Mivy décoiffe, car il est fait par un chauve

Journal 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2020, 2021, 2022, 2023

Derière mise à jour 25-Fév-2024
Pour m'écrire, ou pour s'abonner à la liste de diffusion

Le danger du sexe
Revue de presse

Mœurs de la Grèce Antique

Moeurs en Grèce

Source : Infologisme

Dans une Grèce qui ignore le péché originel, Eros, compagnon ou fils d’Aphrodite, est un dieu jeune et beau, dont les flèches font naître un désir indifféremment hétérosexuel ou homosexuel, mais toujours innocent.

Pour les Grecs, l’Amour est « la gloire des dieux et des hommes, le guide le plus beau et le meilleur, que tout homme doit suivre » (Platon). Mais Eros n’est ni mâle ni femelle. C’est pourquoi, en Grèce, l’homme « normal » est, selon le mot d’un Ancien, « ambidextre ».

L’exemple de cette « sexualité indivisible » vient de haut, il vient du ciel. Si Zeus prend la forme d’un splendide taureau pour enlever la belle Europe, fille du roi de Tyr, il ordonne à son aigle de ravir le beau Ganymède, fils du roi de Troie et, depuis le Moyen Âge, symbole de l’amour homosexuel. Son fils Héraclès, demi-dieu seulement mais symbole de la force virile, multiplie les aventures masculines, ce qui ne l’empêche pas de devenir fou d’amour pour Iole, fille du roi d’Œchalia, puis d’épouser Hébé.

Comment Homère porterait-il la contradiction au dieu des dieux et au plus illustre de ses fils ? Dans l’Iliade, tout semble au premier abord une histoire de femmes. Que trouve-t-on à l’origine de l’expédition contre Troie ? La volonté du roi Ménélas de récupérer son épouse Hélène la plus belle femme du monde enlevée par Pâris. Et derrière la bouderie d’Achille, aux effets si dramatiques pour les assiégeants ? La colère de voir Agamemnon lui dérober son esclave et concubine Briséis.

Mais la guerre de Troie est aussi une affaire d’hommes. Le tournant décisif est sans conteste la mort de Patrocle. Pour venger son mignon, le bouillant Achille tue Hector et entraîne ses compatriotes vers la victoire. Une moquerie d’Euboulos, poète comique du IVe siècle, dévoile crûment ce qui le soir se passe sous les tentes des guerriers achéens. « Ils s’enculèrent pendant dix ans. Pour prendre une ville, ils rentrèrent chez eux avec des derrières bien plus larges que les portes de la ville qu’ils prirent. »

« L’amour Grec »

L’homosexualité semble si caractéristique de la Grèce antique que ses variantes portent, aujourd’hui encore, des noms à peine traduits du grec, pédérastie, saphisme, lesbianisme ou lesbisme. Ces mœurs n’étaient certes pas inconnues des peuples barbares. Mais cette homosexualité, les Grecs l’ont exercée, chantée, peinte, valorisée et exaltée, comme nul autre peuple avant et après eux. Dans son plaidoyer Contre Timarque, Eschine exprime le credo du Grec moyen, pour qui la condamnation de l’homosexualité caractérise une société ou « une ère d’odieuse barbarie ».

Dans ses poèmes, Solon (v.640-apr.564), grand réformateur d’Athènes et un des Sept Sages de la Grèce, tient pour une vraie richesse la possibilité de jouir « des charmes juvéniles d’un garçon ». Quelques décennies plus tard, le peuple érige sur l’agora une statue en l’honneur des deux amants Harmodios et Aristogiton. Pour préserver leur amour, ils ont, au sacrifice de leurs vies, tué le tyran Hippias et permis le rétablissement de la démocratie. En 336, Philippe II de Macédoine meurt sous le couteau d’un ancien mignon jaloux et humilié. Lors du pèlerinage à Ilion, tandis qu’Alexandre le Grand couronne la tombe d’Achille, Héphaistion fleurit celle de Patrocle, « laissant entendre qu’il était l’aimé d’Alexandre, comme Patrocle celui d’Achille » (Elien).

Du côté des philosophes, nombre de disciples passent pour avoir été, dans leur jeunesse, les mignons de leurs maîtres. Certaines de ces aventures sont sans doute imaginaires. Mais elles révèlent qu’en Grèce on rend hommage à un grand homme en lui prêtant des conquêtes masculines.

