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Ukraine
Revue de Presse

http://histoireetsociete.wordpress.com/2014/02/23/ukraine-les-liens-antisemites-et-ant

Ukraine : les liens antisémites et antisionistes de Yulia Timochenko


Les liens antisionistes-de-yulia-timochenko/

Avec la libération samedi de la Dame de fer ukrainienne et ex Première ministre, Yulia Timochenko, détenue depuis 30 mois dans un hôpital-prison, l’Ukraine entre dans une nouvelle ère. Sa libération, saluée par la communauté internationale, suscite toutefois l’inquiétude de la communauté juive locale qui a demandé l’aide des organisations juives mondiales et d’Israël pour garantir et assurer la sécurité des institutions juives du pays.

Après deux années de détention, de grèves de la faim et d’hospitalisation, Yulia Timochenko est apparue affaiblie physiquement samedi soir. Mais c’est une femme décidée à reprendre sa place de leader du premier parti d’opposition. Une femme politique que ses adversaires n’hésitent pas à qualifier de pure opportuniste et de manipulatrice, notamment pour ses liens  controversés avec des partis antisémites et antisionistes.

Après deux années de détention, de grèves de la faim et d’hospitalisation, Yulia Timochenko est apparue affaiblie physiquement samedi soir. Mais c’est une femme décidée à reprendre sa place de leader du premier parti d’opposition. Une femme politique que ses adversaires n’hésitent pas à qualifier de pure opportuniste et de manipulatrice, notamment pour ses liens  controversés avec des partis antisémites et antisionistes.

En 2012, la Ligue Anti-diffamation (ADL), une des principales organisations juives américaines, a dénoncé l’alliance parlementaire signée par Yulia Tymoshenko avec le parti d’extrême-droite Svoboda, bien connu pour ses prises de positions antisémites et antisionistes.
Le président de l’ADL, Abraham H. Foxman, a à l’époque critiqué le cynisme politique de Timochenko, qui en toute connaissance de cause du discours antisémite du Svoboda, a légitimé par cette alliance ce parti d’extrême-droite.

Svoboda, le parti national-socialiste d’Ukraine, fondé en 1991, s’est réinventé une identité en 2004, abandonnant son iconographie nazie dans l’espoir de paraître plus modéré. Toutefois, son discours antisémite et antisioniste reste un pilier majeur de sa politique.  Le parti est mené par Oleh Tyahnybok qui affirme régulièrement qu’« une mafia juive moscovite » dirige l’Ukraine.

En 2013, le parti Batkivshchyna (Patrie) de Yulia Timochenko, l’UDAR, le parti du boxeur Vitaly Klitschko et Svoboda se sont associés, entre autre, contre un projet de loi présenté par le Parti des régions (PdR) du président déchu Viktor Ianoukovitch, visant à interdire « les discours haineux et les expressions dégradantes ». Ce projet de loi visait à prohiber des mots très insultants comme « youpin », « sale juif » (zhid en ukrainien) et « Russkof » qui ont la faveur des partisans de Svoboda.

À de nombreuses reprises, Viktor Ianoukovitch a demandé au parti Batkivshchina de Timochenko et à l’UDAR de se dissocier publiquement de Svoboda. En vain.

Eric Hazan – © Le Monde Juif .info

© Photos : DR haut

Timochenko, la dame de fer ukrainienne

http://www.i24news.tv/fr/actu/international/europe/140223-analyse-retour-de-timochenko-la-dame-de-fer
Sa sortie de prison pourrait compliquer la situation pour l'opposition, selon des experts

Andrew Kravchenko (Pool/AFP)

L'opposante ukrainienne Ioulia Timochenko, libérée samedi après plus de deux ans d'incarcération, a la réputation d'une dame de fer et a montré une combativité impressionnante aussi bien au poste de Premier ministre que quand elle était en prison.

Dans la crise qui touche l'Ukraine depuis fin novembre, l'ex-Premier ministre est apparue comme l'opposante la plus radicale au régime de Viktor Ianoukovitch, élu en 2010.
Elle l'a accusé de transformer l'Ukraine en Corée du Nord et jugé inutile toute négociation avec lui, appelant jeudi, après des tirs à balles réelles en plein centre de Kiev qui ont fait des dizaines de morts, à sa mise à l'écart immédiate et à des poursuites judiciaires contre lui.

Le lendemain, sous la pression d'une troïka de l'Union européenne, le président donnait son accord pour une présidentielle anticipée et le Parlement votait une loi permettant la libération de celle qui est son ennemi juré depuis dix ans. Mais alors que certains manifestants de Maïdan regrettaient l'absence d'un leader de son calibre pour renverser le régime dès le début de la contestation, la sortie de prison de Mme Timochenko pourrait en réalité compliquer la situation pour l'opposition, selon des experts.

"Nous voyons une fracture dans l'opposition, et l'entrée de Timochenko dans l'équation pourrait être très perturbante", estime Andrew Weiss, du Carnegie Endowment for International Peace.
Les leaders de l'opposition "en ont horriblement peur, bien plus que de Ianoukovitch", a estimé le politologue russe Stanislav Belkovski sur la radio Echo de Moscou.

"Il est clair que quand Ioulia Timochenko sortira de prison, la première chose qu'elle fera sera de mettre K.O. Vitali Klitschko (...) Ensuite elle limogera Arseni Iatseniouk (chef du parti de Mme Timochenko, Batkivchtchina, ndlr). Puis Oleg Tiagnibok (chef du parti nationaliste Svoboda, ndlr) disparaîtra quelque part", a-t-il poursuivi.

Tresse traditionnelle

Bulent Kilic (AFP)

Agée de 53 ans, cette femme élégante et rompue aux techniques de communication s'est faite connaître du monde entier en 2004. Reconnaissable à sa tresse traditionnelle, elle s'était faite l'égérie de la Révolution orange pro-occidentale qui secouait le pays.

Elle haranguait les foules à Kiev contre le Premier ministre de l'époque, également candidat à la présidentielle et soutenu par Moscou, Viktor Ianoukovitch.

La coalition "orange" qu'elle formait alors avec Viktor Iouchtchenko l'emporte, soutenue par les Occidentaux, et au grand dam de la Russie de Vladimir Poutine.

Les années de pouvoir ont ensuite défait cette alliance, Timochenko quitte le gouvernement, puis en reprend la tête en 2007, jusqu'à la présidentielle de 2010, qui marque le retour victorieux de Viktor Ianoukovitch.

Les ennuis judiciaires commencent alors pour Mme Timochenko.

Elle est condamnée en 2011 à sept ans de prison pour avoir signé en sa qualité de chef du gouvernement un accord gazier avec la Russie à des conditions jugées défavorables à son pays.

Elle est également soupçonnée de complicité dans le meurtre d'un député. Elle rejette toutes ces accusations, dans lesquelles elle dénonce une vengeance du pouvoir visant à l'écarter de la scène politique.

Son incarcération et sa condamnation deviennent très rapidement un écueil majeur dans les relations entre l'Ukraine et les Occidentaux, qui demandent sa libération. Même derrière les barreaux, cette politique aux nerfs solides continue de combattre le pouvoir de M. Ianoukovitch.

Ses références : Jeanne d'Arc et Thatcher

C'est ainsi qu'elle observe une grève de la faim de trois semaines pour protester contre des violences dont elle affirme avoir été victime.
Transférée en mai 2012 à l'hôpital de Kharkiv (est) afin d'y être soignée pour des hernies discales, elle accuse le président de l'y soumettre à une vidéosurveillance de tous les instants, jusque dans les toilettes.

Cette femme menue avait acquis bien avant son incarcération sa réputation de "dame de fer".

Dans le bureau qu'elle occupait à Kiev, une statuette de Jeanne d'Arc, les mémoires de l'ex-Première ministre britannique Margaret Thatcher et un livre sur l'ancienne secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright montraient ses références politiques et la hauteur de ses ambitions.
Ses adversaires politiques la considèrent en revanche comme une pure opportuniste et une manipulatrice et s'appliquent à souligner les zones d'ombre de son parcours.

Née le 27 novembre 1960, ingénieur-économiste à l'époque de l'URSS, elle a dirigé une importante compagnie énergétique, bénéficiant du monopole de l'importation de gaz russe en Ukraine après l'indépendance du pays en 1991.

Selon ses détracteurs, elle coopérait alors très étroitement avec Pavlo Lazarenko, ex-Premier ministre aujourd'hui incarcéré aux Etats-Unis pour escroquerie et blanchiment d'argent, ce qui lui a valu d'être visée par des enquêtes en Russie et en Ukraine.

Son mari Olexandre a obtenu l'asile politique en République tchèque après son emprisonnement. Leur fille unique, Evguenia, a lutté sans relâche pour sa libération en multipliant les rencontres en Occident.

