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07-Déc-2024
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par la rédacton de 7/7 Belgique Le 18/11/2020
Face au Covid-19, 48 candidats-vaccins sont actuellement en essais cliniques sur l'homme. Mais seuls onze sont entrés dans la phase 3, la dernière avant l'homologation des autorités, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le point sur ces candidats, susceptibles d'arriver sur le marché les premiers.
Ce sont à l'heure actuelle les vaccins potentiels qui semblent les plus avancés, utilisant une technologie ultra-innovante. Elle consiste à injecter dans nos cellules des brins d'instructions génétiques appelées ARN messager, pour leur faire fabriquer des protéines ou "antigènes" spécifiques du coronavirus. Ces protéines vont être livrées au système immunitaire, qui va alors produire des anticorps.
- Pfizer : le géant américain et son partenaire allemand BioNTech s'apprêtent à demander à l'Agence américaine du médicament une autorisation d'utilisation d'urgence, pour un vaccin qui pourrait être disponible avant la fin de l'année. Les sociétés ont présenté il y a quelques jours des résultats intermédiaires de la phase 3 montrant une efficacité à "plus de 90%" chez les participants.
- Moderna: la société de biotechnologie américaine a annoncé lundi que son vaccin était efficace à 94,5%, elle compte en fabriquer 20 millions de doses d'ici à la fin de l'année.
La technologie du virus inactivé, bien connue:
Plusieurs vaccins misent sur cette technologie: les agents infectieux du SARS-CoV-2 sont traités chimiquement ou par la chaleur pour perdre leur nocivité, tout en gardant leur capacité de provoquer une réponse immunitaire. C'est la forme la plus traditionnelle de vaccination.
- Sinovac: la biotech chinoise a démarré un essai de phase 3 pour le "CoronaVac" sur des milliers de volontaires, notamment au Brésil.
- Sinopharm, autre laboratoire chinois, a de son côté lancé deux projets de vaccins avec des instituts de recherche chinois. La Chine prévoit d'être en capacité d'ici à la fin de l'année de produire 610 millions de doses par an de plusieurs vaccins contre le Covid-19, et a déjà donné le feu vert à une utilisation d'urgence de certains d'entre eux.
- La société indienne Bharat biotech a pour sa part lancé en novembre le recrutement de près de 26.000 personnes pour son "COVAXIN" développé avec le soutien du gouvernement indien, et mise sur un vaccin disponible au premier semestre 2021.
Des vaccins à vecteurs viraux:
Les vaccins à "vecteur viral" utilisent comme support un autre virus peu virulent, transformé pour y ajouter une partie du virus responsable du Covid-19. Le virus modifié pénètre dans les cellules des personnes vaccinées, qui fabriquent alors une protéine typique du Sars-Cov-2, éduquant leur système immunitaire à le reconnaître.
- AstraZeneca, groupe anglo-suédois, et l'université d'Oxford: leur vaccin utilise comme vecteur viral un adénovirus. Les résultats de l'essai sont attendus pour cette année.
Johnson & Johnson: l'américain a lancé deux essais cliniques de son candidat composé d'un adénovirus modifié, l'un mono-dose, l'autre sur deux doses. À travers le monde, 90.000 participants vont y prendre part au total. Résultats attendus au premier trimestre 2021.
- CanSino Biological: la société chinoise a développé "Ad5-nCoV", conjointement avec l'armée, un vaccin à base d'adénovirus. Les essais de phase 3 sont lancés au Mexique, en Russie et au Pakistan.
- Spoutnik V: développé par le Centre de recherches en épidémiologie Gamaleïa, avec le ministère russe de la Défense, il repose sur l'utilisation de deux vecteurs viraux, deux adénovirus. Les Russes ont annoncé il y a quelques jours une efficacité à 92%. Toutefois, l'institut Gamaleïa est accusé de rompre avec les protocoles habituels pour accélérer le processus scientifique. Plusieurs hauts responsables russes ont annoncé avoir déjà été vaccinés au Spoutnik V.
Un vaccin à protéine recombinante:
- Novavax: la biotech américaine développe un vaccin dit "sous-unitaire" recombinant. Le coronavirus possède à sa surface des pointes (des protéines virales) pour entrer en contact avec les cellules à infecter. Ces protéines peuvent être reproduites et présentées ensuite au système immunitaire pour le faire réagir. Novavax a lancé en septembre son essai de phase 3 au Royaume-Uni, et doit démarrer fin novembre un essai aux Etats-Unis. Des données préliminaires sont attendues au premier trimestre 2021.
