'il martelait la tête, un os se détacha, s'enfonça dans sa gorge et le tua.

        Rav commentait un texte devant Rabbi, vint Rabbi Hiya il recommença depuis le début. Vint Bar Kappara, il recommença encore. Vint Rav Simon le fils de Rabbi, il reprit encore. Vint Rabbi Hanina fils de Hana,
Rav dit alors : "Combien de fois va-t-on revenir et se répéter ?"
Il ne revint pas au commencement.
Rav Hanina en fut meurtri. Pendant 13 ans, la veille de Kippour,
Rav alla demander pardon, mais Rabbi Hanina ne fut pas calmé.

Pourquoi Rav a-t-il agi ainsi ? Rabbi Yossi n'a-t-il pas enseigné : Quiconque demande pardon à son prochain de le dégager, ne demandera pas plus de trois fois ? Et pourquoi Rabbi Hanina a-t-il agi ainsi ? Rabba n'a-t-il pas enseigné : celui qui pardonne sera pardonné ?

Car Rabbi Hanina a eu un rêve voyant Rav pendu à un palmier. Or il est dit :
"quiconque apparaît en rêve pendu à un palmier est promis à la souveraineté. Il pensa donc que Rav serait chef des académies, aussi ne se laissa-t-il pas apaiser afin que Rav parte et enseigne en Babylonie. (Traduction : Philippe Haddad )

Emmanuel Lévinas explique  « La vraie relation entre l'homme et Dieu dépend d'une relation entre l'homme et l'homme pour laquelle l'homme reprend la pleine responsabilité comme s'il n'existait pas de Dieu sur qui compter. » 

 

 

Respecter son prochain :

Qui est honoré ? celui qui honore son prochain (Pirke Abot)

"Rav Zuta disait enfin au de Rav, et d'autres disent que Hunnan fils de Bizna disait avoir entendu dire à R. Chimeon Hasida (le pieux), et de nouveau d'autres disent que Rabin Yohanan disait cela au nom de Chiméon fils de Johaï : Il vaudrait mieux à l'homme de se jeter dans le foyer d'une fournaise allumée d'où le déduisons nous ? de Tamar car il est dit (Gen 38:25)

« 24 Or, environ trois mois après, on informa Juda, en disant: "Thamar, ta bru, s'est prostituée et elle porte dans son sein le fruit de la débauche." Juda répondit: "Emmenez la et qu'elle soit brûlée!"25 Comme on l'emmenait, elle envoya dire à son beau père: "Je suis enceinte du fait de l'homme à qui ces choses appartiennent." Et elle dit: "Examine, je te prie, à qui appartiennent ce sceau, ces cordons et ce bâton." 26   Juda les reconnut et dit: "Elle est plus juste que moi, car il est vrai que je ne l'ai point donnée à Chéla mon fils. »

Les sages ont enseigné dans une Beraïta : ..  Un certain non-juif se présentat devant devant Chammaï et lui dit : "Convertit moi au Judaïsme à conditon de m'enseigner toute la Thora pendant que je me tiens debout sur un pied" Chamaï repoussa la personne avec une règle, qu'il tenait à la main.
(Le Maharcha suggère que la demande du non-juif n'était pas complètement fatécieuse. Il voulait savoir en fait s'il était possible de faire tenir la Torah «sur un pied» c'est à dire s'il était possible d'identifier un principe fondamental unique surlequel la Torah serait basée.
Chammaï répondit par la négative, en l'écartant au moyen d'une règle à mesurer les fondations des constructions. Par ce geste, Chammaï voulait signifier que de même qu'un bâtiment ne peut tenir sur un piedestal unique, de même la Thora ne peut pas être réduite à un seul principe. Au contraire ses préceptes couvrent un large spectre et ne peuvent être résumé. )

Le non juif sans se décourager alla trouver Hillel et lui fit la même requête, et Hillel le convertit?  Avant la conversion Hillel lui dit : " Ce qui est détestable pour toi, ne le fais pas à ton prochain. Ceci en quelques mots est la thora toute entière; tout le reste n'est qu'une application de ce principe. Maintenant va et étudie-le.

Selon Rachi, Hillel introduit les deux dimentions de la torah, ton prochain renvoie à tout autre, comme dit le verset : «Ton prochain est le prochain de ton père, ne le délaisse pas » (pr 27,10) il évoque aussi le semblable Aime ton prochain comme toi même (Lev 18-18).

