Mivy décoiffe, car il est fait par un chauve

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Derière mise à jour 25-Fév-2024
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Vingt ans après

Il y a vingt ans Arafat rejetait les propositions de paix qu’Ehud Barak qualifiaient de très avantageuses, et la seconde intifada éclatait. Il manquait des images percutantes pour mobiliser les foules et obtenir un soutien international, France2 les a offertes.
Les télévisions françaises, la presse a pris parti pour les palestiniens, sans se soucier ni de l’objectivité, ni des effets désastreux de ce parti pris jusqu'au 7 avril 2002. Ce dimanche, une immense manifestation de la communauté juive traumatisée, a réveillé les autorités gouvernementales. Depuis ce jour, les informations ont été rééquilibrées, et le conflit israélo-arabe est sorti des priorités journalistiques.
C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la victoire à la Pyrrus de Charles Enderlin, qui a été diffamé, et qui, malgré un dernier jugement favorable, n'a jamais réussi à convaincre ceux qui doutaient de sa bonne foi.


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Vingt ans, cela fait vingt ans déjà, à Roch Hachana 2000, Jacques Chirac était le président de la République, et Lionel Jospin le premier ministre de cohabitation.

Des négociations de paix très avancées faisant peur à l'opposition.

Alors que la communauté juive s'apprêtait à fêter dignement le nouvel an, et s'envoyait des cartes plus ou moins électroniques, la tension montait dangereusement du côté de Jérusalem. Des négociations de paix très avancées avaient lieu, et on disait que Yasser Arafat et Ehud Barak, les responsables israéliens et palestiniens étaient sur le point de trouver un accord de paix qui pouvait satisfaire la grande majorité des gens, autant du côté arabe que du côté juif... mais on ne savait pas si Arafat allait signer.

En Israël même, l'opinion était divisée, les optimistes savaient qu'il fallait faire des efforts, et que la paix les valait bien, les pessimistes ne croyaient pas un instant en la bonne foi arabe. Les rumeurs disaient que les négociateurs étaient d'accord sur tout, sauf sur le retour des réfugiés, et qu'il restait des détails à régler pour Jérusalem, car si Israël aurait accepté de laisser les quartiers est, majoritairement arabe à la Palestine, il manquait une solution acceptable par tous pour la vieille ville. Arafat devait trouver un moyen pour faire adopter ce plan, alors qu'Israël refusait le retour des descendants arabes ayant fuit la Palestine en 1948. Barak avait de grandes difficultés pour faire avaler ce projet à son opposition nationaliste.

Le début de la seconde intifada à Jérusalem

Le 28 septembre 2000, Ariel Sharon, qui était le chef de l'opposition, et qui ne croyait pas en la volonté de paix arabe a tenté l'expérience, il s'est dit, puisque la vieille ville doit être un bien commun, je vais véririfer si un leader israélien peut se promener sur le mont du temple. Et a vérifié ! ! des émeutes sanglantes ont salué son expédition. La presse au assitôt pris parti contre Sharon accusé d'être fauteur de guerre, sur Libération, on a vu à la une une photo d'un civil arabe innocent, blessé à la tête par les israéliens... il s'agissait d'un civil israélien qui se promenait, et qui avait été agressé par des arabes.
Les médias se déchaînaient contre les réactions israéliennes, souvent en état de légitime défense, sans tenir comptes des actions des émeutiers palestiniens.

Et à Gaza

Le 30 septembre 2000, dans la bande de Gaza, à l'époque occupée par Israël, quelques soldats contrôlent le carrefour menant à l'implantation aujourd'hui évacuée de Netzarim, du haut d'un sorte de fortin improvisé. Ils sont inquiets, car au courant des émeutes de Jérusalem, ils voient arriver des équipes de journalistes avec des caméras en grand nombre s'installer partout en prévision d'un beau spectacle.

Les soldats voyaient les préparatifs de la fête, ce serait leur fête, toutes les équipes de cinéma et télévisions étaient accréditées auprès des palestiniens, aucune bien sûr n'était amie, ils seraient surveillés comme le lait sur feu pendant que des émeutiers allaient les agresser. Cela n'a pas manqué. Des centaines de Gazaouis sont venus, des hommes, des enfants, des ados, et ont attaqué la position israélienne avec des pierres et des cocktails molotov, pendant que des ambulanciers improvisés jouaient des scénettes avec des comédiens figurant les blessés

Tout d'un coup, «on» a sifflé la fin de la récréation, et les arabes ont tiré à balle réelle sur la position israélienne, la foule a couru pour se mettre à l’abri, tandis que les caméras restaient à l’affut. Les palestiniens tiraient très souvent en rafale avec des armes automatiques, les balles partaient dans tous les sens, et les soldats israéliens répondaient avec les tirs ciblés. Avec leurs armes de précision, ils pouvaient aussi tirer en rafales, mais la hiérarchie le leur avait interdit, afin d'éviter les victimes collatérales.