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Manifestations nazies en Ukraine : ça recommence

Kiev, 14 octobre 2009 , encore une marche en "mémoire" des nazis et collabos
par Ilya Peroun
Officiellement célébré par le président Viktor Iouchtchenko, le 67ème anniversaire de l’OUN-UPA (Organisation des Nationalistes Ukrainiens/Armée des Insurgés Ukrainiens) a déja été marqué le samedi 11 par un défilé de jeunes militants nationalistes en armes et portant des uniformes SS à Lviv (Lvov)

Voir en ligne : Article publié en co-édition avec Ukraines.Fr

Comme chaque année aura lieu ce 14 octobre à Kiev la manifestation en l’honneur de l’OUN-UPA (Organisation des Nationalistes Ukrainiens (tendance Stepan Bandera) Armée des Insurgés) commandée de 1942 à 1950 par Roman Choukhevitch, avant cela commandant du bataillon ukrainien de la Wehrmacht “Nachtigall” puis de la Schutzmannshaft 201 (police auxilaire nazie)

Toutes des organisations criminelles, si l’on en juge par quantité de témoignages et d’ouvrages d’historiens, mais officiellement rejetés à Kiev.

En 2007, Roman Choukhevitch fut consacré par le président Viktor Iouchtchenko, “héros national” de la résistance présentée comme ayant combattu “les deux totalitarismes” (bolchévique et nazi), une thèse largement reprise dans les média dominants de la presse occidentale et dans plusieurs ouvrages sur l’Ukraine récemment publiés en France.

Comme chaque année, la “Marche” sera organisée par divers partis et mouvements ultranationalistes et néofascistes. Comme chaque année, probablement, des contre-manifestants communistes se tiendront à l’extrémité du boulevard Chevchenko (au croisement du boulevard Krechtchiatik) pour défendre le dernier monument à Lénine en place, que les partis d’extrême-droite ont promis de détruire.

Annonce officielle de la manifestation pour la réhabilitation du nazisme du 14 octobre 2009

La Marche est organisée, notamment, par les vétérans de l’OUN-UPA, l’union pan-ukrainienne "Svoboda" (Liberté) (anciennement parti social-national, dont l’emblème se rapprochait du swastika)), l’Assemblée Nationale Ukrainienne (UNA-UNSO) (Milice néofasciste), la Jeunesse du Congrès nationaliste ukrainien... Toutes organisations ultranationalistes auxquels se joindront probablement des groupes plus franchement néonazis.

D’autres manifestations auront lieu dans d’autres villes d’Ukraine, notamment à Lviv (Lvov) ce 14 octobre et les jours suivants. Des contre-manifestations antifascistes sont également probables en Ukraine de l’Est et en Crimée.

Pour rappel, une autre organisation armée issue de l’OUN et de l’Allemagne nazie, la Waffen SS Galitchina (Galizien ou Galicie) a fait l’objet d’une célébration à Lviv le 28 avril 2009. (Mais non à Kiev, où ce type de célébration reste interdit) Précisions : lors de ces célébrations, vétérans SS et OUN-UPA se retrouvent ensemble, et en compagnie de toute l’extrême-droite. Le pouvoir, à Kiev, fait cependant croire qu’il n’y aucun rapport entre la réhabilitation des “patriotes” de l’OUN-UPA, et une quelconque sympathie néofasciste ou pro-nazie. La SS n’est officiellement honorée qu’en Galicie. (Lviv, Ternopol etc...)

Voir, sur la réhabilitation de la Division Waffen SS Galitzen, le site http://www.resistances.be/ukraine.html

A Lviv (Lwow), la "marche" a déjà eu lieu le 10 octobre

Organisée par la mairie et le parti néofasciste “Svoboda” Comme en avril la marche des anciens SS et de leurs sympathisants. Il s’agissait de plusieurs centaines de jeunes en uniformes et armés, et très peu de vétérans, forcément très âgés.

Reportage photo de ‘agence UNIAN http://www.unian.net/rus/news/news-...

Photos d'actualité !

Quelques vidéos sur les manifestations nazies de 2007 et 2008

Sous les auspices du président Iouchtchenko. Célébration officielle (et militaire) de l’OUN-UPA le 14 octobre 2007.

La seconde partie montre nettement des "anciens combattants" nazis en uniformes de SS.

Manifestation des organisations néofascistes et néonazies pour l’OUN-UPA le 14 octobre 2007 (on aperçoit aussi des contre-manifestants communistes)

Evocation de l’OUN-UPA et manifestation violente de soi-disant “patriotes” le 18 octobre 2008

Manifestation néonazie en octobre 2008 à Kiev en "souvenir" de l’OUN-UPA

La seconde partie montre nettement des "anciens combattants" nazis en uniformes de SS.

Manifestation des organisations néofascistes et néonazies pour l’OUN-UPA le 14 octobre 2007 (on aperçoit aussi des contre-manifestants communistes)

Evocation de l’OUN-UPA et manifestation violente de soi-disant “patriotes” le 18 octobre 2008

Manifestation néonazie en octobre 2008 à Kiev en "souvenir" de l’OUN-UPA

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Ukraine : Remarque sur un article du Monde

23 février 2014

...

En 2012, la Ligue Anti-diffamation (ADL), une des principales organisations juives américaines, a dénoncé l’alliance parlementaire signée par Yulia Tymoshenko avec le parti d’extrême-droite Svoboda, bien connu pour ses prises de positions antisémites et antisionistes.

Le président de l’ADL, Abraham H. Foxman, a à l’époque critiqué le cynisme politique de Timochenko, qui en toute connaissance de cause du discours antisémite du Svoboda, a légitimé par cette alliance ce parti d’extrême-droite.

Svoboda, le parti national-socialiste d’Ukraine, fondé en 1991, s’est réinventé une identité en 2004, abandonnant son iconographie nazie dans l’espoir de paraître plus modéré. Toutefois, son discours antisémite et antisioniste reste un pilier majeur de sa politiuqe. Le parti est mené par Oleh Tyahnybok qui affirme régulièrement qu’« une mafia juive moscovite » dirige l’Ukraine.

En 2013, le parti Batkivshchyna (Patrie) de Yulia Timochenko, l’UDAR, le parti du boxeur Vitaly Klitschko et Svoboda se sont associés, entre autre, contre un projet de loi présenté par le Parti des régions (PdR) du président déchu Viktor Ianoukovitch, visant à interdire « les discours haineux et les expressions dégradantes ». Ce projet de loi visait à prohiber des mots très insultants comme « youpin », « sale juif » (zhid en ukrainien) et « Russkof » qui ont la faveur des partisans de Svoboda.

À de nombreuses reprises, Viktor Ianoukovitch a demandé au parti Batkivshchina de Timochenko et à l’UDAR de se dissocier publiquement de Svoboda. En vain.

Eric Hazan – © Le Monde Juif .info

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Ukraine: pourquoi Ianoukovitch avait tourné le dos à l'Europe

EDITO - Président déchu pour les ukrainiens, en sursis et "sans avenir" pour Vladimir Poutine, Viktor Ianoukovitch apparaît aujourd'hui bien seul. L'éclairage de notre spécialiste de géopolitique, Harold Hyman.

Harold Hyman | journaliste spécialiste de géopolitique 
Le 05/03/2014 à 6:31 
Mis à jour le 05/03/2014 à 9:19

Viktor Ianoukovitch, président destitué par le parlement ukrainien, lors de sa conférence de presse en Russie, le 28 février 2014. (BFMTV)

 

Le président déchu, que personne ne regrettera, est toujours passé pour un menteur, manipulateur, accapareur et laquais de Moscou. Lorsqu'il a soudainement rejetté la signature d'un accord de libre-échange avec l'Union européenne, les 28 et 29 novembre 2013 à Vilnius, son geste semblait traduire sa vision de satrape fourbu.  

Or Vilnius avait un but: faire entrer l'Ukraine, et d'autres (Biélorussie, Moldavie, Azerbaïdjan, Arménie, Géorgie) dans une Association économique avec l'UE, qui comportait une clause de libre-échange. Tout ceci dans ce qu'on appelle le Partenariat oriental, un de ces noms bien bureaucratiques donnés par Bruxelles à des montages techniques entre États.

Un pied-de-nez à Moscou

Viktor Ianoukovitch, élu président de l'Ukraine en 2010, avait dit vouloir entrer de toute urgence dans l'Union européenne. Mais dans la dernière ligne droite avant la signature, le 28 novembre 2013, il a fait volte-face. Or à partir de là, le scénario n'est plus si tranché: quelques jours plus tard, à Moscou, ce même Ianoukovitch n'a pas non plus signé l'Union douanière, système qui est prévu comme un prélude à l'Union économique d'Eurasie, que tente de construire Vladimir Poutine.

En somme, le président ukrainien est allé à Moscou à la mi-décembre, pour obtenir de Poutine une promesse de 15 milliards de dollars et un prix très avantageux sur le gaz russe, mais sans signer d'adhésion à cette Eurasie aux côtés de la Biélorussie et du Kazakhstan.