L'express 6/1/2021 Propos recueillis par Stéphanie Benz et Béatrice Mathieu
Le PDG de Moderna, Stéphane Bancel. (Photo AFP Photo/Moderna/Handout) AFP
Alors que l'Agence européenne des médicaments (AEM) vient de donner son feu vert à la commercialisation en Europe d'un deuxième vaccin contre le Covid-19, celui de la société américaine Moderna, Stéphane Bancel, son PDG, a accordé une longue interview en exclusivité à L'Express. Nous avons choisi de la publier en trois parties. Dans ce premier épisode, le Français, expatrié aujourd'hui à Boston, tire à boulets rouges sur Bruxelles, sa politique d'achat, sa préférence européenne, ses lenteurs administratives et détaille les défis auxquels il est confronté. Entretien très cash.
L'Express : Première question, plus personnelle : vous êtes-vous fait vacciner ?
Stéphane Bancel : Oui, dimanche 3 janvier.
Et comment vous sentez-vous, un peu plus de vingt-quatre heures après ?
En pleine forme. La seule chose que je ressens, c'est une légère douleur dans le bras, là où je me suis fait piquer. Mais je n'ai ni fièvre ni frissons. Je sais que le moment où on fabrique le plus de protéines, c'est environ six heures après l'injection. Mon système immunitaire est donc toujours en train de produire des anticorps. Et au bout de quarante-huit heures, je n'aurai plus d'ARN messager dans le corps.
L'Agence européenne des médicaments vient de donner son autorisation à la vente du vaccin Moderna en Europe, après celui de Pfizer. Quand comptez-vous commencer les livraisons ?
Durant le premier trimestre 2021, entre 15 et 20 millions de doses sortiront de l'usine suisse pour approvisionner l'Europe, mais aussi le Canada, Israël, la Suisse et le Royaume-Uni. Puis nos capacités de production vont progressivement augmenter au fil de l'année. L'Europe nous avait commandé initialement fin novembre 80 millions de vaccins, avec une option pour 80 millions supplémentaires, qui a été levée fin décembre. Mais nous ne pourrons livrer ces doses additionnelles qu'au cours des deuxième et troisième trimestres de l'année.
160 millions de doses au total pour l'ensemble des 27 Etats membres de l'UE, cela semble peu (c'est le plus petit volume de commandes passé par Bruxelles). Pourquoi l'Europe vous a-t-elle commandé si peu de vaccins ?
L'Europe a trop misé sur le succès des laboratoires européens. L'approche américaine a été bien plus pragmatique. Dès la fin du printemps, les Etats-Unis ont parié sur trois technologies et, pour chacune d'entre elles, deux sociétés ont été sélectionnées, auprès desquelles ils ont commandé chaque fois 100 millions de doses.
Ils se sont créé un portefeuille de vaccins en se laissant la possibilité d'en commander davantage en fonction de l'évolution des résultats cliniques et des dates de lancement possibles. Ainsi, quand les résultats cliniques de Moderna ont été publiés, les pouvoirs publics américains ont pris immédiatement une autre option de 100 millions de doses. A l'inverse, l'Europe a commencé à signer un accord avec AstraZeneca en août, puis avec Sanofi en septembre. Le contrat avec Moderna, le dernier des six contrats, n'a été bouclé que fin novembre !
Qu'est-ce qui a péché ? Pourquoi une telle lenteur ?
Encore une fois : un tropisme européen dans le but de favoriser les sociétés du continent. Sanofi est français, Pfizer est associé à BioNTech, une start-up allemande, Curevac est aussi un laboratoire allemand et AstraZeneca est anglo-suédois. Lors de la signature du contrat avec Moderna fin novembre, l'UE connaissait les données cliniques de Sanofi et les problèmes rencontrés lors des essais de phase 2. Ne pas avoir commandé plus de doses à Moderna sachant les retards de Sanofi ou de Curevac n'avait pas beaucoup de sens !
Quelle a été la position du gouvernement français ?
Nous avons commencé à échanger de façon très active avec la France dès le printemps. Les discussions scientifiques, techniques, commerciales étaient avancées. Puis l'Europe a demandé aux Etats membres de jouer collectif pour ne pas revivre le fiasco des masques, et la France a transmis le dossier à la Commission européenne. Entre juin et août, il ne s'est rien passé. Les discussions ont repris à la fin de l'été et le contrat a été signé fin novembre. Pour vous donner une idée, au Canada, entre les premières réunions scientifiques et médicales et la signature du contrat cet été, il s'est écoulé deux semaines. Et pour être certain de réserver les doses, le gouvernement canadien a payé 100 % de sa commande à la signature. Or nous ne connaissions pas à l'époque les résultats de phase 3 !