Le film de l'enfant assassiné.

A l'époque, les français vivaient encore au rythme des grandes chaines de télévision, le journal de vingt heures étaient suivis par la pluspart des familles, qui regardaient ensuite leurs émissions préférées, suivies par un nouveau journal d'information, et après le journal, tout le monde allait se coucher. Des poses publicitaires avaient lieu avant et après le journal télévisé, et les responsables des services des eaux savaient que ces poses entraînaient une sur consommation d'eau, toute le monde allait aux toilettes pendant la publicité, vers 19 h 45 et 20 h 30.

Ce trente septembre, au journal de 20 heures, sur France2, Charles Enderlin commente sobrement un petit film, qui nous informe que des incidents violents ont eu lieu au carrefour de Netzarim, provoqués par des palestiniens qui tiraient à balles réelles, il commente ainsi les images que nous voyons «Ici, Jamal et son fils Mohamed sont la cible de tirs venus des positions israéliennes Mohamed a douze ans, son père tente de le protéger. Il fait des signes. Mais une nouvelle rafale. Mohamed est mort et son père gravement blessé »

Ce fut la consternation, personne ne pouvait ni peut justifier de tels événements, les personnes visées ne présentaient aucun danger, au nom de quel instinct sadique les soldats juifs ont-ils commis un tel crime ? Les responsables israéliens ont été sidérés, ont tenté de se justifier en disant qu'il s'agissait probablement d'une balle perdue, et qu'ils étaient désolés.

Ce film offert au monde entier a eu un succès fou, il a galvanisé "la rue palestinienne", et la révolte arabe, appelée seconde intifada a pris de l'ampleur. Ce film a eu un succès mondial, des prix, des récompense, il est devenu un drapeau, et dans le monde entier, on a compris que les israéliens faisaient des cartons sur des pauvres enfants palestiniens innocents.

La seconde intifada

Le 5 octobre 2000 l'américaine Madeleine Albright, le premier ministre travailliste israélien Ehud Barak et Yasser Arafat président de l'autorité palestinienne sont à Paris, invités par Jacques Chirac, qui souhaitait tout faire pour arrêter l'engrenage de la violence. Barak affirme qu'il suffit qu'Arafat en donne l'ordre à ses troupes, mais Arafat exige qu'Israël soit jugé pour ses crimes contre le peuple palestinien, ( le journaliste de l'AFP parle de l'enfant tué au carrefour de Netzarim.) avant de déposer les armes. Arafat repart furieux, et tout le monde est déçu.

Ensuite pendant plus de deux ans, nous avons vécu dans l'angoisse, des attentats les uns plus odieux que les autres ensanglantaient Israël et les territoires palestiniens, explosion à l'entrée d'une boîte de nuit, dans un restaurant où on célébrait le repas pascal, dans des synagogues (même anti-sioniste !), des autobus explosaient, les palestiniens ont même envoyé un enfant au devant de soldat, le cartable plein d'explosifs.

Pendant ce temps, les médias français étaient ignobles, ils ne pouvaient rien dire de critique envers les palestiniens, sous peine de se voir interdire l'entrée des villes et villages arabes. Le pire a été la description de l'attaque contre le camp de réfugié de Jenine , qui n'était pas un camp, et qui ne comprenait aucun réfugié. Dans ce quartier de la ville des unités préparaient des crimes contre les civils israéliens, l'armée l'a attaqué, et au cours d'une assaut très violent a réussi à le réduire. Il y a eu des morts des deux côtés, et heureusement, aucun civil, mais la presse française a comparé cette attaque à l'extermination du guetto de Varsovie.

En cette année 2002, l'ambiance était devenue si lourde que le 7 avril 2002, la communauté juive organisait une manifestation gigantesque à Paris, probablement un juif sur trois habitant l'île de France y avait participé ! le slogan principal était :
"Vos caméras tuent plus que leurs armes"

.

Le journal télévisé de France2, toujours visible en streaming ici est une caricature, car s'il décrit avec complaisance les débordements de quelques excités, en fin de parcours, les journalistes de France2 n'ont pas voulu voir les raisons de ce rassemblement, ils n'ont pas senti l'angoisse provoquée par leurs reportages tendancieux, ils n'ont pas vu les slogans, les panneaux ni les tracts diffusés par les manifestants.

Les pouvoirs publics, eux, ont remarqué l'importance de l'événement et en ont tiré les conséquences.