Et puis, il y a le cas Socrate. Négligeant sa maison, ses deux femmes, ses jeunes enfants, il passe ses journées à tourner autour des beaux garçons avec des yeux ravis et à tâcher, malgré sa laideur, de les enchanter. Dans les discours qu’il leur tient, il chante l’amour de leur corps et de leur âme, première étape sur le chemin du Vrai, du Beau et du Bien. Mais Socrate, vieillissant il est vrai, ne passe pas à l’acte. Alcibiabe réussit-il, grâce aux ruses les plus subtiles, à retenir Socrate dans son lit pendant toute une nuit ? La tempérance du philosophe résiste à toutes les entreprises du bel adolescent, qui a à ses pieds les hommes les plus riches et les plus puissants d’Athènes, comme Anytos, chef du parti démocratique et futur accusateur de Socrate.

L’amour de Socrate pour les beaux garçons demeure, pourrait-on dire, platonique. Ses deux disciples les plus connus (de nous, du moins), Xénophon et Platon, recommandent aussi une chasteté absolue dans les liaisons amoureuses avec les jeunes gens.


Éraste et Éromene vase grec

Mais ce sont là des fantaisies et des bizarreries de philosophes, dont les citoyens ordinaires devaient ricaner sur l’agora. Sur les vases de céramique que ceux-ci affectionnent, nombreuses et réalistes sont les scènes de la vie pédérastique. Lors d’un banquet, sur les lits, ou à la palestre, au milieu des athlètes nus, des amants plus âgés, reconnaissables à leurs barbes, flattent, titillent, caressent le menton, les fesses ou le sexe des adolescents (paidès).

L’amour des garçons s’exprime aussi dans de petits poèmes appelés épigrammes, souvent rassemblés dans des anthologies (littéralement « choix de fleurs »).

En voici un de Méléagre de Gadara :

« La peine a commencé de me palper le cœur : c’est que le chaud Eros, en passant, d’aventure, me l’a griffé du bout de l’ongle : et souriant, il m’a dit : Tu auras la suave blessure : tu l’auras, cette fois encor, pauvre amoureux, consumé par les feux de ce miel qui dévore ! »

« Et depuis, en voyant Diophante, fleur nouvelle chez les adolescents, je ne puis résister... et fuir, pas davantage ! »

Si l’amour entre hommes est le plus noble des sentiments, il peut aussi constituer la plus laide des pratiques.

Car les Grecs n’applaudissent pas toutes les formes du désir homosexuel. Ce qu’ils chantent, c’est la relation unissant un homme plus âgé, l’amant (éraste), et un adolescent, « celui qui est aimé » (éromène). La sodomie que Platon appelle « saillie de mâles » n’est pas inconnue, mais les caresses et le coït intercrural de face (entre les cuisses) semblent préférés. L’adolescent peut jouer sans honte le rôle du partenaire passif, puisqu’il n’est pas encore un homme fait : il ne le deviendra qu’après une sorte de voyage ritualisé au pays de la féminité.

En raison de l’importance de l’âge dans la définition des rôles sexuels, des historiens distinguent dans les coutumes pédérastiques athéniennes les traces, plus ou moins estompées, de vieux rites initiatiques. De fait, les constitutions de Sparte et de la Crète, réputées pour leur ancienneté et leur immobilité, érigent la pédérastie en institution civique et militaire.

Parmi les rites de passage de l’enfance à l’âge adulte minutieusement réglementés par la loi crétoise, on trouve une coutume que Strabon même juge singulière. Ce n’est pas par la persuasion ou par la séduction que les amants viennent à bout de ceux qu’ils poursuivent de leurs assiduités, mais par le rapt. Annoncé plusieurs jours à l’avance, approuvé par un entourage attentif aux considérations de rang et de fortune, l’enlèvement peut durer jusqu’à deux mois, occupés à festoyer et à chasser ensemble dans la montagne. Lorsqu’il prend fin, l’amant offre à son mignon un équipement militaire et d’autres cadeaux prescrits par la loi.

En Crète, pour un adolescent bien fait et de noble famille, « c’est une marque d’infamie » de ne pouvoir trouver d’amant, c’est comme la présomption d’un vice d’éducation. Des honneurs récompensent au contraire ceux qui ont été enlevés, comme l’attribution des meilleures places dans les stades. Pendant toute leur vie, ils portent un vêtement particulier, pour rappeler qu’ils ont autrefois été des « glorieux » (kleinoi).