C'est donc à partir de la conscience de l'autre, dans ses véritables valeurs de justice morale, celle de ne pas tuer, de ne pas voler, que repose l'essentiel des valeurs de la Torah. Hervé Bokobza continue en expliquant : « Il n'existe par conséquent, pas d'autre réalité permettant de percevoir la quintessence de l'enseignement et de la connaissance de Dieu que de s'engager dans cette voie morale de la conscience de l'autre jusque dans les attitudes les plus banales de la vie courante. »

Fais en sorte que le nom de Dieu soit aimé à travers toi. Si un homme religieux étudiant la Torah est honnête dans son comortement digne et respectueux envers ses semblables, les gens diront de lui : "Heureux cet h omme, qui étudie la Torah et ses maîtres qui l'on enseigné ! Voyez cet homme qui a étudié la Torah: comme ses voies sont belles et sa conduite parfaite" Mais si un homme tout en étudiant la Torah a une conduite indigne, manque de respect envers ses semblables et fait preuve de malhonnêteté dans les affaires, on dira de lui : "Malheur à cet homme qui a étudié la Torah, malheur à ses maîtres ! Heureux sont ceux qui n'étudieront pas la Torah, car voyez la conduite de ceux qui ont étudié, comme leurs voies sont corrompues" Yoma 86a

 

 

Tu aimeras ton prochain comme toi même

ח לֹא-תִקֹּם וְלֹא-תִטֹּר אֶת-בְּנֵי עַמֶּךָ, וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ: אֲנִי, יְהוָה .

18 Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple, mais aime ton prochain comme toi-même: je suis l'Éternel.

כָּמוֹךָ Kamokha Comme toi

Tu aimeras ton prochain soit comme tu t'aimes toi même, soit car il est comme toi, ou encore car il est ton égal.

  • tu attend qu'on te rende homage, qu'on te salue, qu'on te donne une place...tu aimes bien qu'on fasse pour toi, fais le pour l'autre
  • ton prochain est un concurrent, il est comme toi, l'artisan déteste l'artisan, toi le cordonnier, je ne te demande d'aimer non seulement les autres corporations, mais aussi ton concurrent l'autre cordonier.
  • Si tu aimeras ton prochain, moi Hachem je ferais comme toi, moi aussi je t'aimerai. Si tu n'aime pas l'autre, pourquoi voudrais tu que je t'aime. Dieu sera comme ton ombre

Aimer ne se fait pas dans le vague et l'irréalité envers toute l'humanité car alors il n'y a plus qu'une idéologie, et l'on voit souvent les idéologues politiques et religieux devenir les plus cruels au nom de leur idéologie d'amour universel.
Le judaïsme n'a pas ce travers et ne cherche pas à convertir les autres par la force, par la loi et par la prison et par la mort. Qu'ils aient leurs dieux disent nos textes. Nous devons aimer ainsi qu'il a été dit, d'abord dans le cercle possible: autour de nous, nos proches.
Cela est simple: maison, famille plus large, amis, lieu proche.

      Certains rabbins affirment qu'il y a une certaine perversion à aimer plus le lointain, l'inconnu que ceux qui nous entourent, certains engagements pour des causes exotiques nous font négliger nos enfants, nos voisins, notre peuple.

 
III L'ETRANGER N'EST PAS PROCHE !  !

Tu aimeras l'étranger , oui, mais quel étranger ?

Maïmonide commente ainsi :

« Vous aimerez l'étranger. Il (Dieu) a commandé d'aimer l'étranger comme Lui-même, car il est écrit (Dt 6,5): ‚Tu aimeras l'Eternel ton Dieu », et Dieu également aime les étrangers, car il est écrit (Dt 10,18): 'Il aime les étrangers'. » (Mischne Tora, hilchot deot VI, 4)etranger

Il existe plusieurs mots pour désigner l'étranger certains ne figurent pas dans la Thora, mais dans le Talmud, comme "Akoum" = abrégé de "oved koh'avim oumazalot" = adorateur d'étoiles et d'astres…, c'est le terme utilisé pour désigner l'idolâtre. Le Talmud est très discriminatoire à son égard, il est supposé être méchant, zoophile, violeur, voleur et criminel, aussi le talmud prévoit-il toutes sortes de mesures discriminatoires.

