facebook

 

Mivy décoiffe,
car il a été conçu par un chauve !

m'écrire : a   adresse : https://www.mivy.fr/


La Victoire de Nethanyahu


Lundi, 15-Avr-2019
Pour réagir, ou s'abonner &agr ave; la liste de diffusion :


Pour naviguer, cliquez sur le nez
historique => journal 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020, 2021 2022 2023
trefle

Version imprimable
Une campagne électorale exécrable où on a tout fait pour salir le concurrent au lieu de débattre des grands problèmes a vu la victoire sur le fil de Nethanyahu, premier ministre sortant, qui bien qu'handicapé par des poursuites judiciaires le menaçant personnellement a su manoeuvrer avec brio et profiter du peu de charisme de son concurrent principal.
 

Israël est une démocratie, il n'y a qu'une seule chambre représentant le peuple, la Knesset, qui a depuis sa création 120 députés, il y en avait 120 alors que le pays ne comptait que trois millions d'habitants, il y en a toujours autant avec trois fois plus d'habitants

La proportionnelle intégrale

Le pays ne forme qu'une seule circonscription électorale.
Chaque parti propose une liste, et les sièges sont répartis entre toutes les listes, en fonction du nombre de voix obtenues. C'est donc la proportionnelle intégrale à un seul tour.

Le président demande au leader de la liste ayant eu le plus grand nombre de députés de former une coalition majoritaire, et s'il réussi, il le nomme premier ministre.

Afin d'éviter la multiplication des partis, il a été décidé que seules les listes ayant plus de trois députés pourraient siégier à la knesset.
Les voix des candidats malheureux sont réparties au prorata entre toutes les autres listes.

En conséquence, le chef de la liste ayant eu le plus grand nombre de suffrages entamera des négociations de marchand de tapis pour s'assurer une majorité stable. Les petits partis dont la présence est indispensable pour former une majorité négocieront cher leur soutien. En fait ils disposent d'une force de chantage redoutable qui leur permet d'obtenir un peu n'importe quoi.


Si on était en France, un parti écologiste avec 10 députés serait une force de suggestion, il disposerait d'une tribune pour s'exprimer mais ne pourrait rien imposer. En Israël, ce même parti pourrait imposer la fin du glyphosate en mettant sa participation au gouvernement dans la balance, et le premier ministre serait obligé soit de remettre son poste en jeu, soit de céder aux écologistes. Pour cela, les petits partis sont sur représentés dans le gouvernement, et ont un poids plus que proportionnel à leur importance numérique.

C'est le cas des partis religieux orthodoxes, qui sont sur-subventionnés, et qui obtiennent des dispenses exorbitantes, par exemple être dispensé du service militaire ou d' enseigner ce qu'ils veulent, comme ils veulent, sans respecter les consignes du ministère de l'éducation ni subir le moindre contrôle. En outre, ils ont le monopole de l'état civil, décident qui peut se marier ou non, et ont leur propre système judiciaire en parallèle avec celui de l'état.

Les forces en présence

La société israélienne est un peu comme un patchwork, avec des groupes très marqués, il y a les arabes, 20 % de la population, et d'autres minorités non juives comme les druzes. Les 'harédims, c'est à dire des juifs vivant strictement selon la torah et ne se mélangent pas au reste de la population, les autres juifs de sensibilité très nationaliste se divisent en deux camps importants, ceux qui trouvent que Benjamin Nethanyahu est le président idéal, et parfois qu'il ne va pas assez loin dans sa politique, et ceux qui pensent qu'il est un mauvais président, et qu'une autre politique peut être engagée.

* Le gagnant : le camp nationaliste

C'est le parti de Benjamin Nethanyahu, nationaliste et libéral, il tient le pouvoir depuis longtemps. Toutefois le caractère autoritaire de son chef, son art de jouer les uns contre les autres, a frustré pas mal de ses partisans, qui ont tenté leur chance en créant leur propre parti. Comme vous pouvez le lire plus haut, être à la tête d'un petit parti d'appoint vous permet d'exiger un poste de ministre ou d'autres avantage que vous n'auriez jamais en étant simplement dans la liste.

Comme on le voit, créer sa propre liste est parfois un pari dangereux, Naphatali Benett en créant la nouvelle droite en a fait la triste expérience, lors que Moché Kalon de Koulanou, même s'il n'a pas obtenu le score rêvé, pourra négocier son soutien.

Mais, le camp nationaliste ne peut pas gouverner seul, il n'a que 50 députés sur 120

* Les partis "Orthodoxes"

Tout laisse à penser que les hommes en noir gardiens de la Torah sont prêts à reconduire leur collaboration avec Benjamin Nethanyahu qui saura les récompenser, comme d'habitude.