En 387, le général thébain Gorgidas a l’idée géniale d’exploiter la puissance de l’amour à des fins militaires. Il constitue un bataillon d’élite de cent cinquante couples d’érastes et d’éromènes, issus des meilleures familles, logés, formés et entretenus par l’Etat. Avec Pélopidas à sa tête, le Bataillon sacré fait merveille à Leuctres et à Mantinée contre les fantassins spartiates. L’amour mutuel garantit l’héroïsme des soldats béotiens. « Tous restent fermes à l’heure décisive : les amants parce qu’ils adorent leurs éromènes ; les éromènes parce qu’ils rougiraient d’être lâches devant leurs amants. » (Plutarque) Demeurés invaincus jusqu’à la bataille de Chéronée, en 338, ils sont alors exterminés par les troupes macédoniennes emmenées semblet-il, par Alexandre et Héphaistion....

NOTES CONTRE LA PÉDOPHILIE
ET SUR LES SEUILS DE CONSENTEMENT

Extrait d'un article de Claude Courouve 2014

Le journaliste Luc Rosenzweig (1943-2018), du quotidien Le Monde, nous avait fourni un témoignage précieux sur les années 1950. Dans sa chronique " Pêle-Mêle " du quotidien Le Monde du 6 mars 2001, il interrogeait : 

« Pourquoi, vers le milieu du siècle dernier, a-t-on laissé " œuvrer " pendant plusieurs lustres, dans un prestigieux établissement public d'enseignement secondaire de Lyon, deux aumôniers catholiques, le Père A. et le Père G. dont les comportements nous semblent, aujourd'hui, sans équivoque ? » Dans un e-mail, il me précisait : 

« Les aumôniers auxquels je faisais allusion étaient en fonction dans l'établissement que je fréquentais alors. Assistant, (à l'insu de mes parents, qui n'étaient pas catholiques) à des cours d'instruction religieuse en sixième, j'ai été alors intrigué, mais pas plus que ça, par les méthodes de ces deux abbés, qui prenaient les gamins sur les genoux pour leur caresser les cheveux, organisaient des séances de "confessions", à genoux sur un petit banc au fond de la classe, au cours desquelles ils faisaient raconter aux enfants leurs pratiques nocturnes avec force détails. En ce qui me concerne, les choses n'ont pas été plus loin, mais bien des années après, quelques anciens condisciples rencontrés par hasard m'ont confirmé que pour certains d'entre eux, notamment au cours des camps de scouts que l'un des aumôniers animait, on était allé bien plus avant dans des pratiques aujourd'hui qualifiées de pédophiles.

Au milieu des années 60, ils ont, paraît-il, été discrètement mis à l'écart, sans que le scandale n'éclate publiquement...Tout cela, naturellement, demande à être vérifié, et fera peut-être l'objet d'une recherche que je mènerai […]. L'allusion faite dans ma chronique était, dans cette optique, destinée à déclencher des témoignages me permettant de l'amorcer. »


Zeus et Ganymède, Shelby White and Leon Levy Collection, New York
Attributed to the Eucharides Painter, circa 490 - 480 B.C.

L'histoire du seuil de consentement date de la Grèce antique

L’histoire détaillée des seuils de consentements est encore à faire. Selon Aetius, " Héraclite [d'Éphèse] et les Stoïciens déclarent que les hommes commencent leur maturité à la fin de la seconde série de sept années, au moment où l'activité sexuelle se développe. " (Opinions, IV, v, 23). Clément d'Alexandrie indiquait que l'âge de l'éphébie était 14 ans en Égypte grecque (Le Pédagogue, III, x, 49). Dans la Rome antique, on pratiqua d'abord l'inspection physique des adolescents pour savoir s'ils étaient pubères ou non. L'empereur d'Orient Justinien (482/565) fixa l'âge de la puberté à ce même âge de 14 ans (Corpus Juris Civilis, " Institutes ", I, 22). Ce seuil fut conservé par Grégoire IX (pape de 1227 à 1241) pour le droit canon, comme on peut le voir dans les Décrétales, IV, ii et V, xxiii. 