On lit dans la michna « On ne laisses pas son animal à garder dans une taverne d' Akoun, car ces derniers sont suspects de perversion sexuelle,. Une femme ne doit pas s'isoler avec un idolâtre, de crainte d'être violée,. Un homme non plus ne doit pas s'isoler avec  un Akoum, du fait qu'ils sont présumés criminels » Avoda Zara 22-b  ?

Si au cours d'une transaction avec un Akoum, ce dernier se trompe en sa défaveur, on est pas obligé de rectifier la chose.
     Les sites antisémites se régalent en prenant ce type de conclusion, pour montrer la perfidie des juifs. Mais ils confondent "Goy" (non juif en général) et "Akoum".
Mais même envers un "Akoum" on doit se comporter correctement.
Voici un exemple antisémite, et la correction qui s'impose :  

7)  Choschen Ham 266, 1: "Un juif peut garder tout ce qu'il trouve si ce qu'il a trouvé appartient à un non-juif. Celui qui retourne un bien à un non juif accroît la puissance des non-juifs. Il est louable toutefois de retourner le bien au Gentil si cet acte conduit les non-juifs à considérer les juifs comme honorables ».
Encore du mensonge et rien que du mensonge.
Je vais donc citer le texte , voici ce qui y est dit:
"l'objet perdu par un "akoum" est permis (à celui qui le trouve), et celui qui le lui restitue commet un péché car il lui permettra de commettre des crimes avec. (=avedat akoum mouteret. Veamahzira aré zé over avéra mipné shéou mahzik yedé ovré avéra)".
 
Encore une fois il ne s'agît que du "akoum" (ayin – kaf – vav – mem = initiales de Oved Kohavim OuMazalot = adorateur d'étoiles et d'astres= assassin voleur sans foi ni loi).
Il est donc évident que cette loi ne s'applique pas en France par exemple, tant que la personne qui a perdu l'objet n'est pas un criminel avéré, ni non plus dans n'importe quel pays civilisé où les habitants ne sont pas des barbares, ce qui, Dieu merci est de plus en plus rare sur terre (qu'un endroit ne soit pas régit par des lois).

Voir accusations antisémites sur le talmud, et réfutation ici

La Thora parle des Ben Necar et des Guères.

: בֶּןנֵכָר Ben Necar on trouve ce mot pour désigner ceux qui sont totalement étranger, ceux qui ne sont pas de ta race .
וְכָל-אַנְשֵׁי בֵיתוֹ יְלִיד בָּיִת, וּמִקְנַת-כֶּסֶף מֵאֵת בֶּן-נֵכָר--נִמֹּלוּ, אִתּוֹ. {פ} 27 Et tous les gens de sa maison, nés chez lui ou achetés à prix d'argent à l'étranger, furent circoncis en même temps.

Par contre quand Abraham explique qu'il n'est qu'un résident étranger dans le pays, il se nomme : Guère Tochav  גֵּר-וְתוֹשָׁב étranger résidant

ד גֵּר-וְתוֹשָׁב אָנֹכִי, עִמָּכֶם; תְּנוּ לִי אֲחֻזַּת-קֶבֶר עִמָּכֶם, וְאֶקְבְּרָה מֵתִי מִלְּפָנָי.

4 "Je ne suis qu'un étranger domicilié parmi vous: accordez-moi la propriété d'une sépulture au milieu de vous, que j'ensevelisse ce mort qui est devant moi."

Dans l'exode, le «Ben Necar» n'a pas le droit de manger de l'agneau pascal, mais le «guère tochav » oui, à condition qu'il soit circoncis. La même loi régira le citoyen et le «guère». Tu ne vexera pas l'étranger, Vous connaissez le coeur l'âme de l'étranger, car étrangers vous avez été dans le pays d'Égypte et là aussi on parle de «guère».

Les mêmes lois s'appliquent au «guère» et aux enfants d'Israël, y compris le jeune de Kippour, si nous devons laisser l'étranger glaner, c'est bien du «guère» que la Torah parle. C'est toujours lui qu'il  ne faut pas molester. (Le mot «guère» est utilisé dans le lévitique et le deutéronome)

Certains  ont soutenu que le «guère» était un converti, en effet, les textes lui imposent de respecter certains ordres de la Thora, cependant tel n'est pas le cas, car il n'est pas obligé de manger cachère ;

Vous ne mangerez d'aucune bête morte: donne-la à manger à l'étranger admis dans tes murs (Deut-14-21) et ici on parle bien de «guère» .

