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Promises


Dimanche, 06-Jui-2021
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trefle
  Le mouvement Chalom Archav, .(La paix maintenant) a invité le public à assister à une séance exceptionnelle du film "Promesses", au cinéma Médicis en Août 2002, avec un débat autour du distributeur.

       Le film a été tourné entre deux intifadas, l'insurrection dite mosquées n'avaient pas encore complètement démoli ce qu'il restait d'espoir de paix et de coopération, mais tous les ingrédients étaient là.

Justine Shapiro a suivi B.Z. Goldberg, un américain de Jérusalem qui a montré des extraits de la vie quotidienne de sept enfants. Voir les opinions sur ce film (mis en ligne le 28/8/02)

25/2/2004 : Je viens de trouver sur le web une excellente critique du film
Vous la trouverez ici

 

 
     Depuis la fin de la réalisation du film, la deuxième intifada a commencé, et le miracle est définitivement fini: les Palestiniens du camp de Deheishe ont dit à B.Z. Goldberg qu'il ne fallait pas qu'il vienne montrer son film au camp -- ils lui ont même demandé de ne plus téléphoner: la situation est trop dangereuse...
  Moïshe, habite Beit-el en Cisjordanie, il rêve de devenir le premier premier ministre religieux. Moishe montre par la Thora que D.ieu a donné la terre aux juifs. Bien qu'il n'ait jamais rencontré d'arabe, il ne les aime pas, et veut les chasser de Jérusalem.  Pendant le tournage, son ami Ephraïm est tué avec sa maman, devant sa tombe, Moishe pense se venger. Perpétuellement endormi, il n'est guère sympathique.

 A vingt minutes de Beith-elle, Mahmoud, blond aux yeux bleus,  est un sympathisant du Hamas, "Plus on tuera de juifs plus on sera fort", A l'école de Mahmoud, on enseigne le coran, et on apprend que la Palestine appartient exclusivement aux arabes. Mahmoud prie à la mosquée Al Aqusa pour la libération de son pays. Beau gosse, c'est un charmeur, il dit des horreurs, mais on ne peut s'empêcher de l'aimer.

A côté de la mosquée Shlomo étudie à la Yeshiva, futur rabbi, il passe 12 heures par jour à étudier la thora. S'il n'a pas de conflit avec les arabes, il croit en la paix comme en l'arrivée du messie. Une scène cocasse, lorsqu'il croise un arabe qui le provoque un peu avec humour. La rencontre de l'autre est très dérangeante. Américain plus qu'Israëlien, il plane, comme étranger aux réalités du monde où il vit.

Faradj habite le camp de Deheishe. Quand il avait cinq ans, Faraj vit son meilleur ami tué par un soldat israélien. Pour lui, Israël égal meurtrier. Faraj est passionné par l'athlétisme, il rêve de reconstruire le village de ses grands parents, qui a été rasé après la guerre d'indépendance. Il acceptera de recevoir des jeunes israéliens chez lui, on sent qu'il peut vite basculer de la haine à l'amour et réciproquement

Deux jumeaux, Yarko et Daniel habitent Jérusalem Ouest, ils ne sont pas religieux, ils comprennent les problèmes des arabes, mais ont peur du terrorisme chaque fois qu'ils prennent l'autobus. Ils cherchent à savoir si leur grand père croit en D.ieu, mais pour eux, le vrai dieu, c'est le volley ! Très sympathiques, les deux jumeaux aspirent à une vie "normale".

 

Sanabel vit dans le camp de réfugiés de Deheishe, (11.000 habitants)  à 20 minutes de Jerusalem. Elle fait partie d'un groupe folklorique qui relate l'histoire du peuple palestinien en mettant en scène des danses traditionnelles. Le père de Sanabel est journaliste et cadre du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) qui a passé deux ans en prison sans jugement. Je suis si heureuse quand je reçois une lettre de mon papa, commence à expliquer Sanabel, avant de fondre en larmes.

Promesses a été tourné, avant la seconde intifada, pendant deux ans, on voit les enfants puis on les revoit deux ans plus tard, on montre tout, on explique tout, le Hamas, les attentats, les peurs, le climat. Il m'a parut honnête, lors du débat, la moitié des spectateurs trouvaient le film optimiste, l'autre moitié pessimiste. Oui, il y avait des promesses, mais des promesses de quoi ? de paix ou d'affrontement ? on ne sait pas, mais on sent le danger, et on devine ce qu'il faudrait faire, et qu'on ne fait pas.