L'affaire Al Dura : démonter le mensonge

Et c'est dans ce climat de mensonges et de haine anti israélienne diffusée sur la plupart des médias, et surtout sur France2 qu'a éclaté l'affaire Al Dura, le scandale du film commenté par Charles Enderlin.
Le général Samia, chef militaire du front Sud déclarait après enquête que le petit Mohamed Al Dura n'avait pas été tué par des soldats israéliens. La chaîne ARD, l'équivalent allemand de France2 mettait en évidence les mensonges, les dissimulations, palestiniennes, et montrait que l'accusation de meurtre portée par Charles Enderlin ne résistait pas à l'analyse d'un observateur sérieux. L’Agence de Presse Mena , bataillait déjà depuis plus d’un an pour démontrer que cet incident était une fiction, en exploitant l'enquête de Nahum Sharaf, mandaté par l'armée israélienne pour faire la lumière sur cet incident. Il concluait que le petit Mohamed Al Dura, n’avait pas été tué ce jour là, à cet endroit là.

C'est alors que Philippe Karsenty a provoqué France2, en accusant la chaîne d'avoir menti, et présenté une fiction comme étant un reportage. Il s'en est suivi une grande bataille juridique, d'un côté l'establishment journalistique, le syndicat de la magistrature, toute la bienpensance, ainsi que la hiérarchie de France2 soutenaient Charles Enderlin et son film. Charles Enderlin faisait une confiance aveugle à Talal Abou Rahma, son cameraman, et nationaliste palestinien, pour qui la défense de la cause palestinienne est plus importante que la vérité. Interrogé, il a changé de version plusieurs fois.
Par ce que Charles Enderlin est quelqu'un de sympathique, de modéré, qui dit souvent des vérités, il a été considéré comme un demi dieu, incapable de se tromper, et incapable de mentir, et cette présomption a été irréfragable, c'est à dire qu'elle était plus forte que la réalité.

D'un autre côté, les milieux juifs, et judéophiles ont été inondés d'articles montrant que le reportage contesté ne tenait pas la route et que l'enfant avait été tué par une balle perdue palestinienne, ou que ce film était une fiction. Ils ont acquis l'intime conviction que ce jour là, à cet endroit là, Mohamed Al Dura n'avait pas été tué, ou en tout cas pas tué de la façon décrite par Charles Enderlin.

France2 a attaqué, Philippe Karsenty en Diffamation. Après de longues années de procédures juridiques France2 a fini par gagner car :

- France2 n'a jamais eu à prouver quoi que ce soit, il affirmait gratuitement que les tirs venaient du côté israélien alors que rien ne lui permettait de l'affirmer, sauf l'unique témoin, fragilisé par ses versions diverses et parfois invraissembles des événements.

- Ses adversaires se sont pris les pieds dans le tapis, en disant d'une part que les tirs mortels venaient du côté palestinien, et d'autre part que l'enfant et son père étaient des comédiens. C'était l'un ou l'autre !

Les juges ont eu beau reconnaître que France2 faisait obstacle à la justice, que les palestiniens s'étaient opposés à toute enquête, que Talal Abou Rahma mentait, rien n'y a fait, en 2002, quand Philippe Karsenty a diffamé Charles Enderlin et France2 il n'y avait pas de preuves suffisantes et cohérentes pour qu'on puisse admettre l'excuse de vérité, ou celle de bonne foi.

Vous trouverez ici un dossier très complet, comprenant l'intégralité de tous les jugements, le film d'Esther Shapira, et les avis des principaux protagonistes de l'affaire.

http://www.mivy.fr/articles/04_10_AlDura_01.html

On peut dire que tout le monde a gagné à ce procès. D'une part, France2 et Charles Enderlin ont évité l'affront d'un désaveux public. Nicolas Sarkozy lui a même donné la légion d'honneur en 2009 ! ! médaille remise bien sûr par le Consul Général de France à Jérusalem, c'est à dire l'ambassade informelle de France auprès des palestiniens. La France n'a pas eu à s'excuser d'avoir fourni un faux reportage criminel au monde entier. La communauté juive a obtenu davantage de prudence de la part des médias.

Depuis l'affaire Al Dura, et l'immense manifestation de 2002 de la communauté juive, les autorités gouvernementales françaises ont obtenu une plus grande neutralité dans la présentation des événements du Proche Orient, et surtout nos dirigeants ont oeuvré pour qu'on parle le moins possible d'Israël et des Palestiniens afin de calmer les esprits.

En 2000 on pensait que si les israéliens étaient victimes du terrorisme, c'était par ce qu'ils l'avaient bien cherché en opprimant les palestiniens, qui réagissaient légitimement. Aujourd'hui, les français sont à leur tour victimes du terrorisme. Charlie Hebdo, Nice, le Bataclan, et les innombrables micro-attentats à l'arme blanche font réfléchir, la France ne peut plus soutenir le terrorisme comme elle le faisait au temps de Jospin... les temps changent.

Michel Lévy