Propagande contre désinformation

Tout ceci est connu. Cependant, la propagande et la désinformation ont fait leur apparition. Passons sur la machine de communication officielle sortant de Moscou. Elle est glaciale, rigide, soviétique. Néanmoins, du côté des Européens et des Américains, il y a aussi de la désinformation: combien de fois ai-je entendu que l'État ukrainien pouvait à la fois être membre associé de l'UE, et membre de l'Union douanière proposée par Moscou. Et donc, selon ces nombreuses voix diplomatiques -Quai d'Orsay inclu- si Ianoukovitch n'a pas signé avec l'Union européenne, c'est qu'il nous tourne vraiment le dos pour embrasser la Russie. Il n'avait qu'à entrer en Association avec l'UE, et il aurait pu se rapprocher librement de la Russie par la suite.

Eh bien non! La Commission européenne m'a confirmé par écrit que non, Ianoukovitch ne pouvait pas à la fois entrer en Association avec l'Union européenne et entrer dans l'Union douanière de cette future Eurasie. L'information se trouve sur le site de l'action extérieure de l'Union européenne (pdf). En voici un extrait:

Site de l'action exérieure de l'Union européenne

Le président déchu avait en fait une minuscule marge de manœuvre dans cette affaire de choix exclusif d'alliance économique - car c'est de cela qu'il s'agit.  

En conclusion, Ianoukovitch s'est aliéné toutes les parties mais dans les dernières semaines il s'est vu acculé à un choix suicidaire entre Bruxelles et Moscou.

Un nouvel enjeu aujourd'hui

Ce point est purement historique aujourd'hui, et les manifestants de Maïdan, ceux qui ont réagi immédiatement à la reculade Ianoukovitch à Vilnius fin novembre, disaient essentiellement ceci: les aspects économiques de l'accord européen ne sont pas le but, c'est l'Europe comme source de liberté, démocratie et droits de l'homme, l'Europe et de fin de l'autocratie hypocrite soviétique. Ianoukovitch n'aura jamais compris cela.

Un dernier mot: les premiers Maïdan étaient ainsi, les actuels ont dû accueillir les nationalistes extrêmes dans leur conglomérat. Reste à savoir ces nationalistes vont s'assagir comme l'ont fait naguère plusieurs groupes extrémistes en Croatie, ouvertement fiers du choix de leurs ancêtres en faveur du Troisième Reich, mais qui aujourd'hui sont revenus à un semblant de raison.

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http://www.resistances.be/ukraine.html

En Ukraine et ailleurs dans l'ex-URSS :

honneur aux anciens SS

A l'Est, les nazis de hier sont réhabilités. En Ukraine, comme dans d'autres ex-républiques soviétiques, le temps est désormais à la réhabilitation des anciens collaborateurs nazis, actifs durant la Seconde Guerre mondiale. Auxilliaires des Allemands, ils ont participé activement à la répression contre les partisans et aux massacres de populations civiles : juives, tziganes, polonaises et russes. Certains sont impliqués dans des crimes de guerre.

Aujourd'hui, ces ex-nazis, dont ceux de la SS ukrainienne, sont considérés comme des héros de la «résistance nationale», avec l'aval des nouvelles autorités politiques locales, soutenues par l'Union européenne et les Etats-Unis. Viktor Iouchtchenko, le leader de ladite «Révolution orange», est directement impliqué dans ce révisionnisme historique. Comme le démontre Ilya Peroun, spécialiste de RésistanceS.be pour la Russie et l'ex-URSS.

 


Affiches éditées cette année, par des néonazis d'Ukraine, pour le soixante-sixième anniversaire de la création de la Division Waffen SS urkrainienne – Doc. Archives Antifarusse.

Le 28 avril dernier, la droite nationaliste ukrainienne a célébré l’anniversaire de la fondation, le 23 avril 1943, de la division Waffen SS «Galizien» (Halitchina, en ukrainien). La principale formation néofasciste locale, «Svoboda» (Liberté), dirigée par Oleh Tiahnibog, a fait installer à Lviv (Lwow, Lemberg), la capitale de la Galicie (Ukraine occidentale), avec l’autorisation de la mairie, de grands panneaux publicitaires en l’honneur de cette «division étrangère» de l'armée de la SS. Le gouvernement ukrainien actuel, par la voix de son ministre de l’Intérieur, a estimé qu’il n’y avait rien d’illégal à cette initiative, la première du genre... par ailleurs.

C’est donc officiellement et légalement qu’est installé depuis plusieurs jours dans les rues de Lviv tout un équipement de propagande de la division nazie de Galicie, sous l’appellation «Division ukrainienne Galitchina», avec pour emblème le «lion galicien», et non la croix gammée, qui fut pourtant son drapeau initial. Tout cela accompagné de la mention : «Ils ont combattu pour l’Ukraine» Pour rappel historique, ces combattants nazis ukrainiens étaient sous les ordres directs d'Hitler et d'Himmler, le chef suprême du IIIe Reich nazi et celui de ses SS, l'«élite» du régime nazi (1933-1945).

Les liens de Viktor Iouchtchenko avec le «national-fascisme»

Selon le président des services de sécurité ukrainiens (SBU), Valentin Nalivaitchenko, c’est sur commande de la formation néofasciste «Svoboba» et avec l’autorisation du conseil municipal de Lviv que les panneaux ont été installés. «Il n’y a rien en cela», a-t-il précisé, «qui soit contraire aux engagements internationaux de l’Ukraine, il n’y a pas de mention ''SS''». En effet ! Mais pour prendre un exemple belge, c'est comme si, en Belgique, on installait des panneaux publicitaires glorifiant la légion flamande «Langemark» ou la légion «Wallonie» de Léon Degrelle, sans préciser qu’il s’agissait de divisions de la Waffen SS.

Ce « scandale» de Lviv est dénoncé par le Parti des régions, mais non par les formations de l’ex-coalition dite «orange », au sein de laquelle militent aussi bien des nationalistes radicaux et des néofascistes que des partisans d'une Ukraine pro-américaine et pro-européenne. «Svoboda» a obtenu 35 % des voix lors des récentes municipales à Ternopol, l’une des grandes villes de Galicie… Ternopol fut aussi l’un des haut-lieux, pendant la Deuxième Guerre mondiale, du génocide nazi, de l’extermination des juifs. Dire que «Svoboda» est «nationaliste» est un euphémisme.

Pour sa part, le Parti communiste d’Ukraine, par la voix d’un de ses jeunes dirigeants, Alexandre Goloub, a dénoncé avec virulence la «révision du procès de Nüremberg», dont la principale responsabilité est attribuée au président Viktor Iouchtchenko, accusé de se rapprocher du «national-fascisme». Entre autres preuves citées à l’appui de cette accusation : le fait que le président ne parle plus de «peuple» mais de «nation» et en appelle à «penser ukrainien», dans un pays multinational et multiconfessionnel. Au même moment, un projet de loi nationaliste prévoit de punir les personnes qui persistent à user de la langue russe dans les administrations publiques – alors que l’Ukraine compte une majorité de russophones, principalement à l’Est, au Sud et à Kiev.

Lukrainisation», avec un discours nationaliste et «crypto-raciste» à l'égard des Ukrainiens russophones, est donc bel et bien en marche sous l'égide de Viktor Iouchtchenko, un démocrate pour la plupart des pays occidentaux. Signalons qu'au moment même de l'émergence de ces discours présidentiels nationalistes, des passages à l'acte visant des «cibles russes» ont été observés en Ukraine.


Photo du haut : parade nazie à Drohobych , une ville d'Ukraine, durant la Seconde Guerre mondiale.
Photo du bas : parade néonazie en Ukraine. Les néonazis, et leur milice paramilitaire, ont désormais pignon sur rue, avec les autorisations du pouvoir local pro-européen et pro-américain...

Les cibles : les Ukrainiens russophones

A Kiev, dans la nuit du 24 au 25 avril dernier, deux librairies de livres russes ont ainsi été incendiées par un commando ultranationaliste.

Les radicaux exigent maintenant officiellement «la purification ethnique» de l’Etat. Des mesures sont déjà prises pour empêcher ou entraver la diffusion en Ukraine de films russes et de programmes de télévision de Russie. La réthorique anti-russe du pouvoir s’inscrit dans la campagne, inspirée par les Etats-Unis, en vue d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, refusée selon les sondages par une majorité d’Ukrainiens.

Les thèses «révisionnistes» ukrainiennes, présentant les mouvements fascistes et collaborationnistes pronazis durant la guerre 41-45 en Ukraine comme ayant été des mouvements de «résistances nationales» (sic), bénéficient d’un succès croissant dans les médias occidentaux, qui reproduisent volontiers ces thèses. Il est vrai que des travaux d’historiens et des nouvelles recherches historiques sur les lieux du génocide nazi mettent en évidence la réalité des collaborations locales, ce qui provoque en haut-lieu à Kiev une certaine nervosité.