Début 2012, un commentaire rapide du Conseil constitutionnel faisait le point de la question :

" Ces articles [227-25 (atteinte sexuelle non violente, 227-26 (circonstances aggravantes), 227-27 (atteinte commise par personne ayant autorité] ne figurent pas dans le chapitre [II du titre II du livre II] du code pénal consacré aux atteintes à l’intégrité physique ou psychique contre les personnes mais dans le chapitre [VII, section 5] consacré aux atteintes aux mineurs et à la famille. Ces infractions sont constituées en cas d’atteinte sexuelles

« sans violence, contrainte, menace ni surprise ». Ils visent à réprimer certaines relations sexuelles consenties ou, à tout le moins, pour lesquelles la preuve de l’absence de consentement n’est pas rapportée.
Ces dispositions ont pour effet de fixer à quinze ans l’âge de la majorité sexuelle définie comme l’âge à partir duquel un mineur peut valablement consentir à des relations sexuelles (avec ou sans pénétration) avec une personne majeure à condition que cette dernière ne soit pas en position d’autorité à l’égard du mineur. "
Commentaire Décision n° 2011-222 QPC du 17 février 2012, I. – Dispositions contestées, A. – La notion d’atteinte sexuelle.

historique en France

En France, un seuil légal de 11 ans fut établi en avril 1832. Selon le Garde des Sceaux de l'époque, Félix Barthe, les jurés se montraient déjà très sévères dans de semblables occasions [relations avec un enfant de moins de 11 ans] car l'enfant n'était jamais considéré comme ayant donné son consentement.

Le Code pénal de 1791 réprimait " l'enlèvement d'une fille de moins de 14 ans par violence pour en abuser ou la prostituer " (article 33).

À Naples, tout attentat à la pudeur était présumé commis à l'aide de violences s'il avait lieu sur une personne âgée de moins de 12 ans accomplis (Lois pénales de Naples, 1819, article 339).

Le député Fidèle-Marie Gaillard de Kerbertin proposa, mais sans succès, le seuil de 15 ans pour harmoniser avec l'article 332 concernant l'attentat à la pudeur avec violence (Supplément au Moniteur, 3 décembre 1831). 

Par la suite, les seuils applicables aux personnes extérieures à l'entourage de l'enfant ou de l'adolescent furent les suivants :
 
11 ans de 1832 à 1863 ;
13 ans de 1863 à 1942 ; moyen terme entre 12 ans (Toscane, Sardaigne et Deux-Siciles) et 14 ans (Autriche, Prusse et Suisse), car "l'influence des climats est ordinairement prise en considération dans ces matières".
- 13 ans de 1942 à 1945 pour les relations hétérosexuelles ;
21 ans de 1942 à 1974 pour les relations homosexuelles ; disposition du régime de Vichy (Pétain, Laval, Loi n° 744 du 6 août 1942, Journal Officiel du 27 août 1942, page 2923), conservée en 1945 par l'ordonnance du 8 février 1945 qui effaçait la liberté accordée à l'homosexualité depuis la loi du 19/22 juillet 1791 sur l'organisation de la police correctionnelle. Cette disposition établissait la confusion juridique entre pédophilie et pédérastie.
15 ans de 1945 à maintenant pour les relations hétérosexuelles ; ordonnance du 2 juillet 1945, conforme aux vœux de certains criminalistes.
18 ans de 1974 (loi 74-631 du 5 juillet 1974) à août 1982 pour les relations homosexuelles.
15 ans depuis 1982 (loi 82-683 du 4 août 1982) pour les relations homosexuelles ; la différence de seuil hétéro/homo est donc supprimée en France depuis août 1982.

Les autres pays européens ont actuellement un seuil uniforme, de 14 ans (Autriche, Italie), 15 ans (Danemark, Grèce, Suède), 16 ans (Belgique, Grande Bretagne, Hollande, Espagne, Finlande, Portugal et Suisse) ou 17 ans (Irlande). La Russie possède également, depuis 1993, un seuil uniforme de 15 ans. En Allemagne existe un seuil uniforme mais " élastique ", les relations avec un partenaire de plus de 14 ans mais de moins de 16 ans pouvant ne pas être poursuivies, selon les circonstances. 

Abus sexuels dans le patinage: "La partie visible de l'iceberg", prévient l'ex-patineur Peizerat

Les Echos le 4 février 2020

Gwendal Peizerat, champion olympique 2002 de patinage artistique, estime que les accusations de viol de Sarah Abitbol contre son ex-entraîneur constituent "la partie visible de l'iceberg qui est gros, avec un embonpoint énorme de souffrances physiques et morales".

"C'est la goutte qui fait déborder le vase déjà bien plein", a déclaré à l'AFP Peizerat, qui s'était présenté en 2014 contre le président de la Fédération française des Sports de glace (FFSG), Didier Gailhaguet.

Plusieurs fois championne de France et d'Europe et médaillée mondiale en couple, Sarah Abitbol accuse son ex-entraîneur Gilles Beyer de l'avoir violée alors qu'elle était âgée de 15 à 17 ans.