Par contre : 25 De la part même d'un étranger vous n'offrirez aucun de ces animaux comme aliment à votre Dieu; car ils ont subi une mutilation, ils sont défectueux, vous ne les feriez point agréer."   et là l'étranger est qualifié de «Ben Necar»

De même l'année jubilaire annule les dettes, et on ne pourra plus contraindre son débiteur à payer,   Deut 15-3 L'étranger, tu peux le contraindre; mais ce que ton frère aura à toi, que ta main l'abandonne.    Ici aussi il s'agit du «Ben Necar»
Au Ben Necar on peut prêter à intérêt (Deut 23-21), mais on ne fausse pas le droit de l'étranger... s'il est «guère»  (Deut 24-17)

La menace viendra, si tu n'obéit pas aux lois de la Thora :

43 L'étranger qui sera chez toi s'élèvera de plus en plus au-dessus de toi, et toi tu descendras de plus en plus. 44 C'est lui qui te prêtera, loin que tu puisses lui prêter; lui, il occupera le premier rang, toi, tu seras au dernier. 45 Et toutes ces malédictions doivent se réaliser sur toi, te poursuivre et t'atteindre jusqu'à ta ruine, parce que tu n'auras pas obéi à la voix de l'Éternel, ton Dieu, en gardant les préceptes et les lois qu'il t'a imposés.  

Et l'étranger en question, c'est le «guère» qui aura été traité comme un frère. Plus loin on préciser que le «Ben Necar»  viendra et contemplera la ruine du peuple d'Israël (Deut 29-21)

Le guère, s'il devient prosélyte, peut se considérer comme un Israélite parce que c'est notre père Abraham qui a enseigné le peuple, l'a amené à la connaissance et lui a donné la vraie foi, tout comme l'unicité de Dieu. Par conséquent, un prosélyte peut aussi prier: « Dieu et Dieu de nos pères; car Abraham est ton père » (réponse au prosélyte Obadja).

Le talmud ne réserve cependant pas la bienveillance uniquement aux «guère»
On prend soin collectivement des pauvres étrangers autant que des pauvres des Israélites; on soigne les malades des étrangers tout comme ceux des Israélites; on enterre les morts des étrangers comme les morts des Israélites »
        Il est écrit dans le Talmud « on rend visite un malade étranger (Necar) en même temps que l'on visite un malade juif pour des raisons de Darkei shalom ».(Gittin 61a).
ת"ר: מפרנסים עניי נכרים עם עניי ישראל, ומבקרין חולי נכרים עם חולי ישראל, וקוברין מתי נכרים עם מתי ישראל, מפני דרכי שלום.

MeiriMaïmonide précise dans son michné thora (loi des rois 10,12)
Même au sujet de l'idolâtre, les sages ont exigé de visiter leurs malades, d'ensevelir leurs morts avec les morts d'Israël, de soutenir leurs indigents au même titre que ceux d'Israsël. Cela pour favoriser la paix ainsi qu'il est dit : "L'Éternelests bon envers tous, sa miséricorde va à toutes les créatures (psaume 145,9). Il est dit aussi "Ses voies sont des voies de douceur, et tous Ses sentiers sont paisibles" (Proverbe 3,17)

Le Méiri ajoute : tout non-juif qui respecte les 7 lois noahides (=qui est civilisé et honnête) fait partie des "justes des nations" (hassidé oumot aolam) et des gens qui respectent une religion, et il aura part au monde futur (veyesh lo helek leolam aba)".

Le judaïsme promet la félicité dans le monde futur à tout homme intègre sans distinction de race ni de couleur ni de sexe ni de religion. Voir par exemple Tana Debé Eliaou §9 (au début du chapitre) : "je prends à témoin le ciel et la terre que tout homme, juif ou non juif (beyn israel beyn nohri), homme ou femme, esclave ou servante, en fonction de ses actes, l'esprit saint (rouah akodesh) l'habitera". C-à-d que même l'esprit saint peut habiter tout homme, juif ou non-juif, sans distinction de religion, ni de sexe, ni de classe sociale. Dieu est proche de tout homme intègre.

 

 

Faut-il pardonner au méchant ?