Ce film a obtenu une liste considérable de prix, souvent des prix du public, comme à Rotterdam ou à Cannes, il a été nominé aux Oscars. Ce film a été présenté dans des réunions de la jeunesse Catholique au Canada, en Israël, il a eu un excellent accueil. C'est Le film à montrer à chaque conférence sur la paix.

Toutefois, après la rencontre entre enfants, il manque celle entre adultes, et c'est bien de là que vient tout le mal. On demande aux français d'importer la cohabitation judéo arabe au Proche Orient, et non de transporter en France le conflit du Proche Orient. En la matière il y a un échec complet du monde enseignant. On s'est servi de ce film pour provoquer des rapprochement judéo arabes en France, en particulier à Aubervillier, devant les communautés juives et musulmanes de la ville. L'accueil a été enthousiaste, mais les jeunes étaient absents. C'est la triste constatation, ceux qui recherchent le dialogue on généralement plus de 30-40 ans. Vers 20 ans on préfère souvent l'affrontement, et des mouvements comme le Betar font le plein.

Ce film continuera à être projeté tant qu'il n'y aura pas la paix ! annonce son diffuseur. Et il a bien du mérite, car avec ses 20 000 spectateur en France, le déficit de diffusion atteint encore 500 000 F sur un budget de 700 000 ! si 20000 spectateur est peu par rapport aux grands film, c'est quand même un score honorable pour ce type de film-documentaire.

      Une dame dans la salle annonce la création d'une organisation féminine pour facilité la compréhension, la solidarité et l'estime entre arabes et juives. Elle va souvent en Israël, et pense que la culture et l'amitié peuvent faire avancer les esprit, et que les femmes intellectuelles ont un grand rôle à jouer pour reconstruire le dialogue dans les banlieues.

  Son compagnon est un musulman d'Algérie, qui a vécu longtemps rue des Rosiers. Il avait beaucoup d'amis juifs, mais depuis la seconde intifada, il y a eu une brouille généralisée, il ne peut plus considérer comme son ami celui qui soutien Sharon. 
       J'ai un enfant de quatre ans, dit-il, un jour il est rentré de l'école en disant, "je me suis battu avec un juif", c'est dramatique. Comment savait-il que son camarade était juif ? déjà des clans à cet âge ! si on commence à se regarder avec des regards de haine à cet âge, quel sera notre avenir ?

Opinion d'Elie Barnavi et de Leila Shahid sur ce film ....

La paix maintenant participe à la diffusion de ce film, pour en savoir plus sur ce mouvement : 

 

Deux opinions

 

 

Leila Shahid déléguée générale de Palestine en France
      La frontière entre les enfants, ne passe pas par l'origine mais par la capacité à "voir"  l'autre.

      Le film de Justine Shapiro, B.Z. Goldberg et Carlos Bolado, "Promesses", sort au meilleur moment aujourd'hui pour rappeler à tous ceux qui s'intéressent à la question israélo-palestinienne que l'enjeu de ce conflit est bien l'avenir de deux peuples sur cette terre, mais aussi de tous les peuples sur notre terre. Nul ne pouvait l'exprimer mieux que les enfants, israéliens et palestiniens, face à la camera complice, tendre, émue, révoltée de Yoram Milo et Ilan Buchbinder et l'encouragement pressant à la parole de B.Z. Goldberg qui sonde leurs convictions mais aussi leurs doutes, leurs questionnements et leur vérité absolue.