"Je suis en colère ! On parle de viol, de harcèlement moral, de triche. Je vous rappelle le scandale des Jeux de Salt Lake (2002). Didier Gailhaguet n'est pas vraiment l'exemple à montrer à nos enfants en termes de valeurs morales", a poursuivi Peizerat.

Gailhaguet préside la FFSG depuis 1998, à l'exception de la période 2004-2007. En 2002, il a écopé d'une interdiction de toute fonction à l'international durant 3 ans pour avoir triché par le biais du vote d'une juge française lors des JO-2002.

"Il est là légitimement, les licenciés élisent leurs présidents de club et les présidents de clubs choisissent le président en fonction de la moralité de la personne. Que les gens se prennent en main. Si les licenciés ne sont pas sûrs que leur président ne soutient pas ce système, il faut le faire partir. Ca ne sert à rien de couper la tête, ce n'est pas un serpent, c'est une pieuvre", a lancé Peizerat.

"Il a dégagé par le passé dans un scandale mondial, il a été personnellement condamné, ça n'a pas empêché le système de le faire revenir, y compris Beyer", insiste le patineur, pour qui Didier Gailhaguet "est dangereux".

Gailhaguet est mis en cause pour avoir conservé dans son équipe fédérale Gilles Beyer malgré une mesure d'interdiction d'exercer auprès de mineurs après une enquête au début des années 2000.

Gailhaguet a été sommé de démissionner lundi par Roxana Maracineanu, qui l'avait convoqué au ministère des sports. Il doit tenir une conférence de presse mercredi.

« Grâce à Dieu »
La sereine fulmination de François Ozon

Le Monde, Par Thomas Sotinel Publié le 20 février 2019

S’emparant de l’affaire du prêtre Bernard Preynat, le cinéaste s’est plié à la discipline de la fidélité aux faits, sans renoncer à sa nature. (film récompensé aux César)

Lorsque les avocats de Bernard Preynat, le prêtre catholique accusé d’agressions sexuelles sur des dizaines d’enfants, ont demandé l’interdiction de Grâce à Dieu, François Ozon a fait valoir que son film « n’invente ni ne dit rien qui n’ait déjà été porté à la connaissance du public ». Pourquoi, alors, voir ce film ? Parce que, justement, c’est un film. Que le regard d’un metteur en scène sur des acteurs en quête de la vérité de leurs personnages ouvre sur cette histoire une fenêtre qui laisse passer bien plus que l’énonciation des faits.

Ces dernières années, le cinéma français a soigné en partie sa fri­losité à l’endroit de l’actualité. Reste qu’on ne voit guère de scénaristes et de réalisateurs s’emparer d’affaires en cours. C’est ce qu’a fait François Ozon. On ne s’y attendait pas de la part d’un cinéaste qui s’est toujours tenu les deux pieds dans la fiction.

En recueillant les témoignages de victimes du père Preynat, en retraçant leur parcours, qui sans cesse se heurte au silence et au déni de l’Eglise, Ozon s’est plié à la discipline de la fidélité aux faits. Comme la chronique judiciaire l’a expliqué avant la critique cinématographique, le réalisateur a changé les noms des ­victimes, pas ceux de l’agresseur, du cardinal qui l’a couvert, de la laïque qui a contribué à la conspiration du silence.

Pour autant, et c’est ce qui fait le prix de Grâce à Dieu, Ozon n’a pas renoncé à sa nature de cinéaste, se contentant de la contenir, d’éviter les sautes de registre et les provocations qui ont été jusqu’ici constitutives de son art. Son récit est divisé en trois grands chapitres qui ont chacun une victime pour personnage principal. Le cinéaste adapte sa manière à chacun de ces hommes, infléchissant le rythme pour mieux cerner leur souffrance, leur lutte pour faire justice d’un passé insupportable.

La famille catholique et lyonnaise d’Alexandre (Melvil Poupaud) ressemble de loin aux clans bourgeois que l’auteur aimait naguère à mettre en pièces. Il filme pourtant sans ironie cette existence réglée, un peu désuète. Elle n’est pas menacée par la mémoire ravivée des agressions dont Alexandre a été victime ni par les manœuvres du diocèse pour éviter que le père de famille ne fasse éclater le scandale au grand jour. Incompréhension si peu charitable Le désordre, on le trouve plutôt chez François (Denis Ménochet), qui a refoulé le souvenir des agressions jusqu’à ce que le séisme déclenché par les démarches d’Alexandre ne finisse par secouer les fondations de son existence.