La Waffen SS galicienne fut l’une des nombreuses formations ukrainiennes intégrées ou alliées à l’Allemagne nazie. Elle est principalement issue de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN). L'OUN a été officiellement réhabilitée en 2007 par le président Viktor Iouchtchenko. Jusqu’à présent, c’était surtout une dissidence de l’OUN, l’Armée ukrainienne des insurgés (UPA), qui avait bénéficié de cette réhabilitation. Se réclamant de Stepan Bandera, inspirateur en 1940 des bataillons ukrainiens de la Wehrmacht engagés dans l’invasion de l’URSS, les «banderistes» (OUN-Bandera ou «Révolutionnaires») se sont ensuite rebellés contre l’occupant allemand, en juin 1941, tout en poursuivant la lutte armée contre l'Armée rouge soviétique et l'Armée polonaise. Accusés d’actions «génocidaires» contre des populations civiles polonaise, juive et tsigane, les combattants de l’UPA ont aujourd’hui été lavés de ces «calomnies bolchéviques» (sic) et honorés comme ayant fait partie d'une véritable «résistance patriotique», du moins en Ukraine occidentale et dans la mouvance politique engagée dans la «révolution orange» de 2004.

Quant à l’autre tendance de l’OUN, dirigée par Andryi Melnik et étroitement liée au Comité central ukrainien, organe coordinateur de la collaboration ukrainienne pronazie, et à l’Eglise gréco-catholique uniate, elle avait, dès 1941, demandé aux Allemands la mise sur pied d'une division ukrainienne de la Waffen SS. Ce n'est qu'en 1943 que les nazis ont finalement accordé cette faveur aux collaborateurs ukrainiens, après la terrible défaite de Stalingrad. L'Allemagne ayant alors besoin de nouveaux combattants.


Scène quotidienne en Europe de l'Est durant la Seconde Guerre mondiale. Ici, nous sommes à Belzec, lors d'un massacre de civiles, de femmes et d'enfants, commis par des nazis ukrainiens que tentent désormais de réhabiliter leurs disciples avec le soutien du pouvoir démocratique mis en place avec l'appui de l'Europe de l'Ouest...

Services secrets américains 

A leur tour, les adeptes de la SS galicienne, réhabilitée de nos jours en Ukraine occidentale, réclament une reconnaissance officielle de leurs «mérites». Chaque 28 avril est l’occasion de raviver la flamme de leur souvenir nostalgique. Aux Etats-Unis et au Canada, la mémoire de ces ex-combattants nazis galiciens est toujours honorée au sein de la diaspora ukrainienne. Cette dernière est notamment formée d'anciens de la division SS galicienne qui combattit «héroïquement» (sic) l’Armée rouge et les partisans communistes en Slovaquie et en Slovénie, avant d’être versée dans l’Armée nationale ukrainienne du général Shandruk, puis largement «exfiltrée» par les services secrets américains et britanniques, dans le cadre de la préparation de la guerre froide qui succèdera à la Deuxième Guerre mondiale.

Un monument à la célèbre division «Galizien», érigé dès 1991 mais aussitôt détruit, devrait maintenant être rétabli dans la région de Lviv. C’est du moins le souhait des organisations «patriotiques». Un projet de loi est par ailleurs à l’examen au parlement ukrainien en vue d’une pleine réhabilitation de l’UPA et de la SS «Halitchina». Ce projet bénéficie de larges faveurs au sein du camp «orange», mais non sans hésitations ou réserves : une majorité se prononce pour la réhabilitation de l’UPA, présentée comme une «résistancenationale», une minorité seulement veut étendre cette faveur à la division SS, en raison notamment de sa mauvaise réputation au niveau international.

A l’inverse, le Parti des régions, surtout implanté à l’Est, et bien sûr les partis communiste et socialiste progressiste s’opposent à ces réhabilitations. Ce clivage recoupe celui des opposants et adversaires d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.

Ilya PEROUN
Spécialiste de RésistanceS.be pour la Russie et l'ex-URSS

Interdiction des symboles soviétiques et nazis en Ukraine ?


Affiche de propagande de la SS ukrainienne de l'époque.


En juillet dernier, l’agence de presse russe Regnum informait qu'une nouvelle bataille symbolique et politique d’envergure s’annonçait entre Kiev, la capitale urkrainienne, et Moscou, la capitale russe

A l’exemple de la Lituanie, l’Ukraine envisage d’interdire les symboles communistes et nazis, soit la faucille et le marteau, ainsi que l’étoile rouge, autant que la croix gammée. Tel serait du moins le contenu du projet de loi que s’apprêterait à déposer au parlement «Notre Ukraine- Autodéfense populaire», le bloc politique rassemblant les partisans du président Viktor Iouchtchenko et une frange de la droite nationaliste. Un tel projet viserait, non l’extrême droite, dont seule une minorité arbore encore les insignes nazis, mais bien le parti communiste et d’autres formations de la gauche radicale locale, toujours influents, notamment dans l’Est du pays.

Un problème serait également posé pour les drapeaux et insignes de l’Armée rouge, arborés par les anciens combattants soviétiques d’Ukraine et, officiellement, lors des célébrations de la «victoire sur le fascisme».

Le parti néofasciste «Svoboda» exigeait cette interdiction pour le 9 mai dernier. Cette mesure pourrait être appliquée dans quelques localités. C’est d’ailleurs en tant qu’emblèmes du combat commun contre l’Allemagne nazie que leur interdiction en Lituanie a soulevé les protestations de la Russie.


Soros : les complaisances libéral-fascistes
Le 14 octobre dernier, comme chaque année désormais en Ukraine, les officiels et les organisations nationalistes ont célébré l’anniversaire de l’UPA (ou OUN-UPA), l’organisation national-fasciste des années 30-40 qui, après avoir collaboré avec les nazis, se mua en «résistance» autonome, luttant contre les armées soviétique, polonaise et allemande. La célébration de Kiev, sous le patronage des néonazis du parti «Svoboda» a cependant été interdite par le tribunal local, alors que devait y prendre part le représentant du gouvernement et ministre de l’Intérieur Iouri Lioutsenko. En Crimée, un défilé néonazi de «Svoboda» a été empêché par une contre-manifestation conduite par les communistes.

A Donetsk, un concert en l’honneur de l’UPA était organisé par l’association des ONG locales affiliée au fonds de la «Renaissance» de Georges Soros et la National Endowment for Democracy (NED). Le soutien des conservateurs américains du NED n’est pas surprenant, mais celui de l'homme d'affaires Georges Soros parait plus étonnant. Comment est-ce possible qu'une personnalité comme lui, d'origine juive, puisse aujourd'hui favoriser la réhabilitation d’une organisation réputée pour ses massacres visant systématiquement des populations civiles polonaise, tzigane et juive pendant la guerre de 1941-1945 ?

Ilya PEROUN 

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Sur Facebook :

Michael de Levy
Je n'y comprend rien à ce qui se passe à Kiev!
Si je résume, des neo-nazis adorateurs d'Hitler de Sobovka alliés à des partisans de la corruption et du grand banditisme (la blondasse avec sa couette Timochenko) manifestent avec ou à coté des libéraux pro-européens (ceux menés par le boxeur) pour changer de régime.
Et face à eux, ce sont les démocrates qui mettent des snipers sur les toits pour abattre les manifestants désarmés.
Le tout dans l'indifférence totale du monde (on a l'habitude) mais surtout des ukrainiens lambda qui se foutent royalement de ce qui se passe place Maidan.
Et après on me dit que la crise syrienne est compliquée
****
Pencak Akiva Patrick David JewSalsa les voila les salopes de kiev http://www.dailymotion.com/.../x3ponb_neo-nazis-en-israel...

Avroum Herschl Schiller il faut que John Kerry aille en Ukraine pour regler la question...et quand il aura fini, Venezuela...ca risque de l'occuper un bon moment

