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Elections tumultueuses en Iran

dimanche, 26-Jul-2009

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Election en Iran : Mahmoud Ahmadinejad réélu

par Marie-Claude Decamps
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2009/06/13/mahmoud-ahmadinejad-en-route-vers-la-victoire_1206422_3218.html

Le président iranien sortant, Mahmoud Ahmadinejad, a été déclaré officiellement vainqueur, samedi 13 juin, de l'élection présidentielle qui s'est tenue la veille, avec une passion, une hargne et une participation (plus de 85 %) rarement égalées. Samedi après-midi, le ministère de l'intérieur a officiellement annoncé son élection dès le premier tour avec 62,6 % des voix. Un score écrasant, bien peu en rapport avec tous les calculs prévisionnels effectués jusque-là et les déclarations au sortir des urnes.

Celui qui, au long de la campagne, était devenu son plus sérieux rival, l'ex-premier ministre Mir Hossein Moussavi, soutenu par ce qui semblait être une "vague verte" (symbole de la campagne) réformatrice, qui avait rassemblé de nombreux jeunes et des femmes, n'obtient que 33,75 % des voix selon le ministre de l'intérieur. Les deux autres candidats, le réformateur Mehdi Karoubi, ex-président du Parlement, et le conservateur modéré Mohsen Rezai, ex-chef historique des Gardiens de la révolution, feraient juste de la figuration avec moins de 2 % chacun.

Tôt dans la matinée, alors que 90 % des bulletins avaient été dépouillés, le directeur de campagne de M. Ahmadinejad se félicitait déjà : "La différence entre le nombre de votes obtenu par Ahmadinejad et celui recueilli par ses rivaux est telle que tout doute sur sa victoire sera interprété comme une forme d'humour par l'opinion publique", affirmait Mojtaba Samareh Hachémi.

Sans attendre la proclamation officielle des résultats, M. Moussavi qui, dès vendredi après-midi, sur la foi des enquêtes d'opinion, avait lui aussi revendiqué la victoire, a dénoncé avec force une "manipulation" massive du scrutin et de nombreuses violations. Dans un communiqué lu à la presse, M. Moussavi, dont l'électorat réside surtout dans les centres urbains, a affirmé que ses partisans avaient "constaté dans certaines villes comme Chiraz, Ispahan et Téhéran, un manque de bulletins de vote". "Nos représentants ont été écartés lors du dépouillement et certains de nos QG attaqués. Je poursuivrai, avec le soutien du peuple, les personnes à l'origine de ces actes illégaux", a-t-il ajouté.

AFFRONTEMENTS ENTRE JEUNES PRO-MOUSSAVI ET POLICIERS

De fait, les débordements inquiétants n'ont pas manqué. Selon le récit de témoins joints par téléphone à Téhéran, vers 17 h 30 heure locale, vendredi, un des deux quartiers généraux de campagne de Mir Hossein Moussavi, celui qui était animé par l'ex-président réformateur Mohammad Khatami à Qetarieh, au nord de Téhéran, a été attaqué par des miliciens bassidjis, fervents soutiens de M. Ahmadinejad et des membres des forces de sécurité. Ils ont détruit les ordinateurs à coups de bâton et dispersé les militants avec des gaz lacrymogènes et des bombes au poivre. Sur place, Abdullah Ramazanzadeh, ancien porte-parole de M. Khatami, a exigé un document officiel aux policiers qui fermaient les locaux et posaient des scellés.

Dans la soirée, quatre journaux auraient été fermés : Donya Ehtessad, Asr-e Ehtessad, Farhang-e Ashti et Qalam-e Sabz, dont le directeur n'est autre que Mir Hossein Moussavi. Plusieurs sites Internet ont aussi été fermés, dont Qalam, le site du candidat Moussavi, et l'envoi de SMS entravé.

Une attaque similaire a eu lieu vers 1h30, samedi matin, au siège du centre d'information de la campagne Moussavi, qui sert aussi de salle de rédaction pour son agence de presse Qalam News et son site, rue Zartocht. Des bassidjis ont détruit les ordinateurs, puis des scellés, là aussi, ont été posés. Les dizaines de partisans de M.Moussavi qui se trouvaient là ont été dispersés violemment. "C'est un coup d'Etat", ont-ils estimé.