Furieux, caustique, il peine à ajuster sa colère aux nécessités des procédures. Emmanuel (Swann Arlaud), la dernière figure de ce triptyque, est sans doute la plus proche des univers habituels de François Ozon. Laissé à la dérive par les blessures reçues pendant son enfance, il attend de la lutte du collectif créé par Alexandre et François qu’elle l’aide à se reconstruire. Cette structure s’impose à la vision du film, sans en faire une démonstration. François Ozon l’insère dans une collectivité qui ­s’enrichit sans cesse de parents (Josiane Balasko est discrètement bouleversante dans le rôle de la mère d’Emmanuel), d’amis, mais aussi de « perpétrateurs ».

La figure du père Preynat hante le film. On le voit silencieux dans les quelques flash-back qui mettent en scène les agressions dans une lumière estivale. Bernard Verley en fait un être désorienté par le ­retrait du soutien de l’Eglise, livré à lui-même. Lire le point de vue : Le silence sur la pédophilie est un « péché collectif » pour le patron des évêques de France Montrant la contagion de l’action collective (et ses limites, dans une belle séquence à la fin du film), traitant sèchement, sans cruauté inutile, de l’incompréhension si peu charitable de la hiérarchie catholique, qui trouve son essence dans la phrase qui donne son titre au film (« la majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits »), prononcée par le cardinal Barbarin (François Marthouret), François Ozon réussit, en plus de la chronique sensible d’un drame collectif, un film politique.

"M" : documentaire choc sur la pédophilie dans le milieu juif ultra-orthodoxe

France info culture par Jacky Bornet

"Grâce à Dieu", de François Ozon, sur le scandale pédophile dans le diocèse de Lyon vient de sortir, ainsi que "Les Chatouilles", sur la même perversion dans un milieu familial. Dans les salles depuis le 20 mars, "M" enquête sur un sujet semblable, dans le quartier ultra-orthodoxe de Bnei Brak, ville de la banlieue de Tel-Aviv : un terrible témoignage, doublé d’une rédemption.

Libérer la parole

Documentariste ("Paradise Now") autant que réalisatrice de fictions ("Moi Ivan, toi Abraham"), Yolande Zauberman a suivi pendant deux ans Menahem (M) dans sa ville natale de Bnei Brak, en Israël, à la recherche des prédateurs qui ont abusé de lui de 4 à 12 ans. Cette quête les a amenés à rencontrer nombre d’autres victimes, toutes de confession juive hassidique ultra-orthodoxe, comme la quasi-totalité des habitants de cette ville de la banlieue de la capitale d’Israël. (Note de Mivy => la capitale administrative et politique d'Israël est Jérusalem, même si l'agglomération de Tel Aviv en est la capitale économique. ) .

Yolande Zauberman a choisi de filmer son documentaire uniquement de nuit. Car la nuit ouvre à une vie autre, l’on y fait des rencontres spécifiques, et la parole s’y libère parfois plus que le jour. Déambulant en voiture de rue en rue, filmant des fêtes nocturnes rassemblant des membres de la communauté hassidique, Yolande Zauberman ne s’attendait pas à avoir une telle liberté de filmer dans ce milieu a priori très fermé. Comme dans cet étrange cimetière, lieu de rendez-vous, où elle recueille avec M la confession spontanée d’une victime qui devint elle-même prédatrice, une fois devenue adulte. La documentariste compile de la sorte nombre d’autres témoignages, tous semblables, comme si ces faits, réprimés par la loi comme partout dans le monde, étaient tacitement intégrés aux mœurs.

Cercle vicieux

Il ressort de cette parole presque dénuée de culpabilité l’impression d’une fatalité qui formerait un cercle vicieux. Le passage de victime à tortionnaire semble inéluctable. Mon bourreau n’a pas été inquiété par la loi, je peux donc le devenir moi-même, semblent-ils tous signifier. Le sujet reste tabou, mais est connu de tous.