Max Kerkar Point de vue du journaliste Jack Dion : Le premier mot qui vient à l'esprit, quand on pense à l'Ukraine, c'est : assez ! Assez de sang versé. Assez de répression d'un pouvoir qui semble considérer que le char peut remplacer le dialogue. Assez de provocations aveugles - de part et d'autre. De ce point de vue, l'Europe est fondée à demander des comptes au président Yanoukovitch à l'Onu à demander le retour au calme ; et les grands esprits à prôner la solidarité. Mais à condition de ne pas regarder Kiev avec des lunettes déformantes.
Or, à lire ce qui s'écrit sur l'Ukraine, tout est simple, trop simple. Il y a les Bons, qui animent la révolte, "pro-Européens " ;, tous forcément animés d'une flamme démocratique éternelle, et il y a les Méchants, ceux d'en face, soutiens du président Yanoukovitch, suspectés d'être des marionnettes de Poutine, l'incarnation du diable.
Ainsi va l'information binaire et manichéenne, digne de Tintin chez les Ukrainiens. La réalité, comme toujours, est plus complexe.
Que le président Yanoukovitch dont on rappellera cependant qu'il a été élu - soit un apparatchik corrompu, nul n'en doute. Comme l'ensemble de l'élite au pouvoir, il a profité de la chute de l'URSS pour devenir l'un de ces nouveaux riches qui ont poussé à l'Est comme champignons après la pluie. On pourrait d'ailleurs en dire autant de ses prédécesseurs, Ioulia Timotchenko et Viktor Ioutchenko, qui animèrent la "révolution orange" de 2004. L'occident les idéalisait alors qu'ils étaient manipulés en sous main par les oligarques et leurs affidés.
C'est ce pillage en règle qui a mis le pays à feu et à sang et qui a amené le président Yanoukovitch à se tourner vers l'UE pour obtenir de l'aide. En guise de réponse, on lui a proposé une feuille de route économique et sociale digne de la salade grecque. Face à cette provocation, il a demandé l'aide financière de Poutine, tout content d'en profiter pour conserver l'Ukraine dans son orbite. A qui la faute ?
Mais parmi ceux qui dénoncent avec raison le régime en place à Kiev aujourd'hui, il n'y a pas que les héritiers slaves de la Commune de Paris. A côtés des courageux citoyens qui n'ont que leur poitrine à offrir aux policiers du régime (formés à bonne école), il y a aussi des ultras d'extrême droite qui feraient passer pour de doux rêveurs les manifestants anti " mariage pour tous ", des esprits échauffés par la haine anti Russe, des antisémites avérés, des jusqu'au-boutistes prêts à faire éclater un pays historiquement partagé entre son attachement à l'occident et ses racines slaves.
Cette étrange cohorte a été chauffée à blanc par des stratèges formés à l'époque de la guerre froide. Ces derniers ont voulu faire de l'Ukraine une tête de pont contre la Russie, d'abord en l'arrimant à marche forcée à l'Union Européenne, puis en rêvant d'en faire un nouveau pion de l'Otan, cette organisation militaire dont on se demande au nom de quoi elle continue à exister alors que l'URSS est morte et enterrée.
Dans ce contexte explosif, il importe donc de garder la tête sur les épaules et de ne pas sombrer dans la surenchère. Car si l'Ukraine part en lambeaux, toute l'Europe en subira les conséquences.
La seule voie qui peut permettre de sortir du face à face de la place Maïdan, c'est celle du dialogue et du compromis. Cela concerne toutes les forces en présence. L'Europe peut jouer un ôle positif pour faire revenir le pouvoir sur ses lois répressives, faciliter la recherche d'un accord a minima avant d'inévitables élections anticipées, et ne pas faire de la Russie un ennemi éternel.
Toute autre solution pourrait transformer en Kiev en poudrière en plein cœur du vieux continent, sans que nul ne puisse imaginer les dégâts collatéraux.

Jean Luc Zerbib t'inquiete ils trouveront bien un moment pour etre unifier contre les Juifs...tradition oblige

Rika Chaval Une carte qui montre la repartition des salaires en Ukraine (je ne sais pas de quelle année). Les plus c'est rouge foncé, plus on gagne (sur l'echelle allant de 1.250 - 3.000 hryvnia). Vous pouvez deviner quelles sont les parties - en dehors de la Crimée - que Putin entend voler à l'Ukraine .... 

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Vladimir Poutine gouverne la Russie et ses environs depuis Sotchi. La véritable humiliation subie par l’équipe russe de hockey sur glace battue en quart de finale par la Finlandene l’a pas détourné longtemps de sa principale préoccupation: le soulèvement en Ukraine.

Ukraine: Poutine a une stratégie (et une longueur d'avance sur l'Europe) pour imposer son projet

http://www.slate.fr/story/83707/la-strategie-de-poutine-pour-imposer-son-projet-en-ukraine

Depuis Sotchi, le président russe tire les ficelles: la création d’un Etat fédéral en Ukraine, composé de deux voire trois parties.

L'AUTEUR

 

Daniel Vernet, journaliste, ancien directeur de la rédaction du Monde et spécialiste des relations internationales. Il a écrit de nombreux livres dont récemment «La Chine contre l'Amérique, Le duel du siècle», Grasset, avec Alain Frachon.

Depuis Sotchi, le président russe tire les ficelles: la création d’un Etat fédéral en Ukraine, composé de deux voire trois parties.

Le président russe aurait sans doute préféré que les affrontements sur Maïdan, la place de l’Indépendance à Kiev, ne viennent pas troubler les images des Jeux olympiques d’hiver. Ce qu’il déplore, ce n’est pas la répression sanglante menée par le régime de Viktor Ianoukovitch contre les manifestants, c’est que la décision de mettre fin à l’occupation du centre de la capitale ukrainienne arrive si tard.

Plusieurs responsables russes l’ont dit au cours des dernières semaines. Poutine et Ianoukovitch se sont entretenus au téléphone mardi soir, alors que les forces de l’ordre ukrainiennes chargeaient les manifestants. On ne connaît pas la teneur de leur conversation mais le moins qu’on puisse dire et que le chef du Kremlin n’a pas dissuadé son collègue d’employer le manière forte.

Les Russes dénoncent une «tentative de coup d’Etat», des menées terroristes soutenues par les impérialistes et les fascistes occidentaux. Dans ses entretiens téléphoniques avec des dirigeants européens, notamment avec la chancelière allemande Angela Merkel, Vladimir Poutine n’en appelle pas moins à l’Union européenne pour «convaincre l’opposition ukrainienne de négocier». Ce qui ne l’empêche pas dans le même souffle de condamner «l’ingérence» des pays occidentaux dans un Etat souverain. Une manière de souligner la responsabilité des Européens dans la situation en Ukraine.

La Russie elle-même n’est pas inactive en Ukraine. Le Kremlin n’a pas hésité à exercer un chantage ouvert sur Ianoukovitch pour qu’il ne signe pas l’accord d’association proposé par l’UE en novembre 2013: fermeture de la frontière russe aux produits ukrainiens, pressions sur le prix du gaz et promesse d’un crédit de 15 milliards de dollars, etc.

Une première tranche de 3 milliards a déjà été versée et une deuxième tranche de 2 milliards proposée et retirée en fonction de l’évolution du rapport de forces entre le régime et l’opposition à Kiev.

Mais Vladimir Poutine ne considère pas qu’il s’agisse d’une «ingérence» dans un Etat souverain. Pour lui, l’Ukraine n’est qu’un morceau de la Russie détaché par méprise. En 1991, l’indépendance de l’Ukraine (et de la Biélorussie) était la condition de la fin de l’URSS et donc de la restauration d’un Etat russe. Mais l’Ukraine est un pays slave, de langue russe, berceau de la civilisation russe, bref une province de la Russie qu’il serait bon de récupérer. Vladimir Poutine l’avait dit, peut-être sous forme de boutade, à George W. Bush en 2008.

En tous cas, Poutine a fixé une ligne rouge et tout laisse à penser qu’il fera tout ce qui est son pouvoir pour la faire respecter: l’Ukraine ne doit pas basculer du côté de l’Europe, a fortiori une Ukraine démocratique qui aurait rompu avec l’autoritarisme postsoviétique.

Le président russe raisonne dans les termes traditionnels de la diplomatie russe, communiste comme tsariste. La Russie doit se prémunir contre des menaces extérieures en s’entourant d’Etats vassaux. Ce principe a été largement entamé à la fin de la guerre froide quand plusieurs républiques ex-soviétiques ou des démocraties dites populaires en Europe centrale ont rejoint l’Union européenne et l’OTAN.

Le Kremlin ne peut pas laisser échapper l’Ukraine, un pays de 45 millions d’habitants, aux liens historiques et économiques étroits.

Il le peut d’autant moins que Poutine craint, à tort ou à raison, l’effet de contagion de l’Ukraine sur la Russie. Les manifestations de protestation contre les fraudes électorales aux scrutins législatifs et présidentiel en Russie, en 2011 et 2012, ont rappelé au pouvoir poutinien les mauvais souvenirs des «révolutions de couleur» à Kiev et à Tbilissi en Géorgie au début des années 2000.

La carte des affrontements

Le soulèvement de la place Maïdan est considéré comme un avant-goût de ce qui pourrait se passer en Russie même. Cette hantise du pouvoir russe parait d’autant plus excessive que Poutine a réussi au cours des derniers mois à neutraliser son opposition autant par tous les moyens à sa disposition. Mais comme le disait Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, «la Russie est menacée d’être encerclée par des démocraties».

En même temps, Vladimir Poutine ne peut pas tenir compte de la complexité de la situation ukrainienne et espérer que le pays retombe simplement sans son escarcelle. D’où les plans échafaudés à Moscou, dont la presse russe se fait l’écho.

Une hypothèse serait la division de l’Ukraine, selon les lignes historiques, linguistiques et économiques. L’Ukraine de l’ouest, catholique, ukrainophone, tournée vers la Pologne, pourrait à la limite rester indépendante et s’orienter vers l’UE. L’Est russophone, orthodoxe, dépendant du grand voisin pour son industrie minière et sidérurgique, redeviendrait une partie de la Fédération russe. Cette solution se heurte à un obstacle.