Vers 3 heures du matin, on pouvait observer des bassidjis motorisés, dévalant les rues de Téhéran, agitant des drapeaux iraniens et criant "Moussavi, bye bye,", pour se moquer du slogan "Ahmadi, bye bye" que des centaines de milliers de Téhéranais ont entonné chaque soir de la campagne. Des dizaines de convois des forces de l'ordre d'une quarantaine de véhicules chacun, escortés par des escouades de bassidjis à moto, avaient envahi les grands axes de la capitale. La tension était palpable.

Samedi après-midi, de jeunes partisans de Mir Hossein Moussavi affrontaient la police dans plusieurs endroits de Téhéran, selon des correspondants de l'AFP sur place et des témoins. La police a, à plusieurs reprises, chargé les manifestants à la matraque sans toutefois pouvoir réussir à les disperser. Un peu plus tard, des hommes habillés en civil se déplaçant à moto s'en sont pris à de jeunes manifestants pro-Moussavi, les frappant à coup de matraques.
Marie-Claude Decamps

 

 
Le Monde décrit la surprise devant les résultats et les premiers incidents

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Iran: «Des candidats du sérail islamiste avec des sensibilités différentes»

Mohammad-Reza Djalili est professeur à l'IUHEI de Genève et auteur de «Géopolitique de l'Iran». Il a répondu en direct à vos questions sur la campagne présidentielle en Iran.

 

Arnaud. L'élection se jouera-t-elle plus sur des enjeux de politique intérieure ou extérieure?
Mohammad-Reza Djalili :

. Je crois sur les deux enjeux.

  • D'abord sur le plan interne, il y a un véritable mécontentement du point de vue économique, et une fatigue à cause de la chape de plomb, et la répression que Mahmoud Ahmadinejad exerce, depuis quatre ans, sur la société, dont sont victimes les journalistes, les blogueurs, les jeunes, les femmes, et les intellectuels. Les enjeux de politique extérieure sont liés au problème de l'isolement de l'Iran et à ses relations avec les Etats-Unis. On lui reproche son langage, ses diatribes contre l'Holocauste, son discours sur l'anéantissement d'Israël, qui ont eu un coût énorme pour le pays. Personne ne voit quel intérêt l'Iran tire de ce type de discours.
  • Par rapport aux Etats-Unis, il faut dire que l'élection de Barak Obama rend difficile la poursuite de la politique que Ahmadinejad avait développée avec George Bush. La fin de l'administration Bush gêne en tout cas la classe conservatrice au pouvoir, en tout cas Ahmadinejad, qui aurait certainement préféré l'élection de McCain.

Pilou. Les élections présidentielles en Iran sont-elles de véritables élections? Il y aura-t-il des observateurs internationaux dans les bureaux de vote?
De-bergerac. Selon vous, une fraude électorale massive est-elle possible lors de ces élections?

Ce sont des élections non démocratiques, parce qu'avant l'élection, il y a une sélection. Les quatre candidats sont choisis au sein du sérail islamiste. Aucun candidat issu de la société civile ou d'autres partis, que des partis islamistes, n'est autorisé à participer. En fait, la grande majorité de la population est inéligible. Il n'y a pas d'alternance possible d'un autre courant, ce sont tous des islamistes, avec des sensibilités, des parcours et des intérêts différents. Mais je crois qu'une des réussites du régime iranien c'est de donner l'image d'une relative démocratie, et il faut reconnaître que dans une certaine mesure le régime a réussi, le tchat d'aujourd'hui que vous faites avec moi, en est la preuve.

Bertrand. Les médias occidentaux accordent-ils trop de place à la jeunesse de Téhéran, plus réformiste, par rapport à une «éventuelle» majorité silencieuse dans les campagnes?