Une fuite sur les réseaux sociaux a révélé des différences de prix notables entre les vaccins : 18 euros la dose pour celui de Moderna contre 12 euros pour celui de Pfizer, 7,50 euros pour celui de Sanofi ou moins de 2 euros pour le vaccin d'AstraZeneca. Cela a-t-il joué dans la prudence européenne ?
Je ne confirme pas ce prix, car les contrats sont confidentiels. Mais vous êtes dans l'ordre de grandeur. Nous sommes plus chers que Pfizer. Depuis la création de l'entreprise il y a dix ans, nous avons investi près de 3 milliards de dollars et nous n'avons jamais vendu un seul produit ni obtenu le moindre centime de résultat. Il était important de générer du cash pour continuer à investir et à développer d'autres vaccins, d'autres traitements. Nous avons voulu être responsables dans notre politique de prix. Nous ne voulons pas maximiser le profit ni le prix de vente, mais je veux rendre l'entreprise Moderna pérenne. C'est vrai que le facteur prix a peut-être joué dans la prudence européenne.
Concrètement, quand allez-vous commencer à produire les vaccins en Europe ?
Nous avons commencé dès cet été quand nous avons eu les premières commandes de la Suisse et du Canada. Mais, je le reconnais, nous n'avons pas créé en Europe des capacités de production aussi "intensives" qu'aux Etats-Unis, car c'est un risque que Moderna prenait tout seul. Mon équation a été la suivante : faire le plus possible sans mettre l'entreprise en danger si le vaccin échouait.
Les Etats-Unis nous ont aidés très tôt et j'aurais souhaité que l'Europe en fasse autant. Washington a versé 1 milliard de dollars sous forme de dons pour financer les études cliniques dont la planète entière va d'ailleurs bénéficier. Par ailleurs, l'administration américaine a commandé très tôt - avant même les résultats de phase 3 - 100 millions de doses pour un montant total de 1,6 milliard de dollars. Surtout, elle a réglé dès la commande 600 millions de dollars pour nous aider à financer les achats de machines et de matières premières. C'est très important, car nous n'avons pas la solidité et la surface financière de Sanofi ou de Pfizer. Nous avons eu le même type de discussions avec la Suisse et le Canada.
L'Europe, à l'inverse, a passé commande très tard, les discussions ont traîné en longueur et les prépaiements ont été faibles et tardifs, en décembre seulement ! Or il faut entre trois et six mois minimum pour sécuriser les matières premières, payer les fournisseurs, embaucher du personnel, le former. L'équation industrielle ne colle pas avec la lenteur de l'administration européenne. J'ai pourtant averti : chaque semaine perdue en amont sera une semaine qui manquera dans notre capacité à livrer davantage de vaccins. C'est le cas aujourd'hui.
Auriez-vous pu fournir davantage de vaccins ?
Bien sûr ! Si nous avions eu une commande de 300 millions de l'Europe bien plus tôt, nous nous serions organisés pour cela.
Pensez-vous alors construire une nouvelle usine en Europe ?
Le temps de construction d'une nouvelle usine dans nos métiers est très long, deux, voire trois ans. Car c'est un secteur où les contraintes réglementaires sont énormes. Même si l'Europe se disait prête à la financer en partie, ça n'aurait pas d'impact avant fin 2022-début 2023.
Quelles sont finalement aujourd'hui vos capacités de production mondiales ?
Pour l'année 2021, nous tablons sur 600 millions de doses. Jusqu'au début de la semaine, nous pensions que ce serait 500 millions et, finalement, nous allons pouvoir aller au-delà avec un objectif à terme de 1 milliard de doses. Nous construisons des lignes de production complémentaires dans notre usine aux Etats-Unis. Mais, comme le processus de production est nouveau, les rendements ne sont pas encore bien calés. L'autre problème est celui des approvisionnements en matières premières. Est-ce que mes fournisseurs vont me livrer chaque jour tout ce dont j'ai besoin ? Comme notre usine américaine tourne vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, si un composant est en retard, je ne peux pas fabriquer le produit. Ce vaccin made in USA sera disponible pour la planète entière, car les Etats-Unis n'auront pas besoin d'autant de doses. Notre but à terme, c'est d'exporter à partir des Etats-Unis.