         Laïcs ou religieux, extrémistes ou modérés, la parole de ces enfants établit la frontière entre eux, non dans leurs origines nationales respectives, mais dans leur capacité de "voir" l'Autre, de l'intégrer dans leur vision d'avenir, dans l'espace du pays qui les réunit et qui les sépare.
         Le film ne tente à aucun moment de simplifier les choses, au contraire, il nous  restitue la complexité et la difficulté pour ces enfants de sortir du ghetto-cocon-tribu dans lequel ils vivent malgré eux.
         En verbalisant leur perception de l'Autre, ils participent à construire sa réalité, quelquefois en tant qu'ennemi qui n'a pas droit "de cite", à d'autres moments en tant que voisin avec qui il faudra apprendre à vivre. Mais le film ne s'arrête pas la. Il ne se contente pas de témoigner, il tente aussi d'agir dans ce que l'on devine être la conviction profonde des auteurs, celle de la nécessite de faire un pas vers l'Autre. Ce n'est pas facile ni simple, et le film n'essaie pas de l'occulter. Le poids du monde des adultes, de la culture, de la religion, du choix idéologique des parents, de l'éducation vécue à la maison et dans le milieu social pèsent lourd.

        Aucune illusion n'est faussement entretenue sur la rencontre possible ou impossible. Même lorsqu'elle a lieu entre Yarko et Daniel, les jumeaux israéliens, et Faraj et Sanabel, les réfugiés palestiniens, elle reste limitée dans le temps et l'espace. Elle ne peut transgresser tous les tabous, les obstacles du monde des adultes. Mais c'est un pas de fait vers l'autre, un précèdent qui montre que c'est possible si on le veut vraiment, et surtout, c'est une lueur d'espoir pour l'avenir.

     En ce sens, "Promesses" n'est pas seulement un film sur les israéliens et palestiniens mais sur tous ceux que séparent la méfiance et la peur, le racisme et l'ethnocentrisme, la déshumanisation de l'autre et sa diabolisation, la souffrance et la douleur perçues comme une expérience unique à soi. En ce sens, "Promesses" porte un message universel dans lequel se reconnaîtront beaucoup d'enfants piégés par les guerres, mais aussi par le rejet et l'exclusion de l'Autre, de Jérusalem à Gaza, des banlieues de Marseille à celles de Paris. Je souhaite profondément que ces paroles israéliennes et palestiniennes d'enfants de la-bas trouvent leur écho aussi ici.
Gaza, le 18 mars 2002

 


   Elie Barnavi, ambassadeur d'Israël en France

     L'ignorance crée les peurs et les préjugés qui provoquent les guerres. La connaissance transforme Faraj de futur terroriste, en futur ami....

   Au début du film, un pneu en flammes roule interminablement. Vers la fin, la même image dit l'exaspérante routine d'un conflit dont on ne voit pas la fin. Mais entre les deux, un petit miracle s'est produit : la rencontre improbable et pourtant incroyablement naturelle d'enfants israéliens et palestiniens. Ces sept gosses, que la camera suit avec un respect et une tendresse infinie, vivent dans un mouchoir de poche, mais les obstacles qui les empêchent de se rencontrer sont plus infranchissables que l'océan : la guerre que se font leurs parents, les peurs et les préjugés sans lesquels il n'y aurait pas de guerres, l'ignorance sans laquelle il n'y aurait ni peur ni préjugés.

Le réalisateur réussit à mettre quelques-uns de ces gamins ensemble, la curiosité naturelle des enfants et le foot feront le reste. Une amitié naît, timide, mais qui ne demande qu'à s'épanouir. Et l'on s'aperçoit que les horreurs qu'on a entendues dans leur bouche tout au long du film étaient des horreurs d'emprunt.

      C'est Faraj, qui a exprimé son désir de tuer de l'Israélien et qui s'est montre le plus réticent à en rencontrer, qui se montrera le plus acharne à maintenir le contact. En attendant, chez lui, dans sa bicoque du camp de Deheishe, en présence de ses nouveaux amis, il pleure amèrement à l'idée que le départ proche du cinéaste-passeur brisera l'amitié naissante avec Yarko et Daniel, ses deux potes israéliens. Et le spectateur, la gorge nouée, se met à espérer, absurdement, qu'il n'en sera rien.

        Il sait pourtant que, depuis, la révolte palestinienne s'est rallumée et que la spirale de violence a repris, plus folle que jamais. Mais il sait aussi qu'il aurait tort de donner dans le cynisme. Car ce film merveilleux, sans doute le meilleur qu'il m'ait été donne de voir sur le conflit israélo-palestinien, est aussi une formidable leçon d'espoir. David Grossman a raison, les prochaines négociations de paix devraient débuter par une projection de "Promesses".
Paris, mars 2002