Les trois mois de soulèvement populaire ont eu pour effet de brouiller cette division est-ouest. Au début, les premiers manifestants réclamaient un rapprochement avec l’Europe. Ils venaient essentiellement de l’Ukraine occidentale. Mais au fil des mois, les revendications ont changé. Elles ont visé de plus en plus la nature même du régime, l’arbitraire du pouvoir, la corruption. Et ces revendications ont fédéré des opposants, à l’ouest comme à l’est du pays où des manifestations ont eu lieu dans des hauts lieux du Parti des régions, le parti russophone de Viktor Ianoukovitch.

L’autre hypothèse évoquée à Moscou serait alors la création d’un Etat fédéral en Ukraine, composé de deux voire trois parties: l’ouest, l’est et la Crimée, peuplée d’une majorité de Russes depuis que les Tatars d’origine en ont été bannis par Staline. (La Crimée a été donnée à l’Ukraine par Khrouchtchev en 1954 et abrite une base navale russe à Sébastopol, louée à la Russie jusqu’en 2042).

La Fédération serait suffisamment lâche pour que chaque partie constituante puisse nouer des relations étroites avec les Etats voisins de leur choix. Ce serait une manière de maintenir la fiction d’une Ukraine indépendante tout en permettant à l’est russophone et à la Crimée de s’amarrer à la Russie.

Vladimir Poutine a une longueur d’avance sur les Européens qui peinent à définir une politique commune: il a un projet pour l’Ukraine et des moyens de pression pour l’imposer.

Daniel Vernet

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Pour comprendre la division politique de l'Ukraine, il faut plonger dans son passé religieux

par Henri tinq
http://www.slate.fr/story/81385/comprendre-division-politique-ukraine-passe-religieux

Très présentes dans l’Ouest pro-européen, l’Eglise gréco-catholique martyrisée sous Staline et l’Eglise orthodoxe dissidente mènent la contestation contre le régime pro-russe de Viktor Ianoukovitch. L’orthodoxie officielle reste dépendante du patriarcat de Moscou et soutient le président en place.

- Un prêtre lors d'une manifestation pro-UE, à Kiev, le 9 décembre 2013. REUTERS/Gleb Garanich -

Des croix, des icônes, des offices, des tentes décorées en chapelles, des prières, des sermons de prêtres et de moines en soutane: les manifestations de l’opposition sur la place Maïdan de Kiev viennent rappeler l’engagement politique des Eglises en Ukraine, l’originalité et la complexité de la situation religieuse de ce pays tiraillé, depuis des siècles, entre l’orthodoxie russe à l’Est et l’Occident catholique. La religion est au cœur de l’affrontement historique entre l’Est pro-russe et l’Ouest pro-européen.

A l’Ouest, l’Eglise gréco-catholique (de rite byzantin, mais rattachée à Rome et au pape) et l’Eglise orthodoxe dissidente dite du patriarcat de Kiev —qui a rompu depuis l’indépendance de 1991 avec l’orthodoxie majoritaire à l’Est dépendante de la Russie et du patriarcat de Moscou— militent pour le rapprochement avec l’Union européenne, manifestent contre le président pro-russe Viktor Ianoukovitch, son alliance avec Vladimir Poutine et font campagne pour la libération de l’opposante Ioula Timochenko.

Elles souhaitent détacher le pays de toute influence russe et défendent l’ukrainien comme langue officielle, contre le russe resté dominant. Déjà, pendant la révolution «orange» de 2004, ces Eglises de l’Ouest avaient soutenu la candidat pro-occidental, Viktor Ioutchenko, contre le candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch.

A l’Est, l’Eglise orthodoxe officielle, dite du patriarcat de Moscou, est l’un des principaux soutiens du président Ianoukovitch en place. Elle dispose d’un statut d’autonomie en Ukraine, mais reste partie intégrante de la puissante Eglise orthodoxe de Russie, à laquelle elle fournit une bonne partie de ses fidèles, de son clergé, de ses biens.

Un patchwork de confessions et d’Eglises rivales et concurrentes

Depuis l’indépendance de l’Ukraine, Moscou fait tout pour retenir dans son orbite cette Eglise ukrainienne travaillée par des tentations d’autonomie. Elle fait la guerre à l’Eglise dissidente du patriarcat de Kiev, qui lui a pris une partie de son clergé et de ses fidèles, et garde des relations très froides avec les Eglises catholiques de l’Ouest.

Ainsi l’Ukraine, l’un des plus grands pays d’Europe, ressemble t-elle à un patchwork de confessions et d’Eglises rivales et concurrentes, avec ses conséquences politiques, notamment la division entre la partie occidentale et la partie orientale qui s’étale aujourd’hui sur la place Maïdan. Cette complexité est le résultat de l’histoire et de la situation géopolitique particulière de ce pays.

C’est sur cette terre d’Ukraine qu’est né le christianisme slave. En 988, le prince Vladimir de Kiev se fit baptiser dans les eaux de la Dniepr et évangélisa l’ancienne Russie (la Rous). C’est un acte fondateur, encore célébré aujourd’hui en Russie et en Ukraine.

Depuis, au fil des siècles, l’Ukraine a été ballotée entre l’hégémonie russe à l’Est et l’influence des puissances (grand-duché de Pologne et de Lituanie, empire des Habsbourg) qui ont dominé le centre du continent.

Quand, à la fin du XVIe siècle, les forces venues de l’Ouest et des papes de Rome réussissent à reconquérir des territoires orthodoxes et à faire avec eux une «union» (unya) lors du traité de Brest-Litovsk (1596) —acte de naissance de l’Eglise gréco-catholique dite «uniate»— , s’ouvrent quatre siècles de violents affrontements entre orthodoxes et catholiques.

Cette reconquête catholique dans les terres orthodoxes de l’Est européen et des Balkans (il y a aussi des Eglises gréco-catholiques en Roumanie, en Slovaquie, à la frontière orientale de la Pologne) est restée une écharde dans la mémoire orthodoxe. Jusqu’à aujourd’hui.

Le pape de Rome, Jean Paul II, Benoît XVI, n’a jamais pu se rendre à Moscou.

Une église martyre

A la fin de la seconde guerre mondiale, l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine (qui a gardé ses caractéristiques orthodoxes comme le rite byzantin et le clergé marié), accusée d’avoir collaboré avec les nazis et encouragé les revendications nationalistes contre l’URSS, est liquidée par Staline.

L’Eglise orthodoxe assiste alors sans réagir (elle est elle-même persécutée) à la destitution de tous les évêques catholiques et à leur incorporation de force dans l’orthodoxie dirigée depuis Moscou.

Ceux qui résistent —1500 prêtres et évêques, des centaines de religieux, des milliers de laïcs— sont arrêtés, déportés, assassinés.

Ce n’est que le 1er décembre 1989, jour de la rencontre au Vatican entre Jean Paul II et Mikhaïl Gorbatchev, que l’Eglise gréco-catholique sort de sa clandestinité. Mais la restitution de ses biens et de ses églises, confisqués en 1946, devient un nouveau casus belli avec les orthodoxes.

Des cathédrales et des églises sont occupées de force. Depuis, la situation s’est apaisée, mais l’Eglise gréco-catholique reste l’un des maillons les plus profonds de la résistance à l’influence russe. Elle compte aujourd’hui 3.000 prêtres et 6 millions de fidèles, vivant surtout en Ukraine occidentale où ils mènent la contestation contre le régime du président  Ianoukovitch.

22 ans après l’effondrement de l’Union soviétique et l’indépendance de l’Ukraine, l’orthodoxie reste fracturée. La partie se joue entre l’Eglise orthodoxe officielle placée sous l’autorité du métropolite (évêque) Vladimir, courroie de transmission de la Russie, et l’Eglise dissidente, nationaliste et antirusse, dirigé par le très contesté patriarche Philarète, corrompu, marié, père de famille, ce qui est interdit pour un évêque en orthodoxie.

Celui-ci a gagné à sa cause nombre de diocèses, de prêtres, de fidèles, en Ukraine de l’Ouest, mais il n’est pas reconnu par le reste de l’orthodoxie mondiale.

Ces deux Eglises orthodoxes jouissent d’une influence sensiblement égale, mais aucune perspective de réconciliation ne semble envisageable. Au contraire, les événements actuels sur la place Maïdan ne font qu’élargir le fossé.

Henri Tincq

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UKRAINE. "Poutine doit écraser le virus de Maïdan"


Publié le 27-02-2014 à 11h59Mis à jour à 14h11

Alors que la pression internationale s'accroît pour éviter toute intervention russe en Ukraine, la politologue Lilia Chevtsova explique pourquoi la révolution en cours menace le pouvoir de Poutine. Vladimir Poutine, le 26 février 2014. (Mikhail Metzel/AP/SIPA)

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Alors que la Russie vient d'annoncer qu'elle acceptait de garantir la sécurité de Ianoukovitch, le président de l'Ukraine renversé le week-end dernier, et que des hommes armés pro-russesoccupent depuis hier les bâtiments du parlement et du gouvernement de Crimée, la politologue Lilia Chevtsova explique au "Nouvel Observateur" pourquoi la révolution ukrainienne menace à la fois le projet d'une nouvelle Grande Russie et le propre pouvoir du tsar Poutine. Interview.