Si l'Europe décidait aujourd'hui de vous commander plus de doses pour accélérer la campagne et vacciner davantage de personnes d'ici à la fin de l'année, seriez-vous en capacité de les livrer ?
Sur le premier et le deuxième trimestre 2021, nous tournons déjà à pleine capacité et il ne reste plus rien. Pour des livraisons à l'automne prochain, les marges sont très faibles. Si l'Europe voulait davantage de vaccins pour la fin de 2021, il faudrait les commander dès maintenant. L'anticipation est cruciale. L'Europe en manque actuellement.
Sanofi a annoncé, vendredi, un retard dans le programme de développement de son vaccin contre le Covid-19 développé avec GSK. Le laboratoire espère désormais une mise à disposition de son produit au quatrième trimestre 2021, le temps d'optimiser la réponse immunitaire chez les plus âgés, "insuffisante" pour l'instant.
C'est un revers au moment où d'autres démarrent les campagnes de vaccination : les laboratoires français Sanofi et britannique GSK ont annoncé, vendredi 11 décembre, que leur vaccin anti-Covid ne serait prêt que fin 2021, après des résultats moins bons qu'attendu dans les premiers essais cliniques.
La conduite du programme "est retardée afin d'améliorer la réponse immunitaire chez les personnes âgées", indiquent les groupes dans un communiqué. Ils tablent désormais sur une mise à disposition du vaccin au quatrième trimestre l'an prochain, alors qu'ils visaient initialement une demande d'homologation au premier semestre de 2021.
Sanofi, qui développe ce vaccin conjointement avec GSK — fournisseur de l'adjuvant —, comptait démarrer fin décembre la toute dernière phase d'essais sur l'homme avant l'homologation des autorités.
Avec ce calendrier, le géant pharmaceutique français, l'un des principaux producteurs de vaccins au monde, espérait pouvoir produire un milliard de doses en 2021. Un objectif qui ne pourra plus être atteint.
Les résultats intermédiaires des premiers essais sur l'homme lancés en septembre ont montré une réponse inférieure aux attentes : si la réponse immunitaire des adultes de 18 à 49 ans est "comparable à celle des patients qui se sont rétablis d'une infection Covid-19", cette réponse est à l'inverse "insuffisante" chez les adultes plus âgés, précise le communiqué.
Une efficacité moindre sur les plus âgés
Les laboratoires veulent donc "affiner la concentration d'antigènes de manière à obtenir une réponse immunitaire élevée dans toutes les tranches d'âge", détaillent-ils.
"La formulation du produit n'est pas satisfaisante. Il est important de l'optimiser, cela peut prendre un peu plus de temps", a expliqué à l'AFP Thomas Triomphe, le vice-président de la branche vaccins de Sanofi, reconnaissant une "déception".
Pour cela, les laboratoires conduiront une phase d'essai complémentaire à partir de février en s'appuyant sur un test récemment mené sur des primates non humains avec une formulation d'antigènes améliorée.
Celui-ci a montré que "le candidat-vaccin pourrait conférer une protection contre les pathologies pulmonaires et entraîner l'élimination rapide du virus dans les voies nasales et les poumons en l'espace de deux à quatre jours", souligne le communiqué.
"Lorsqu'on injecte une forte quantité de virus à des animaux qui ont reçu le vaccin, on a d'excellents résultats, c'est ce qui nous donne confiance", relève Thomas Triomphe.
Onze vaccins en bonne voie
Traditionnellement, développer un nouveau vaccin prend du temps et de l'argent : selon les spécialistes du secteur, il faut en effet compter environ un milliard d'euros et dix ans en moyenne.
Pour le Covid-19, la recherche, dopée par des financements exceptionnels et des partenariats public-privé, a toutefois pulvérisé les échéances habituelles.
Ainsi, onze vaccins à travers le monde sont déjà passés en dernière phase d'essais cliniques.
Parmi eux, plusieurs ont déjà publié des résultats d'efficacité, dont l'américain Pfizer, qui travaille en collaboration avec la biotech allemande BioNtech. Le Royaume-Uni a déjà donné son feu vert à leur vaccin et débuté une campagne de vaccination mardi.
Celui de la biotech américaine Moderna pourrait, de son côté, être autorisé dès la semaine prochaine aux États-Unis.