La jeunesse est réformiste par définition, parce qu'elle milite pour le changement, et pour deux autres raisons: elle est victime de la répression et aspire à toutes les libertés fondamentales. De plus, la jeunesse iranienne souffre du problème du chômage. On estime que le taux de chômage est aux alentours de 20%, mais ce taux est doublé pour les jeunes. Ceci étant, monsieur Ahmadinejad a une certaine influence sur l'Iran profond. Il se présente comme le candidat du peuple, et des déshérités. Il a augmenté les salaires des classes à bas revenu de manière assez impressionnante ces derniers temps. Le problème c'est que cette augmentation a été mangé par une inflation galopante, de l'ordre de 30% pour 2008.
Ahmadinejad a plusieurs avantages par rapport aux autres candidats: il a le soutien des médias officiels, la télé, la radio... il a aussi à sa disposition des moyens financiers considérables, surtout l'année passée, quand le prix du pétrole à atteint 150 dollars le baril. Il a ainsi pu arroser financièrement ses partisans. De plus, une bonne partie des Gardiens de la révolution, dont il est issu, voteront certainement pour lui, et ce qui est le plus important, il a eu l'aval du Guide de la révolution, juste avant le début de la campagne électorale. Depuis, monsieur Khameni s'est abstenu d'intervenir officiellement et ouvertement dans la campagne.

De-Bergerac. Pensez-vous que les positions des candidats sur le nucléaire iranien fassent balance dans le choix des électeurs?
Les positions des candidats sur le nucléaire sont quasi équivalentes. Tous les quatre sont favorables à la politique d'enrichissement de l'uranium. Mais, pour certains candidats réformateurs, comme Moussavi, il est possible que sur la question nucléaire, en tout cas au niveau du dialogue avec les pays occidentaux, l'Iran montre un peu plus de flexibilité, sans rien céder sur le fond.

Inès. Les iraniens sont-ils vraiment en ébullition durant ces élections comme le prétendent les médias iraniens?
Bertrand. Cette campagne vous semble-t-elle inédite? Peut-elle marquer un tournant pour l'Iran?

Oui, cette campagne est inédite pour deux raisons:

  • parce qu'il y a eu des débats contradictoires entre Ahmadinejad et ses trois autres challengers. Ce qui est une véritable innovation. Elle est très suivie par l'opinion public iranienne qui découvre ainsi les failles qui existe à l'intérieur du sérail et la violence, en tout cas verbale, qui oppose les candidats.
  • L'autre aspect, c'est l'implication plus ou moins directe des épouses des candidats. Ce qui est aussi une nouveauté, probablement destinée à attirer le vote des femmes, qui représente en tout cas la moitié des citoyens. Tout cela conjugué a créé une ambiance favorable à des manifestations pour l'un ou l'autre des candidats, de manière assez spontanée, ce qui est aussi un signe de changement.

Thomas. Pensez-vous que le régime actuel est à même de répondre aux aspirations des nombreux Iraniens qui descendent dans la rue? Ces manifestations pourraient-elles évoluer vers un mouvement de contestation plus dur?
Tiqrin. Pensez-vous qu'un changement à la tête du pays puisse réellement changer la donne au niveau international ? Une révolution serait-elle envisageable aujourd'hui ?

Je ne le pense pas. Si dérapage il y a, c'est un dérapage contrôlé. L'essentiel du pouvoir ne changeant pas de main, puisque l'essentiel du pouvoir est exercé par le Guide de la révolution, qui est en place depuis plus de 20 ans, et qui ne changera pas de sitôt. Le président ne représente qu'un personnage secondaire dans le système politique de la République islamique. C'est le guide qui décide des grandes orientations en matière de politque interne, et surtout en matière de relations internationales.

Inès. Parmi les outsiders, lequel est le plus «démocratique», c'est difficile d'avoir une idée, vue d'ici?

C'est très difficile d'appliquer l'étiquette «démocratique» à ces personnages qui ont tous exercé des fonctions extrêmement importantes au sein du régime. Moussavi a été Premier ministre dans les années 80, Rezaï a été commandant en chef des Gardiens de la révolution, et Mehdi Karoubi, a été président du Parlement islamique à deux reprises. A ma connaissance, la République islamique n'a laissé, depuis trente ans, aucun véritable démocrate participer à son régime. Il peut y a des nuances sur l'ouverture vers l'Occident, des nuances sur le respect des libertés sociales à l'intérieur du pays, et probablement des nuances sur les libertés artistiques et culturelles que défend Mir Hossein Moussavi, en tant qu'architecte et peintre. 800 artistes, écrivains, metteurs en scène, acteurs ont apporté leur soutien à la candidature de Mir Hossein Moussavi et espèrent que s'il était élu ces réformes ne seront pas illusoires.