Hanna Arendt déclare que « La découverte du rôle du pardon dans le domaine des affaires humaines fut l'oeuvre de Jésus de Nazareth »

L'homme doit rester digne, et ne doit pas s'humilier devant le méchant. Rabbi Yehouda enseigne au nom de Rav : Pourquoi le roi Saül a-t-il été puni (destitué) ? Car il avait renoncé à sa dignité, ainsi qu'il est dit : « Mais (lorsque Saül fut choisi comme roi) des vauriens dirent : ''Comment celui-là assurerait-il notre salut ?'' Ils le méprisèrent et ne lui offrirent pas de présent. Mais lui s'y montra indifférent » (I S 10,27). Et aussitôt : « Nahach [Serpent] l'Ammonite vint dresser son camp contre la ville de Yavèch en Galaad » (I S 11,1).
Rabbi Yohanan enseigne au nom de Rabbi Chimôn ben Yehotsadak : Tout disciple des Sages qui ni ne se venge, ni ne porte rancune, comme un serpent, n'est pas digne d'être un disciple des Sages (Yoma 22b-23a).
Mais au delà de toute philosophie, le talmud rappel un lieu commun :

« Celui qui se fait mouton, le loup le dévore (Midrach Minha hadacha 4:2). »

Le Talmud va mettre en exergue « les états d'âme de Dieu ». Dans le traité Méguila (10 b) Rabbi Yéochoua ben Lévi enseigne : « Le Saint, béni soit-Il, ne se réjouit pas de la chute des méchants », à sa suite Rabbi Yohanan dit : « Les anges du Service ont voulu chanter l'Eternel au moment de la traversée de la mer, et le Saint, béni soit-Il, les fit taire en disant : « mes enfants se noient et vous chanteriez un chant ? » .
Par ce que Pharaon, notre ennemi s'est noyé dans la mer Rouge, on ne chante pas certains psaumes de joie les derniers jours de Pessah.

Il faut se demander pourquoi nous avons des ennemis, nous ne devrions pas en avoir, Qui est le véritable héros ? Celui qui fait de son ennemi un ami (arn a:23).comme dit rabbi Nathan dans le Talmud. Il faut parfois tendre l'autre joue...

Si nous sommes détestés, il faut déjà se demander si ce n'est pas de notre faute. Peut-être même sommes nous fautifs sans le savoir, d'où le rituel de Kipour.
Il se peut aussi que notre ennemi est un méchant, alors, dans son intérêt comme dans le nôtre, il faut le l'amener sur le droit chemin. Nous sommes responsables de nos propres fautes, pas de celles des autres.
Si nous pardonnions à nos ennemis, alors qu'ils continuent à se mal conduire, ils continueraient leurs mauvaises actions sans même en avoir conscience. Le mal serait banalisé. Un pardon hâtif serait contre productif, il y aurait très peu de chance de voir le méchant se se repentir et faire un retour vers le bien. par contre celui qui a fait "Techouva" doit être pardonné, et il est interdit de lui repprocher son ancienne inconduite.

L'exemple du pardon au méchant se trouve dès la Genèse, lorsqu'Abraham a absoud Abimélek, alors qu'il avait tenté de lui prendre sa femme ! ! Abimélek lui avait rendu, il avait fait "Teshuva", il n'était plus un ennemi, et comme dit le lévitique : «Tu ne te vengeras pas, tu porteras pas rancune".

Doit on pardonner à ses ennemis ? la réponse est non ! mais sans haine nous devons combattre le principe même de l'ennemi, cet Amalek qui fait que notre prochain nous déteste malgré notre bonne conduite. L'ennemi est d'abord en nous, c'est le mauvais penchant, il est aussi dans l'autre, et aussi longtemps qu'il sera là nous devrons le combattre, même si parfois nous sommes obligés, les armes à la main de lutter contre ceux qui abritent Amalek. Quand l'homme succombe sous nos coups, c'est toujours un drame et un échec.

Ce n'est pas le prochain, ton autre toi même qu'il faut combattre, mais le mal qui est en eux.

Il y avait des gens vils dans le voisinage de Rabbi Méir qui lui causaient grand tort. Rabbi Méir voulut implorer la pitié divine, pour que Dieu les fasse périr. Brouria, sa femme, à qui il fit part de ses intentions, lui dit : As-tu seulement compris le sens du verset : « Que les péchés disparaissent de la terre ! » Ps 104 : 35) ? Est-il demandé que les « pécheurs » disparaissent ou que les « péchés » disparaissent ? Les péchés !