Poutine va-t-il s'avouer vaincu en Ukraine ?

- Certainement pas ! Pour lui, l'Ukraine est une question existentielle, de vie ou de mort. Il ne peut pas perdre. Il a tant investi - politiquement, psychologiquement et financièrement - pour faire revenir l'Ukraine dans le giron russe. Il a dépensé tant de milliards, tant de capital politique. Et les médias à la solde du Kremlin et toute l'élite russe ont tellement répété ces derniers mois que ce pays faisait partie de la Russie ! En juillet, Poutine a même déclaré publiquement que la Russie et l'Ukraine forment une "même nation". Reconnaître une défaite serait comme accepter de perdre un bras ou une jambe . Impossible pour un tsar qui s'est forgé une image de vainqueur. Et puis il lui faut écraser le virus de Maïdan de peur qu'il ne contamine la société russe et ne l'emporte à son tour, lui Poutine, comme Ianoukovitch. De son point de vue, le président russe n'a donc pas d'autre choix que de faire plier le nouveau pouvoir ukrainien - coûte que coûte.

Pourquoi l'Ukraine est-elle si importante pour lui ?

- Parce que c'est grâce à elle qu'il espère garder le pouvoir ou du moins à cause d'elle qu'il pourrait le perdre. Voici pourquoi. Poutine a compris que la stratégie qu'il a menée pendant des années pour se maintenir aux commandes de la Russie - la répression et la propagande - n'est plus suffisante. En 2011 et 2012, lors des grandes manifestations contre les fraudes électorales, il a constaté que la population, qui jusque-là lui était attachée, commençait à le rejeter, à le mépriser. Pour lui, ce fut le signal évident d'un grand danger. Alors, comme tous les tsars avant lui, il a cherché son salut intérieur à l'extérieur.

De quelle façon ?

- Depuis deux ans, il a repris l'antienne nationaliste : menacée militairement, économiquement et moralement par des puissances étrangères, occidentales surtout, la Grande Russie doit se défendre. Comment ? En devenant plus grande encore. D'où son idée d'une Union eurasiatique, sorte de revival de l'Union soviétique dont il est, comme beaucoup de Russes, un grand nostalgique. Il en a annoncé la création pour 2015. Après Sotchi, c'est son nouveau grand projet, pour lequel il est prêt à dépenser autant d'énergie et d'argent.

De quoi s'agit-il exactement ?

- Les contours ne sont pas encore très clairs. En gros, cette union ne serait pas seulement douanière, les Etats membres mettraient en commun leur politique judiciaire, une partie de leur armée et de leur politique étrangère. Le tout étant dirigé par un organe suprême, contrôlé par le Kremlin et charpenté autour d'une sorte d'idéologie commune, conservatrice et autoritaire.
Mais, pour l'instant, seuls le Kazakhstan, la Biélorussie et l'Arménie ont dit qu'ils souhaitaient en faire partie, et encore en mettant beaucoup de bémols. Ce n'est pas suffisant pour rendre crédible cette nouvelle URSS, surtout aux yeux des Russes. A cette alliance, il manque son joyau : l'Ukraine. Voilà pourquoi, pour le Kremlin, celle-ci ne doit en aucun cas se rapprocher des Vingt-Huit. L'en empêcher est, depuis plusieurs mois, au coeur de la stratégie diplomatique de Poutine. Et le restera, quoi qu'il arrive.

Pour bâtir cette Union, le Kremlin utilise la contrainte avec d'autres ex-Républiques soviétiques, n'est-ce pas ?

- Avec toutes, en fait. En septembre, le vice-Premier ministre russe, Rogozine, s'est rendu en Moldavie et a menacé de rompre tous les liens avec ce petit pays misérable et, notamment, de ne plus lui livrer de gaz, s'il signait, comme prévu, un accord d'association avec l'Union européenne. Mais, soutenu par la Roumanie, le président moldave Timofti n'a pas plié. Il est certain que Poutine va revenir à la charge.

Son chantage a marché avec l'Arménie. Toujours en septembre dernier, Poutine a appelé son homologue arménien, Serge Sarkissian, qui devait, lui aussi, signer un accord de partenariat avec l'Union européenne en novembre. Il lui a dit : "Soit tu y renonces, soit je ne garantis plus ta sécurité vis-à-vis de l'Azerbaïdjan." Et, comme l'Ukrainien Ianoukovitch, l'Arménien, apeuré, s'est exécuté.
Pour le récompenser, Poutine s'est rendu, début décembre, en Arménie et a annoncé qu'il allait lui vendre le gaz russe à moitié prix. Quelques jours plus tard, Serge Sarkissian a fait une demande officielle pour que son pays rejoigne l'Union eurasiatique. Le cas du petit Kirghizstan est intéressant, qui a renversé l'arme du chantage. Il avait d'abord dit oui puis a demandé un prêt de 200 millions de dollars à la Russie. Comme le Kremlin a refusé, il a suspendu sa promesse.

Où Poutine a-t-il déniché cette idée "eurasiatique" ?

- En fait, il a ressorti des placards une idéologie fumeuse élaborée dans les années 1920 par des Russes blancs ayant fui la révolution bolchevique pour se réfugier en Europe, une chimère aussitôt oubliée : l'eurasisme. Selon ses tenants, la Grande Russie est un "troisième continent" entre l'Occident, décadent et matérialiste, et l'Asie. Soutenue par quelques personnalités de l'Eglise orthodoxe, cette chimère est réapparue dans le chaos des années 1990. Sa figure de proue d'aujourd'hui est un certain Alexandre Douguine, qui, avant d'être un idéologue proche du Kremlin, était considéré comme un marginal d'extrême droite. Il avait créé le Parti national-bolchevique avec Edouard Limonov.

Poutine ne peut-il pas abandonner ce projet ?

- Je ne vois pas comment. C'est son seul projet de politique étrangère et son dernier instrument pour se maintenir au pouvoir.

Un des moyens de le réaliser serait de provoquer l'éclatement de l'Ukraine et de faire adhérer la partie russe du pays à l'Union eurasiatique.

- Cette menace existe, en effet. La propagande officielle l'a brandie pour la première fois à la télévision en décembre dernier. Dans les talk-shows les plus populaires, les publicistes du Kremlin ont commencé à parler d'une "fédéralisation" voire d'un éclatement du pays. Dans les régions majoritairement russophones, où beaucoup de personnes sont porteuses d'un passeport russe, des comités de citoyens ou des parlements locaux demanderaient de rejoindre la Russie ou, au moins, l'Union eurasiatique. Certains vont jusqu'à évoquer un scénario géorgien. Les troupes russes seraient "contraintes" de venir défendre les citoyens russes d'Ukraine et, par là, d'annexer la partie russophone de l'Ukraine. Je doute que ces scénarios deviennent réalité. Les brandir est plutôt une stratégie du Kremlin en vue d'"assouplir" le pouvoir ukrainien : "Si vous acceptez de passer un accord avec nous, nous mettrons fin à cette agitation 'séparatiste'." Reste qu'il n'est pas impossible que certaines villes russophones, comme Sébastopol, demandent à être rattachées à la Russie.

Poutine peut-il faire affaire avec Ioulia Timochenko, si elle est élue présidente en mai ?

- En tout cas, il va essayer. Et il n'est pas exclu qu'il y parvienne. En fait Poutine méprisait Ianoukovitch, qui n'a jamais été son candidat favori. Il le considérait comme peu fable et trop faible. Depuis quelques mois, il cherchait un autre cheval. Il a même déclaré qu'il pourrait s'entendre avec une figure de l'opposition. Il pensait à Timochenko qu'il connaît bien, depuis longtemps. Quand elle était Premier ministre, cela se passait plutôt bien entre eux. D'ailleurs le président par intérim, un proche de Timochenko, s'est empressé de déclarer, dès le premier jour de son mandat, qu'il souhaitait avoir des relations "constructives" avec la Russie. Qu'entend-il par là ? Mystère. Cela dit, il leur sera très difficile de signer des accords en coulisses, comme avant. Désormais il faudra compter avec une nouvelle force très vigilante et puissante : la foule de Maïdan.

La révolution ukrainienne aura-t-elle un impact sur la société et la politique russes ?

- Forcément. Poutine sait que, quand elle est dépourvue de canaux d'expression politique libre, une population en colère n'a pas d'autre choix que de descendre dans la rue. Certes, la société russe est aujourd'hui totalement apathique et démoralisée. Mais demain, avec la récession économique qui commence, on ne sait ce qui peut se passer. C'est pourquoi, après l'intermède de Sotchi, Poutine va resserrer les boulons un peu plus encore. Ça a déjà commencé. Lundi 24 février, dès le lendemain de la clôture des JO, huit manifestants pris au hasard lors de rassemblements anti-Poutine en mai 2012 ont été condamnés à des années de prison ferme. Le message est on ne peut plus clair.
 