Dans cette course aux vaccins, Sanofi et GSK arriveront-ils donc trop tard ? Ce sont "trois à quatre mois de retard, mais avec au bout du compte plus d'informations sur une meilleure formulation", assure Thomas Triomphe. "Il reviendra à nos partenaires de décider s'ils veulent commander des doses."
Sanofi et GSK avaient, en effet, passé plusieurs contrats de livraison, dont l'un avec l'Union européenne qui lui a réservé 300 millions de doses de vaccins pour 2021.
Avec AFP et Reuters
https://www.capital.fr/economie-politique/vaccination-pourquoi-la-france-est-en-retard-sur-les-autres-pays-1389664
La course au vaccin, mais pas à la vaccination. Dimanche 27 décembre, Mauricette M., une septuagénaire, a été la première française à recevoir une injection de la préparation développée par Pfizer-BioNTech. Depuis, seules 70 personnes supplémentaires ont reçu le vaccin en France, selon Covid Tracker, un outil permettant de suivre l’évolution de l’épidémie. A titre de comparaison, l’Allemagne avait déjà vacciné 41.962 personnes dès le 28 décembre, selon l’Institut Robert-Koch, un établissement de santé publique.
Pour justifier un tel écart, il sera difficile d’évoquer la légère avance prise par les Allemands, qui ont débuté leur campagne de vaccination samedi, soit un jour plus tôt que les autres pays de l’Union européenne. Les questions logistiques seront également écartées, puisque la France n’est pas moins bien équipée que ses voisins pour le transport et le stockage des vaccins à -80°C. L’explication réside donc ailleurs.
“C’est bien que l’on n’aille pas plus vite”, a expliqué Alain Fischer, le coordinateur de la stratégie vaccinale de l'État, sur Europe 1. En d’autres termes, le gouvernement refuse de se précipiter et souhaite temporiser. Cette approche peut surprendre devant l’urgence sanitaire, mais se justifie également par la demande de consentement réalisée auprès des patients des Ehpad. Dans ces établissements pour personnes âgées, les candidats au vaccin réalisent tous une consultation préalable à l’injection, entraînant ainsi des délais supplémentaires. Le consentement peut prendre du temps : si la personne n’est pas en pleine possession de ses moyens, il est obligatoire de contacter une personne de confiance ou de sa famille. Autant d’étapes qui ralentissent mécaniquement la cadence de vaccination.
Le gouvernement table ensuite sur une montée en puissance progressive des vaccinations à partir de mi-janvier. Le vaccin est actuellement administré dans 23 établissements, mais sera disponible dans plus d’une centaine la semaine prochaine. Cette prudence - assumée par l’exécutif - puise en partie par sa source dans le scepticisme des Français envers le nouveau vaccin. Près d’un sondé sur deux serait réticent à se faire vacciner, selon un sondage Elabe publié jeudi 17 décembre par BFMTV. La France fait d’ailleurs partie des pays les plus méfiants envers le produit commercialisé par Pfizer-BioNTech, à l’inverse de l’Allemagne, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, souligne un sondage BVA publié par le JDD le 26 décembre. En prenant leur temps, les autorités cherchent à rassurer. “Il ne s'agit pas de braquer la population contre un vaccin que l'on estime essentiel”, détaille Alain Fischer à Europe 1.
"Je ne confonds pas vitesse et précipitation, nous prenons le temps de la pédagogie et de l'explication", a précisé Olivier Véran, le ministre de la Santé, sur le plateau de France 2, mardi 29 décembre.
Avec un objectif de 15 millions de personnes vaccinées d’ici l’été, le gouvernement a-t-il mis la barre trop haute ? Des professionnels de santé ont fait part de leur doute quant à la réalisation d’un tel objectif, notamment dans les Ehpad. “J’ai de vraies interrogations sur la capacité de tous ces établissements à le mettre en place correctement”, s’inquiète Jérôme Marty, médecin généraliste, dans LeFigaro. Le professionnel de santé a toutefois tempéré son propos, indiquant qu’il faudra attendre les premières semaines de janvier pour juger de l’efficacité du dispositif.
A l’inverse de la France, d’autres pays ne s'embarrassent pas des mêmes précautions. C’est notamment le cas d'Israël, qui rapporté à sa population, est le pays ayant réalisé le plus d’injections de doses de vaccin contre la Covid-19, d’après les relevés du site OurWorldInData. Le gouvernement israélien a fixé un objectif de 150.000 vaccinations par jour afin qu’un quart de la population puisse recevoir le vaccin d’ici fin janvier. Au Royaume-Uni, où la vaccination a débuté le 8 décembre, le Premier ministre Boris Johnson a annoncé que plus de 800.000 doses ont déjà été administrées. Enfin, aux Etats-Unis, plus de 2,1 millions de personnes ont été vaccinées, ce qui en fait le quatrième pays le plus en avance, si l'on rapporte ce chiffre à la population.