* Le centre et la gauche

La liste bleu-blanc, couleur du drapeau national est l'alliance de plusieurs personnalités fortes et ambitieuses rejetant les excès de la dernière législature, en particulier les attaques contre la justice, et la loi sur la nationalité. Toutefois sur le plan économique comme sur le conflit israélo arabe, les divergences avec le Likoud ne sont pas très importantes.

Le parti travailliste s'est effondré, il avait 25 députés dans la précédente législature, et ses électeurs ont préféré voter utile en appuyant la liste "bleu-blanc", qui avec vingt mille voix de plus, aurait peut être pu obtenir (moyennant récompense) le ralliement de quelques petits partis de droite, et gouverner avec la bienveillante neutralité des députés arabes... Bleu-Blanc ayant un député de moins, ce sera à Benjamin Nethanyahu que le Président Riveline demandera de trouver une coalition, ce qu'il fera sans aucune difficulté.

* Les partis arabes


On constate une faible participation des arabes, qui représentant environ 20 % du pays auraient du avoir environ 24 députés, ils n'en ont que 11, 10 dans les listes arabe et un à Meretz (gauche socialiste). Les druzes qui votaient traditionnellement à droite, suite à la loi sur l'état nation ont voté massivement pour bleu-blanc.

L'abstention des arabes est inquiétante, elle s'explique par leur défiance vis à vis de l'état, et surtout le manque d'attractivité des partis politiques. Les partis arabes sont très divisés et les conflits de personnes les rend peu attractifs, tandis que les partis juifs ne leur ont laissé aucune place, (sauf Meretz et probablement les travaillistes).

Or si leur l'intégration des arabes à la vie économique progresse visiblement, leur adhésion à la République n'est pas ce qu'elle devrait être, les partis arabes peuvent difficilement être considérés comme des partis "patriotes", et dans les villes arabes, les partis "sionistes" recueillent très peu de voix.

La campagne électorale

Ce fut une campagne détestable, les programmes n'ont pas été débattus, et la paix avec les palestiniens quasiment absente des débats.

Nethanyahu a été traité de voleur et de corrompu, d'autant plus facilement qu'une procédure est en cours contre lui, on lui reproche de vouloir diviser le peuple au lieu de la gouverner, et de favoriser l'extrême droite raciste.

On a recherché partout des reproches de moralité à faire contre Benny Ganz, et on a trouvé ! pendant la guerre à Gaza, il a eu un cas de conscience, risquer la vie de soldats, ou risquer de tuer beaucoup de civils palestiniens et il a pris le premier risque.

Nathanyahu lui reproche son inexpérience, et son incapacité à mater le Hamas, en oubliant que c'est lui-même qui avait donné les ordres à l'armée !

Ganz a été traité de gauchiste par les partisans de droite, alors que son programme économique était libéral, et ses idées sécuritaires très proches de celles de Benjamin Nethanyahu.

Le vote utile, a siphonné les voix des petits partis, et les grands n'ont pas hésité, Ganz a tapé sur les travaillistes plus que sur le Likoud, et Nethanyahu n'a pas épargné Naphtali Bennet.

Ganz, chef de fil du parti bleu-blanc est un ancien général, il fait marcher au pas ses co-listiers, et balance entre la gauche et la droite....

Donc, Israël continuera a être dirigé par les mêmes, au profit de la "startup nation" de Tel Aviv. Les bobos de Tel Aviv se sont beaucoup enrichis, ont profité du système, et ont massivement voté contre Nathanyahu.
Les orientaux grandes victimes économiques de la politique de droite, ont tellement peur des arabes qu'ils ont massivement voté pour celui qui les a appauvri. Leur religiosité explique aussi leur vote qui va à l'encontre de leurs intérêts matériels.
Les arabes resteront au coin, absent du débat, aussi longtemps qu'il ne feront pas preuve de patriotisme, et comme les ultra religieux, qu'ils jouent un rôle pour la constitution d'une majorité alternative. Pour l'instant, c'est raté, Bibi a gagné.
Les craignant Dieu, ces hommes en noirs, les plus pauvres du pays continueront à tenter d'exclure du judaïsme ceux qui ne pensent pas comme eux, et continueront à influencer l'avenir du pays en tentant d'imposant la torah dans le pays via l'éducation et le droit.

En principe rien ne devrait changer non plus du côté des relations israélo-palestiniennes, mais on sait que seule la droite a la légitimité nécessaire pour faire une politique de gauche, alors après avoir vu Begin faire la paix avec l'Égypte, peut-être aurons nous droit à un miracle de la part de Nethanyahu.

Michel Lévy

Affiche électorale de Benjamin Nethanyahu : Un likoud fort, une Israël fort