Autre témoignage troublant dans le film, sur la sexualité mais en dehors de la pédophilie, celui de ce juif de 19 ans, marié dans deux jours, et qui ne conçoit pas d’homosexualité féminine, puisqu’"une femme n’a pas de sexe"…

Hallucinant dans ces déclarations, filmées avec une liberté étonnante, "M" retrace surtout le cheminement de Menahem vers sa rédemption. Par son témoignage, la recherche de ses bourreaux et surtout celle de son père, qui l’a banni de la maison familiale quand il a appris que son fils avait été violé, M va se libérer du traumatisme et des fantômes qui le hantent. Dans ce voyage au bout de la nuit, il va trouver la lumière de sa libération, ne lâchant pratiquement jamais son large sourire, comme confiant de l’aboutissement inéluctable de sa quête. Troublant dans l’investigation d’un univers totalement déconnecté du monde contemporain, à travers le récit d’un homme, "M" est comme l’exploration d’une autre planète

César 2020 : le malaise Polanski

Première Frédéric Foubert 29 février 2020

Au cours d’une cérémonie suintant le malaise et la colère, le cinéma français a d’abord récusé Roman Polanski avant de le célébrer.

Un César pour Roman Polanski serait un mauvais symbole ", estimait Franck Riester, ministre de la culture, au micro de France Info à quelques heures du coup d’envoi de la 45ème cérémonie des César. "Par rapport à la nécessaire prise de conscience que nous devons tous avoir dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, c’est à chacun et chacune des votants (...) de prendre ses responsabilités", poursuivait le ministre de la Culture.

 Les votants (4000 professionnels du cinéma) ont donc "pris leurs responsabilités" et c’est ce "mauvais symbole" qui a fini par triompher, le prix de la meilleure réalisation ayant été décerné à l’auteur de J’accuse<. Un choix qui a déclenché la colère de l’actrice Adèle Haenel, nommée pour Portrait de la jeune fille en feu et figure de proue de la lutte contre les violences sexuelles, qui a quitté la salle en criant : "C’est la honte". Il y a quelques jours, dans le New York Times, l’actrice, visage phare des cérémonies des César depuis des années (elle a été nommée sept fois en douze ans, a remporté deux trophées) disait : "Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire, « ce n’est pas si grave de violer des femmes »." En sortant de la salle Pleyel, elle ironisait : « Vive la pédophilie, bravo la pédophilie. »

Roman Polanski, dont le film était en tête des nominations mais qui avait finalement décidé de ne pas assister à la cérémonie, est donc toujours un champion de l’Académie, récoltant le cinquième César du meilleur réalisateur de sa carrière, après ceux obtenus pour TessLe PianisteThe Ghost Writer et La Vénus à la fourrure. Mais celui-ci est décerné dans un contexte nouveau, où Polanski est devenu, suite aux nouvelles accusations de viol à son encontre, un symbole d’impunité.

 J’accuse a également remporté le César de la meilleure adaptation (pour Roman Polanski et Robert Harris) et celui du meilleur costume (pour Pascaline Chavanne). Aucun membre de l’équipe n’était présent pour recevoir leurs prix.

La cérémonie avait pourtant commencé dans une ambiance bien différente, très "anti-Polanski", Florence Foresti s’amusant dans son discours liminaire à "canceler" le réalisateur, refusant de citer son nom, préférant l’appeler "Popol", "Roro" ou "Atchoum", rapport à sa petite taille (pas sa meilleure vanne). La maîtresse de cérémonie a d’ailleurs quitté la remise de prix avant la fin, concluant sa soirée en coulisses, via Instagram, avec le mot "écoeurée", qui résumait bien le sentiment de nombres de participants, dont certains ont emboîté le pas à Adèle Haenel et Céline Sciamma. Au cours de la cérémonie, Jean-Pierre Darroussin avait lui aussi fait mine de ne pas réussir à articuler le nom de Polanski, après avoir ouvert l’enveloppe du César de la meilleure adaptation.

Le cinéma français s’est donc montré plus divisé que jamais entre ceux qui récusent Polanski au point de ne même plus pouvoir dire son nom et ceux qui souhaitent le voir célébrer, sans qu’on sache très bien si ceux-ci refusent de voir le message qu’ils envoient en votant pour lui, s’ils le font au nom d’une application très stricte de la distinction entre l’homme et l’artiste, s’ils veulent ouvertement le soutenir (Polanski avait refusé de venir à la salle Pleyel car il redoutait un "lynchage public") ou juste parce qu’ils sont super fans de J’accuse.

Il ne faut bien sûr pas oublier qu’une règle des César empêche automatiquement le César du meilleur film et celui du meilleur réalisateur d’être attribué au même lauréat – Ladj Ly, dont Les Misérables a été sacré meilleur film, était donc peut-être vainqueur aux points, devant Polanski. Cette règle éminemment contestable montre d’ailleurs bien que cette cérémonie a besoin d’être sérieusement repensée. Le show tout entier aura en tout cas mis en scène, des vannes puériles de Foresti et Darroussin jusqu’au flamboyant coup d’éclat d’Adèle Haenel, cette guerre de tranchées politique et culturelle qui divise le cinéma français. Et qui ne risque pas de s’arrêter après une soirée majoritairement consacrée à jeter encore un peu plus d’huile sur le feu.