Thomas. Le président réformateur Khatami lors de son mandat entre 1997 et 2005 a eu grand mal à imposer sa politique sans cesse contrecarrée par le Guide suprême. De quelle marge de manoeuvre et de quels soutiens disposeraient Moussavi s'il était élu? Le Guide suprême est-il, selon vous, prêt à entendre les revendications des Iraniens qui sont descendus ces derniers jours dans la rue?

A mon avis, Mir Hossein Moussavi n'est pas un réformateur, c'est un modéré. Le meilleur réformateur que la République islamiste n'ait jamais eu au pouvoir c'est Khatami, qui n'a jamais pu rien réformer. J'ai publié sur ce sujet aux Presses de Sciences Po, un livre, Iran: L'illusion réformiste.

Vovo. L'échec du Hezbollah au Liban, n'est-ce pas l'échec d'Ahmedinejad?

Je crois que l'échec du Hezbollah au Liban s'inscrit dans le contexte très particulier de ce pays, néanmoins, on peut y déceller un effet Obama. En Iran aussi, il existe un fort courant favorable à Barak Obama, surtout dans la jeunesse. Cela à même influencer l'organisation de la campagne électorale de Moussavi, qui n'a pas hésité à prononcer l'équivalent persan de la phrase «Yes we can». Personne n'échappe à l'obamania... c'est ça l'effet de la globalisation!

Aryana. C'était Khatami à son époque mais personne n'a voulu prendre la main qu'il tendait à l'occident...

Je ne suis pas sûr que Khatami voulait tendre la main aux Etats-Unis, toute sa politique à l'égard des Etats-Unis a été une tentative d'ouverture du dialogue au niveau des sociétés civiles de ces deux pays. Jamais Khatami n'a eu le courage d'aborder sur le fond le contentieux irano-américain qui porte, bien sûr, sur la question nucléaire, mais aussi sur les divergences de point de vue de la politique régionale de l'Iran.

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La répartion des pouvoirs en Iran
Par Le Point
Qui dirige vraiment l'Iran (Tribune de Genève)
ANDRÉS ALLEMAND | 12.06.2009 | 00:02

C’est du jamais vu en République islamique. Des candidats qui s’invectivent, s’insultent, s’accusent de mensonge ou de corruption. Et cela en direct, devant des millions de téléspectateurs, lors de débats houleux organisés sur les chaînes nationales. Des rues envahies chaque nuit par les sympathisants du président sortant Mahmoud Ahmadinejad et de son principal challenger Mir Hossein Moussavi. Le tout dans une ambiance de carnaval. On se croirait dans la plus vibrante des élections présidentielles, la plus réussie des démocraties…

Le trompe-l’œil, reconnaissons-le, frise la perfection. Car il masque plutôt efficacement la réalité d’un scrutin verrouillé, au cours duquel est choisi un président au pouvoir très limité et dont chacune des décisions, en plus, est susceptible d’être censurée. Voyez plutôt.

Une élection verrouillée

Les quatre hommes qui s’affrontent aujourd’hui dans les urnes ont beau se présenter en rivaux irréconciliables, ils ont cependant un point crucial en commun: ce sont les seuls candidats jugés «éligibles» par le Conseil des Gardiens, qui a exclu… 471 autres noms! Or, les membres de cet organe de présélection ont tous été nommés par le Guide suprême ou par l’un de ses obligés. On ne s’étonnera pas, donc, de constater que les quatre candidats retenus ont tous déjà occupé des postes importants au cœur du régime. Au fond, tout se passe comme si un «parti unique» proposait quatre présidentiables au bon peuple.