L’Institut israélien de recherche biologique a terminé avec succès la Phase I des essais de son vaccin contre le coronavirus dans la journée de lundi. Il prévoit maintenant d’élargir ses essais sur environ 1 000 volontaires au cours de la Phase II, a indiqué le ministère de la Défense.
« Durant cette première phase, aucun effet secondaire significatif n’a été identifié et deux commissions d’experts, une intérieure et une extérieure, ont recommandé d’approuver le lancement de la deuxième phase. L’institut a donc terminé toutes les préparations nécessaires et il est dorénavant prêt à lancer immédiatement la deuxième phase », a expliqué le ministère dans un communiqué.
Pendant ces premiers essais, le vaccin du laboratoire d’Etat a été administré à 80 personnes dans les hôpitaux Hadassah de Jérusalem et au centre médical Sheba de Ramat Gan.
La deuxième phase des essais cliniques devrait commencer dans les prochains jours et s’étendre sur plusieurs mois, en s’appuyant sur la participation d’environ 1 000 volontaires. Elle commencera, elle aussi, dans les hôpitaux Sheba et Hadassah mais elle devrait intégrer graduellement d’autres centres médicaux de tout le pays, a noté le ministère de la Défense.
« Les scientifiques de l’Institut de recherche biologique sont ‘l’unité d’élite’ d’Israël et ils se sont attelés à une tâche excessivement importante – celle de sauver des vies humaines. J’accorde une importance immense au développement d’un vaccin israélien qui continuera à servir la société israélienne pour les années à venir », a commenté Benny Gantz, le ministre de la Défense.
Le dirigeant de ce laboratoire secret qui se trouve à Ness Ziona, Shmuel Shapira, avait déclaré à la Knesset, le mois dernier, que ce vaccin (nommé Brilife, un mot formé du mot qui veut dire « santé » en hébreu — briout — et « vie ») serait probablement prêt à être distribué au public pendant l’été 2021. Il avait attribué à une régulation excessive et au manque de soutien gouvernemental les retards significatifs accumulés dans le processus des essais.
Environ 15 millions de doses de ce vaccin seront produites. Contrairement à ceux qui ont été fabriqués par Pfizer, Moderna et AstraZeneca, ses concurrents à l’échelle internationale, ce vaccin s’administre en une seule dose, avait dit Shapira devant la commission des Sciences et des technologies de la Knesset.
Israël a d’ores et déjà commencé à importer le vaccin Pfizer et prévoit de le distribuer aux personnes les plus vulnérables face au coronavirus dans la population avant la fin de l’année.
Il faudra encore deux phases d’essai avant que l’Institut de recherche biologique puisse proposer son vaccin à la distribution à grande-échelle.
Dans la deuxième phase des essais cliniques, les chercheurs œuvreront à « finir de déterminer les précautions à prendre pour le vaccin en termes de sûreté, à définir le dosage le plus efficace et à déterminer son efficacité de manière plus précise », a dit le ministère de la Défense.
Cette partie des essais sera ouverte à toute personne âgée de 18 à 85 ans, y compris à des personnes avec comorbidité.
Si ce groupe – plus large – répond bien au vaccin, des injections seront alors administrées à environ 30 000 personnes au mois d’avril et au mois de mai 2021 – probablement hors des frontières d’Israël. S’il est efficace et s’il s’avère être dépourvu d’effets secondaires majeurs, alors il sera approuvé pour être pleinement utilisé dans la population.
L’approbation donnée par la FDA (Food and Drug Administration) américaine au vaccin Pfizer et l’approbation imminente d’autres vaccins ont soulevé la question de la nécessité d’en produire un en Israël – qui ne sera prêt à être distribué que longtemps après ses concurrents internationaux.
Le ministère de la Défense a refusé de répondre à une demande de réaction du Times of Israel sur ces critiques. Il a toutefois indiqué à la Treizième chaîne que le vaccin de l’Institut de recherche biologique était nécessaire pour garantir que l’Etat juif aurait un accès indépendant à un vaccin.
Il a été décrit par d’autres responsables comme un « plan de soutien » qui permettra de compléter le nombre de vaccins achetés auprès des firmes pharmaceutiques situées à l’étranger.