Observe à présent la suite du verset, que dit-il ? – « et de méchants, il n'y en a plus. » En effet, puisqu'il n'y aura plus de péché, il n'y aura plus non plus de pécheur ! Invoque plutôt la pitié divine pour que ces hommes se repentent devant Dieu, et alors, de méchants, il n'y en aura plus ! Rabbi Méir implora la pitié divine pour que ces hommes s'amendent de leurs méfaits et ils revinrent à Dieu.

Michel Lévy

 

 

   
 

Bibliographie :
Raphaël Cohen : http://cohen.raphael.pagesperso-orange.fr
Une aide contre lui : http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=1610
Abraham et Noé : Léon Askenazi : http://ghansel.free.fr/noeabram.html
Tente d'Abraham : http://blog-fr.eteacherbiblical.com/index.php/soukkot-la-tente-de-lhospitalite-2/
Jacob et Esaü et Rome dans le Talmud et le Midrash : Mireille Hadass Lebel in : Revue de l'histoire des religions, tome 201 n°4, 1984. pp. 369-392.
La relation à autrui le jour de kippour - par Roland GOETSCHEL  http://judaisme.sdv.fr/perso/goetsch/index.htm
Etude talmudique : chabbat 31a sur le respect à autrui "Ne fait pas à autrui"
http://guiyour.clicforum.com/t108-Chabbat-31a.htm
Hervé Elie Bokobza : l'Autre , l'image de l'étranger dans le judaïsme
http://www.ajcf-lyon.org/spip.php?article228
Rahamim Dufour - Tu aimeras ton prochain comme toi-même : http://www.modia.org/inti/tora/vayiqra/tuaimeras.html
Sur Amalek : http://www.torahacademy.fr/devinette-sur-amalek
l'image de l'Autre commission du dialogue judéo-catholique de Suisse
http://www.kath.ch/sbk-ces-cvs/pdf/imagedelautretexte_f.pdf
Prier pour la guérison d'un non juif : http://www.cheela.org/priere/11514-prier-guerison-goy
Finance j uive et finance goy : manipulation antisémite des textes du talmud
http://www.chiourim.com/monde_juif_-_actualités/actualité/comparaison_finance_juive_finance_islamique_%3A_accusations_contre_le_talmud.html
Mis en forme sur Mivy     ici
Tu aimeras ton ennemi : Ryvon Kryger
http://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICLE=PARDE_036_0247
Léon Askénazi : La parole et l'écrit adition Albain Michel
http://www.albin-michel.fr/La-Parole-et-l-ecrit-tome-1-EAN=9782226108449


   
   
   
  <1) Le Talmud (traité Baba Metsia,  p.84a) illustre cet amour du débat par l'anecdote suivante : Rabbi Yo'hanan était le compagnon d'étude (et donc le contradicteur attitré) de Rech Lakich. Mais ce dernier mourut, ce qui provoqua une terrible déprime chez Rabbi Yo'hanan, désormais privé de son ami de toujours.
Pour lui redonner le moral et le goût de l'étude, les sages lui envoyèrent un érudit hors pair, véritable « puits de science » en la personne de Rabbi Elazar ben Pédat. Ce dernier se présenta devant Rabbi Yo'hanan et l'étude commença.
Dès que Rabbi Yo'hanan exprimait un avis, Rabbi Elazar l'approuvait et apportait des preuves à l'appui des dires de son nouveau compagnon.

Mais Rabbi Yo'hanan en fut profondément déçu.

« Tu crois pouvoir te mesurer à Rech Lakich ? Lui, au moins, quand j'avançais un argument, il savait me contredire en y opposant vingt-quatre objections m'obligeant à trouver vingt-quatre réponses ! Ainsi, notre étude était féconde ! Et toi, tu oses aller dans mon sens et me donner raison, comme si je ne savais pas que mes affirmations étaient fondées !

Alors Rabbi Yo'hanan déchira ses vêtements en signe de deuil et hurla en pleurant :
'Rech Lakich où es-tu ? Rech Lakich où es-tu ?'.
Son chagrin fut si violent qu'il en perdit l'esprit.
Les rabbins prièrent pour lui et il mourut ».

      Le Talmud conclut cet émouvant récit par la maxime suivante :
«sans ami, mieux vaut encore la mort»
Voilà une définition originale de l'amitié : un véritable ami, ce n'est pas quelqu'un qui ne fait que «nous caresser dans le sens du poil» et qui acquiesce à toutes nos déclarations. Un ami c'est surtout quelqu'un qui nous apporte la contradiction, qui a le courage de nous dire ce que nous n'avons pas forcément envie d'entendre...