Propos recueillis par Vincent Jauvert

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Déclaration du président de la République lors de son arrivée au Conseil européen 


Jeudi 20 mars 2013

LE PRESIDENT : « Ce qui s’est produit en Ukraine et plus particulièrement en Crimée est inacceptable. Il ne peut pas être admis que des frontières puissent être bougées et qu’une région puisse passer d’un pays à un autre, sans que la communauté internationale ait à réagir.

C’est ce que doit faire l’Europe. Elle avait prévenu. Des sanctions vont donc être décidées, concernant notamment un certain nombre de personnalités, sur leur situation personnelle et leurs avoirs financiers.

Il y aura aussi une suspension des relations politiques puisqu’il devait y avoir une réunion entre l’Union européenne et la Russie. Elle ne peut pas avoir lieu dans ces conditions.

Nous devrons également envisager d’autres sanctions s’il y avait une escalade.

C’est le principe de fermeté qui doit l’emporter mais aussi le principe de discussion.

Si la Russie accepte d’ouvrir les discussions, si la désescalade peut être maintenant confirmée, alors il n’y aura pas de passage à d’autres sanctions. Mais, à l’inverse, s’il y a une montée de revendications illégitimes, s’il y a des opérations de troupes, s’il y a des menaces, alors il y aura d’autres sanctions.

Nous passons à une nouvelle phase, celle des sanctions individuelles. Nous en préparons d’autres si la situation devait dégénérer. »

LE PRESIDENT : « les sanctions individuelles vont être discutées ici. Les personnes qui ont pu jouer un rôle – en Ukraine ou en Russie – de nature à provoquer ce qui se produit aujourd’hui, ces personnes-là devront être concernées. »

LE PRESIDENT« La diplomatie et l’économie vont de pair. S’il n’y a pas de menace, y compris sur l’économie, alors il ne peut pas y avoir de place pour la diplomatie. La diplomatie, c’est la discussion, c’est la négociation. Pour qu’il y ait discussion et négociation, il faut qu’il y ait pression. C’est pourquoi les sanctions économiques, même si elles ne sont pas décidées aujourd’hui, doivent être envisagées et doivent être, en tout cas, préparées. Mais pour la réunion du Conseil européen d’aujourd’hui, voire de demain, ce doit être des sanctions individuelles qui doivent être prononcées. Merci »

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La stratégie russe ne sort pas de nulle part, mais d'une légendaire ouverture au jeu d'échecs


http://www.slate.fr/tribune/84635/occident-russie-echecs-defense-alekhine

Depuis deux décennies, la Russie pratique face à l'Europe et aux Etats-Unis la «défense Alekhine»: attendre une généreuse offensive de l’Ouest pour réaliser des gains faciles.

Aux Etats-Unis, le jeu national consiste à lancer une balle et à taper dessus de toutes ses forces. C’est le baseball.

En Europe, les sports les plus populaires consistent à placer un ballon entre deux équipes et à se le disputer à coups de pied ou à coups de coude. C’est le football ou le rugby.

En Russie, lorsqu’on veut se mesurer à un adversaire, on sort un jeu d’échecs, on place lentement les pièces sur des cases et on réfléchit. Le vainqueur est celui qui prévoit longtemps à l’avance les coups de l’adversaire. Là est toute la différence dans la partie qui se déroule sur l’échiquier géopolitique entre le Dniepr et l’Oural, et où le score, étrangement, est jusqu’ici en faveur du pays de Garry Kasparov.

Reconquête méthodique des cases et des territoires

Bilan du jeu de ces vingt dernières années: dès la fin de l’URSS, les États-Unis poussent leur premier pion en Géorgie. Résultat de cette première tentative, l’Abkhazie tombe sous le contrôle de Moscou. Le stratège géorgien, Zviad Gamsakhourdia, est destitué.

Simultanément, Washington avance son fou du côté de Bakou, appuyé par ses cavaliers turcs dans le duel qui oppose l’Azerbaïdjan à la petite Arménie. Résultat: le pays pétrolier perd l’avantage et la case arménienne disputée, le Karabagh, revient sous le contrôle de ses habitants historiques. Le cerveau de l’offensive, le président azéri Aboulfaz Eltchibeï, fait ses valises.

Idem pour la Moldavie, autre petit pion poussé par la Roumanie, qui voit la diagonale, la Transnistrie passer sous la protection des cavaliers de la XIVème armée russe.

Dans un accès d’optimisme, la Géorgie, (encore elle), sûre d’être protégé par les tours américaines, se lance dans une offense en blitzkrieg sur les cases d6-e6 de l’Ossétie du Sud. Effet prévisible: ce bout d’échiquier caucasien passe à jamais sous le contrôle russe. Le champion en titre, Mikhaïl Saakachvili, prend une retraite anticipée et est remplacé par un pro-moscovite, Bidzina Ivanichvili.

Bilan: à chaque avancée sur son territoire, Moscou étend et consolide ses positions.

Les pions, le cavalier, la dame

Loin de comprendre les leçons du passé, voici qu’au début des années 2010, l’Europe et les Etats-Unis ont voulu reprendre l’initiative du côté de la case Kiev, en poussant d’abord les pions de la Révolution Orange, puis le cavalier Viktor Iouchtchenko, avant d’avancer la dame Julia Timochenko.

Conséquence: après avoir consolidé ses lignes grâce à son fou  Viktor Ianoukovitch, puis les avoir vu brisées à cause de lui, Moscou s’empare de la case Crimée, forte de ses installations militaires, laissant à l’Occident le soin de régler les 140 milliards de dollars de dette extérieure de l’Ukraine restante (soit 80% de son PIB). Dont 65 milliards payables dans l’année, parmi lesquels, notons-le, 2 milliards sont destinés au gazier russe Gazprom, pour ses livraisons d’énergie au tiers du prix mondial.

Il va sans dire que, compte tenu de la baisse de la demande internationale, du pillage systématique du Trésor public ukrainien organisé par l’appareil d’Etat et de l’absence totale d’épargne locale (le salaire moyen est de 308 dollars), le bloc européen et les États-Unis héritent d’une économie exsangue, qui ne survivait jusqu’ici que grâce aux perfusions moscovites. Le tube venant de l’Est étant coupé, c’est aux pays de l’Ouest d’assurer désormais la transfusion.

Atermoiements des chancelleries

On peut légitimement se demander si, après avoir débloqué 110 milliards d’euros de crédits en 2009 puis 130 milliards d’euros en 2012, pour sauver la Grèce, l’Europe est prête à doubler cet effort pour sauver l’Ukraine. Certes, à en croire le Quai d’Orsay, la démocratie n’a pas de prix, mais l’on peut douter qu’à sa demande, la France, déjà à la recherche de 50 milliards d’économie, puisse en trouver une vingtaine de plus pour combler les trous que les oligarques et potentats ukrainiens (souvent les mêmes) ont si méticuleusement creusés.

Au vu de la facture à payer pour sauver le pays du chaos et la population de la guerre civile, il y a fort à craindre que Laurent Fabius, qui a menacé la Russie de «sanctions» pour avoir mis la main sur la Crimée, la menacera bientôt des mêmes punitions pour nous avoir offert le reste de l’Ukraine.

Vu l’enthousiasme que manifeste Angela Merkel à mettre une fois de plus la main à la poche, il y a fort à parier que Bruxelles autant que Washington s’allègeront bientôt du poids de cette démocratie nouvelle en laissant Moscou reprendre sa part du fardeau par l’annexion plus ou moins officielle de la zone orientale russophone, selon des règles déjà éprouvées au Kosovo. Le tout accompagné des atermoiements indignés de nos chancelleries, comme de règle.

Enterré au cimetière Montparnasse

En clair, Moscou n’a qu’une chose à faire: après une généreuse offensive venant de l’Ouest, attendre que le lâchage programmé de l’Ukraine fasse son effet et reprendre sa portion congrue de territoire.

Etrangement, cette stratégie rappelle celle mise au point en 1921 par un maître échiquéen légendaire, Alexandre Alexandrovitch Alekhine. Cette stratégie, la défense Alekhine, consiste en une manœuvre fort simple: en réponse à l’avancée d’un pion blanc, offrir un cavalier sans aucune défense. Les blancs, attirés par un gain facile, avancent le pion pour l’attaquer, puis un autre, puis un autre encore, fragilisant à chaque coup leur propre ligne de défense. A la fin, au moment choisi, le cavalier, coup après coup et fort patiemment, prend tous les pions audacieux et le reste jusqu’à ce que se termine la partie.

En Russie, Alekhine est considéré comme le génie absolu des échecs. Nul doute que ces fins joueurs que sont Poutine et Lavrov ont pratiqué sa défense maintes fois.

Mais bien que naturalisé français l'année de son premier titre de champion du monde, Parisien une bonne partie de sa vie et enterré au cimetière du Montparnasse, Alexandre Alexandrovitch Alekhine n’a fait aucun disciple en France. En tout cas, on le devine, pas au Quai d’Orsay.

René Dzagoyan

A paraître également dans les Nouvelles d'Arménie Magazine

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Bibliographie