Lors de son intervention à la Knesset, Shapira avait exprimé des critiques rares du gouvernement, déplorant que ce dernier ait acheté des millions de vaccins auprès d’entreprises non-israéliennes.
« Il y a une tendance à respecter ces compagnies dont la langue natale est l’anglais ou parfois le russe », avait-il dit, faisant allusion à un vaccin russe qu’Israël a acheté, mais qui a suscité des inquiétudes suite à des essais et à un processus d’approbation opaques.
« Je pense qu’il y a un travail très bon, fait avec beaucoup de responsabilité, qui est en train d’être abattu, sans considérations financières – et ce même si nous sommes hébréophones », avait déclaré Shapira avec ironie devant la commission. « Nous serions heureux de bénéficier du même soutien que ces firmes géantes qui en font 30 fois plus que nous ».
« Si nous ne nous étions pas heurtés à une régulation outrageusement élevée, nous aurions progressé plus vite », avait-il regretté. « Nous devrions déjà être en Phase III de nos essais cliniques, cette même Phase III que nous ne pourrons éventuellement commencer qu’au mois d’avril ».
Il a ajouté que ces essais de Phase III se feraient hors d’Israël en raison de contraintes régulatoires.
« Nous avons un vaccin efficace et sûr et notre intention est de fabriquer 15 millions de vaccins », a-t-il précisé, ajoutant que les essais sur 80 personnes n’avaient donné lieu qu’à des effets secondaires « très mineurs ». Il n’en a pas précisé la nature.
Israël a alloué ou dépensé environ un milliard de shekels concernant l’acquisition de vaccins à l’étranger, selon certaines informations.
Dans le cadre de l’accord conclu par le pays avec Pfizer, Israël devrait recevoir huit millions de doses de vaccin, une quantité suffisante pour immuniser quatre millions d’Israéliens. Moderna devrait, pour sa part, fournir deux millions de doses – ce qui permettra de protéger un million de personnes. La population du pays dépasse les neuf millions de personnes sans même inclure les trois millions de Palestiniens et plus qui vivent en Cisjordanie et les deux millions de Palestiniens qui vivent dans la bande de Gaza.
Lundi, Moderna a fait savoir que la firme demandera aux régulateurs européens et américains d’autoriser en urgence l’utilisation de son vaccin anti-COVID-19, les résultats d’une nouvelle étude ayant confirmé qu’il offrait une protection forte contre la maladie.
L’Etat juif est également dans les dernières phases de pourparlers avec le géant pharmaceutique AstraZeneca pour acheter des « millions » de doses du vaccin qui est actuellement en cours d’essais cliniques, a annoncé vendredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Toutefois, ce vaccin connaît des retards, des recherches supplémentaires étant nécessaires après des erreurs commises lors des essais.
Un vaccin est considéré comme le meilleur espoir de briser le cycle meurtrier de la recrudescence du virus et de lever les restrictions sévères imposées dans une grande partie du monde depuis que la COVID-19 a fait son apparition pour la première fois l’année dernière, en Chine, dévastant l’économie mondiale dans son sillage.
Les niveaux d’infection augmentent en Israël alors que le pays sort, petit à petit, de son deuxième confinement national.
L’équipe du Times of Israel et l’AFP ont contribué à cet article.
Voir aussi : https://fr.timesofisrael.com/face-a-la-vaccination-actuelle-quel-interet-aura-la-version-locale-du-vaccin/
Par AFP le 05.01.2021 à 04h00
L'Angleterre et l'Ecosse ont réinstauré le confinement mardi pour lutter contre l'accélération de la pandémie de Covid-19, et l'Allemagne s'apprête à prolonger ses restrictions, alors que les mesures se succèdent en Europe pour tenter de contenir le virus.
Le Premier ministre Boris Johnson a décidé lundi soir le reconfinement total de l'Angleterre, face à une progression alarmante du nouveau variant du coronavirus.
Déjà appliqué aux trois quarts de la population anglaise, le confinement a été étendu à l'ensemble de la province et durci. Les écoles, laissées jusqu'à présent ouvertes, ont fermé. Si, légalement, le confinement doit entrer en vigueur mercredi à 00H01 GMT, Boris Johnson a appelé la population à suivre les règles immédiatement.
Les rues de Londres étaient quasi désertées mardi. "Il n'y a pas d'autre solution", estime, résignée, Jenny Heath, 42 ans, qui travaille dans le marketing, interrogée par l'AFP dans la City.