Une présidence limitée

En théorie, le président est le No 2 du régime iranien, juste après le Guide suprême. Mais en pratique, son pouvoir exécutif est très relatif. Des ministères clés lui échappent: la Justice, la Défense, la Sécurité (gardiens de la Révo lution), l’Energie (nucléaire) et même les Affaires étrangères, bien qu’il lui incombe d’incarner le «visage» de la République islamique lors de ses voyages.

Un pouvoir entravé

Même en politique intérieure, la marge de manœuvre du président est faible. Le président précédent, Khatami, avait fait voter des réformes au parlement, mais le Conseil des gardiens les avait annulées. Et les ministres avaient été placés sous la tutelle de conservateurs aux ordres du Guide suprême. Ambiance.

Pour le petit peuple, Ahmadinejad a «apporté l’argent du pétrole sur la table des humbles»

Mahmoud Ahmadinejad brigue un deuxième mandat présidentiel. Cet «homme du peuple» est aussi vénéré que détesté dans son pays.

«Il préserve l’honneur de l’Iran.» Sur le mur derrière la caisse de sa petite épicerie de Yazd, au centre de l’Iran, Viqari a placardé une affiche d’Ahmadinejad posant avec une fillette.

Le commerçant est heureux qu’Ahmadinejad tienne tête à l’Occident sur le nucléaire. «Nous ne voulons pas la bombe, c’est juste pour produire de l’électricité», assure-t-il, reprenant la rhétorique du candidat.

Si la base électorale d’Ahmadinejad se trouve à la campagne et dans les couches les plus pauvres, ses discours anti-Occidentaux séduisent aussi les plus nationalistes. Mehdi, un homme d’affaires de Chiraz, se réjouit que le président n’ait «pas peur de remettre à leur place Israël et les États-Unis».

«Il a fait construire des usines»

Même si ses activités de transactions immobilières sont presque au point mort depuis cinq mois, Mehdi juge positif le premier mandat du très conservateur président de 52 ans. «Il a fait construire des usines. Et la ligne de chemin de fer entre Chiraz et Isfahan sera bientôt opérationnelle.»

A son élection en 2005, Mahmoud Ahmadinejad avait promis d’«apporter l’argent du pétrole sur la table des humbles». S’il a redistribué les profits de la manne de l’or noir, ses détracteurs y voient une politique populiste dommageable puisqu’elle ne stimule pas le développement et l’emploi. Durant son mandat, l’inflation est passée de 10 à 25% alors que le chômage est à 12%.

Que les résultats soient tangibles ou non, la masse est séduite par cet homme pieux, qui habite toujours un modeste appartement et assure vivre avec son seul salaire de professeur. «Il aide le peuple. Il est l’un des nôtres», confie un chauffeur de taxi de Téhéran. «Il redistribue l’argent, contrairement aux autres, qui s’en sont mis plein les poches.»

Durant la campagne, Ahmadinejad a justement entrepris de s’attaquer à la corruption dans les hautes sphères du pouvoir. Mais cette audace pourrait bien s’avérer une arme à double tranchant.

En accusant directement l’ex-président Hachémi Rafsandjani et sa famille de malversations lors d’un débat télévisé la semaine dernière, il déclarait officiellement la guerre à l’un des hommes les plus influents du pays. Défait par Ahmadinejad en 2005, Rafsandjani est devenu président des très puissants Conseil de discernement et Assemblée des experts.

«L’élite ne l’aime pas»

Il menace maintenant de le poursuivre en justice, ce qui pourrait grandement compliquer un éventuel deuxième mandat d’Ahmadinejad. En attendant l’élection, Rafsandjani, réputé très riche, déploie tous ses efforts pour assurer la victoire de Mir Hossein Moussavi.

Ebrahim, tenancier d’un hôtel de Téhéran, ne s’en étonne pas. «L’élite politique du pays ne l’aime pas parce qu’avec lui aux commandes, ils ne peuvent plus voler l’argent de l’Etat. Lui au moins, il est honnête

Simon Ouellet, Téhéran

Le système est tel que pour changer de politique, il faut un empêchement du guide suprême et une révolution de palais. Les élections ne sont qu'un trompe l'oeil.
Le Président élu n'aura qu'un pouvoir d'exécution.
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