***

Note de Mivy : Je vous invite à lire ici les avis des lecteurs du Figaro... (les opinions sont les mêmes sur les autres journaux) la grande majorité des français approuve la remise du prix à Polanski et ne suit pas les militantes féministes, souvent comparer aux "tricoteuses" sous la révolution, aux femmes criant vengeance afin de conduire les suspects à la guillotine.

"Un agresseur a le droit de se réhabiliter" : violée par Roman Polanski, Samantha Geimer défend à nouveau le réalisateur

LCI La chaîne info  28 févr. 2020 12:12 - Rania Hoballah

Samantha Geimer durant une conférence de presse en juin 2017 à Los Angeles. − FREDERICK M. BROWN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

TÉMOIGNAGE – En 1977, alors qu'elle avait 13 ans, Samantha Geimer a été violée par Roman Polanski. Aujourd'hui, elle s'insurge contre tous ceux qui continuent, selon elle, à exploiter son histoire et la douleur des victimes "pour alimenter la colère et l'indignation en roue libre".

28 févr. 2020 12:12 - Rania Hoballah

Elle en a assez que son histoire serve d'alibi. Alors que Roman Polanski est au centre d'une nouvelle polémique après une nouvelle accusation de viol portée par Valentine Monnier et ses 12 nominations pour "J'accuse" aux César, Samantha Geimer a décidé de prendre la défense  du réalisateur franco-polonais. Après avoir défendu les nominations aux César du film “J'accuse”, elle s'insurge contre le procès médiatique fait à l'homme qui l'a violée en 1977. "Une victime a le droit de laisser le passé derrière elle, et un agresseur a aussi le droit de se réhabiliter et de se racheter, surtout quand il a admis ses torts et s'est excusé", explique Samantha Geimer aujourd'hui âgée de 56 ans, dans une interview accordée à Slate.

"Je ne sais pas pourquoi le grand public est si hostile à la vérité, mais je constate que cela n'a fait qu'empirer ces dernières années", explique Samantha Geimer qui en a assez que son histoire soit exploitée pour nuire à Polanski. "Les vrais militants ne font pas commerce de la douleur des victimes", estime-t-elle. "C'est tout le côté obscur du militantisme, qui ne se soucie guère d'aider les victimes à aller mieux (...) mais qui ne fait qu'exploiter la douleur et la peur des femmes pour alimenter la colère et l'indignation en roue libre".

LIRE AUSSI

Si nous voulons que la société et les hommes évoluent, je ne crois pas que les diaboliser et les stigmatiser jusqu'à la fin de leurs jours soit une bonne idée.- Samantha Geimer

Elle s'insurge non seulement contre le mouvement #MeToo - devenu "un phénomène négatif" selon elle - mais aussi contre tous ceux qui continuent de diaboliser le réalisateur. "Si nous voulons que la société et les hommes évoluent, je ne crois pas que les diaboliser et les stigmatiser jusqu'à la fin de leurs jours soit une bonne idée. Quel agresseur voudra admettre ses torts si son crime est une dette qu'il ne pourra jamais payer ? Et quelle victime voudra dénoncer son agression si elle lui colle pour toujours à la peau ?", se demande-t-elle. Celle qui se considère comme féministe estime qu'il faut éduquer les gens aujourd'hui pour espérer pouvoir combattre ce fléau. 

Samantha Geimer va même plus loin en expliquant que Roman Polanski est lui aussi une victime de cette affaire "parce que le juge n'a pas respecté son accord". En 1977, pour éviter le procès public, Polanski  avait passé un accord juridique avec la famille de la victime. Condamné à 3 mois de prison, il avait été libéré au bout de 43 jours. Mais estimant que la sentence était insuffisante, le juge Lawrence Rittenband était revenu sur sa décision en expliquant que Polanski risquait une peine de 50 ans de prison. Un coup de théâtre qui poussa Roman Polanski à prendre la fuite. "Je suis très contente que Roman ait pris cette décision. Voilà la vérité, pure et simple", clame Samantha Geimer qui explique que le juge envisageait un procès à grand spectacle. "Polanski, lui, reste toujours victime d'un système corrompu et d'un juge immorall".


 

EditRegion4