L'Ecosse est également entrée dans un confinement du même type pour au moins tout janvier. Les deux autres provinces du Royaume-Uni, l'Irlande du Nord et le Pays de Galles, déjà confinées après Noël, ont décidé de laisser les enfants à la maison.
En Angleterre, "début mars, nous devrions pouvoir lever certaines de ces restrictions mais pas nécessairement toutes", a prévenu Michael Gove, chargé de la coordination de l'action du gouvernement britannique.
Le Royaume-Uni, qui déplore plus de 75.000 morts, est l'un des pays d'Europe les plus endeuillés par la pandémie. Le variant qui sévit sur son sol a aggravé la tendance, avec plus de 50.000 nouvelles contaminations par jour, et même près de 59.000 lundi.
Pour alléger la pression sur les hôpitaux anglais, les autorités espèrent vacciner d'ici mi-février toutes les personnes de plus de 70 ans ainsi que les soignants, soit près de 14 millions de personnes parmi les plus à risque.
L'Allemagne, elle, devrait prolonger au-delà du 10 janvier ses restrictions contre la pandémie, probablement jusqu'au 31.
La chancelière Angela Merkel et les 16 Etats-régions devraient le décider mardi en visio-conférence.
Les commerces --à l'exception des magasins d'alimentation-- les écoles, lieux culturels et restaurants devraient ainsi garder portes closes.
Dans ce pays, le seuil des 1.000 décès quotidiens a été franchi pour la première fois le 30 décembre, et quelque 1,775 million de cas ont été recensés depuis le début de la pandémie.
Alors que Mme Merkel n'a pas été en mesure au début de l'automne d'imposer des mesures plus strictes, la gestion de la deuxième vague suscite désormais des critiques.
Le quotidien Die Welt parle d'un "grand échec", et des voix s'élèvent pour critiquer une lenteur des vaccinations, alors que plus de 264.000 personnes âgées et personnels soignants avaient reçu lundi une première dose du vaccin Pfizer-BioNTech.
e quotidien Bild, le plus lu d'Allemagne, accuse le gouvernement d'avoir "trop compté sur l'Union européenne" pour s'approvisionner en vaccins, et de privilégier le seul produit Pfizer-BioNTech.
Le Kremlin a annoncé de son côté mardi que le président russe Vladimir Poutine avait évoqué avec Mme Merkel l'éventualité d'une "production conjointe de vaccins", alors que Moscou cherche à accroître ses capacités dans ce domaine.
En France, où le gouvernement est accablé de critiques sur la lenteur de sa campagne de vaccination, le ministre de la Santé Olivier Véran a assuré mardi que "le rythme de croisière de la vaccination en France" allait "rejoindre celui de nos voisins dans les prochains jours".
"On a dépassé les 2.000 vaccinations hier, d'ici jeudi on va augmenter encore de façon très importante, on va être sur une courbe exponentielle", a-t-il ajouté.
Il a précisé que "la vaccination des personnes âgées de 75 ans et plus qui ne sont pas en établissement" serait autorisée "avant la fin du mois de janvier". La campagne concerne pour l'instant uniquement les résidences pour personnes âgées et les soignants d'au moins 50 ans.
Il a indiqué par ailleurs qu'"une dizaine de cas suspectés ou avérés" du variant britannique, qui "inquiète" les autorités, avaient été repérés en France.
Ailleurs en Europe, l'Italie a décidé mardi de retarder la réouverture des lycées, dans lesquels le retour en présentiel n'aura lieu que le 11 janvier au lieu du 7.
Les élèves plus jeunes feront, eux, leur rentrée le 7, mais seulement pour 50% de leurs cours.
Les Pays-Bas, eux, ont avancé de deux jours, à mercredi, le début de leur campagne de vaccination, devenant le dernier de l'UE à se lancer.
La Belgique a pour sa part entamé officiellement mardi sa campagne de vaccination dans les maisons de retraite, après une phase test qui a concerné 700 personnes la semaine dernière.
Cette première étape doit concerner 150.000 à 200.000 personnes d'ici fin janvier ou début février, selon le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke.
En Grèce, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a appelé mardi l'Eglise orthodoxe, qui souhaite célébrer l'Epiphanie en plein confinement, à "prendre ses responsabilités".
La pandémie a fait au moins 1,854 million de morts dans le monde depuis son apparition, selon un bilan établi par l'AFP mardi.
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